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WTA : 2019 en 4 questions

Une nouvelle fois, la saison de tennis féminin a vu quatre joueuses différentes remporter les quatre levées du Grand Chelem. Simona Halep, numéro un incontestable depuis quelques mois, peine à s'imposer comme une leader du tennis mondial. Naomi Osaka, vainqueure de l'Us Open 2018 puis plutôt dominatrice sur la tournée asiatique, a probablement franchi un cap qui lui permettra d'aller conquérir, tôt ou tard, la couronne. Serena Williams, elle, ronge son frein en attendant son énième retour à la compétition. Quant aux Françaises, si elles ne se reprennent pas très vite, 2019 risque d'être une année désastreuse.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
  (SAEED KHAN / AFP )

• Naomi Osaka va-t-elle prendre le pouvoir ? 

Simona Halep est une numéro un mondiale solidement installée. Contrairement à Victoria Azarenka, Caroline Wozniacki ou encore Angélique Kerber, la Roumaine accumule les semaines à la tête du classement mondial sans que sa régularité ne s’en trouve affectée. Si personne ne vient la chercher, elle pourrait y rester longtemps. Mais voilà, il y a une meute de jeune louves prêtes à bondir sur sa couronne. La première d’entre elles, Naomi Osaka, rôde déjà. Vainqueure de son premier Grand Chelem à l’Us Open dernier alors qu’elle n’était « que » 68e en début d’année 2018, Osaka ne s’en est pas contentée. Elle a remporté Indian Wells en surclassant la numéro 1 mondiale Simona Halep (6-3 6-0), été en finale à Tokyo puis à Beijing. A 21 ans, elle donne l’impression de maîtriser la pression jusqu’à pouvoir s’en servir comme d’une arme. Comme une championne. Ces dernières années, d’autres jeunes se sont pressées à la porte, comme Garbine Muguruza ou Sloane Stephens, sans que cela ne soit suivi d’une consécration. Peut-être s’enflamme trop, une nouvelle fois, trop vite pour la Japonaise. Aucune cependant n’avait laissé une telle impression de facilité lors de leurs victoires sur les meilleures.  Nous saurons bien assez tôt si 2018 fut un feu de paille ou une rampe de lancement.
 

Une autre jeune joueuse est en train de creuser son sillon sans trop faire de bruit : c’est Elena Svitolina. Celle qui a remporté le Masters féminin voudra capitaliser sur sa confiance dès l’Australie et, pourquoi pas, glaner son premier gros résultat en Grand Chelem. L’Ukrainienne possède un jeu ultra-complet et, sans faire d’immense coup d’éclat comme sa consoeur Osaka, gravit très vite les échelons. Simona Halep, mais aussi Kerber, Wozniacki, Kvitova, ou encore Pliskova seront bien sûr les premières à se mettre en travers de l’ascension des deux premières citées. Mais le principal obstacle pour Osaka risque de venir d’ailleurs.

• Serena Williams va-t-elle (encore) tout écraser ? 

« Je suis déjà à fond dans la saison à venir et j'ai des objectifs de dingue pour 2019, a confié Serena Williams à The National. Mais je préfère les garder pour moi. J'ai l'impression que conserver le secret m'aide à donner le meilleur de moi-même. » Serena à fond. On se doute que la sortie n’a laissé personne à indifférent. Surtout pas les prétendantes en Grand Chelem, qui savent que l’Américaine est injouable à 100%. Elle l’a maintes fois répété, elle ne se contentera pas de ses 23 Grands Chelems et, plus encore peut-être que pour Roger Federer, le temps n’a pas de prise sur Serena Williams. Sa maternité l’a peut-être beaucoup affaiblie pendant un temps, mais elle l’affirme, elle s’en est remise. Pire, l’épreuve lui a fait passer un nouveau pallier, et elle revient plus affamée que jamais. Déjà, son premier retour en 2018 a été fantastique. En deux tournois du Grand Chelem, elle a atteint deux finales – à Wimbledon et à l’US Open. Certes, aucun nouveau titre n’est venu garnir sa collection, mais l’histoire récente indique que ce n’est qu’une question de temps. La génération Halep-Kerber n’a jamais vraiment semblé en mesure de lui contester sa supériorité. La suivante, dont la tête de proue est Naomi Osaka, pourrait peut-être lui donner plus de fil à retordre. 

• Après Osaka en 2018, quelle joueuse va exploser en 2019 ? 

La génération Osaka ne se résume pas à la Japonaise, bien évidemment. Il n’y a qu’à voir Daria Kasatkina, née en 1997 aussi, qui a fait son entrée dans le Top 10 en fin d’année dernière en remportant le tournoi de Moscou. Plus loin, Ashleigh Barty (22 ans, 15e mondiale) et Aryna Sabalenka (20 ans, 13e et révélation WTA de l’année 2018) semblent déjà capables de battre n’importe qui dans un bon jour. Encore faut-il tenir la distance d’un Grand Chelem, voire d’une saison entière. Mais s’il fallait mettre une pièce sur une surprise en Grand Chelem cette année, nous choisirions sans doute l’une de ces deux joueuses. Depuis sa victoire surprise à Roland Garros, Jelena Ostapenko s’est calmée mais n’est pas non plus sortie du Top 25. Elle pourrait connaître une progression rapide et, sait-on jamais, réitérer sa performance de 2017. Katerina Siniakova (22 ans et 31e ) montre aussi des signes de Dans la catégorie des très jeunes espoirs dont les coups droits envoient déjà au tapis quelques Tops 40, on trouve Anasasia Potapova et surtout Amanda Anisimova, 17 ans toutes les deux, qui ont fait leur entrée dans le Top 100 l’année dernière et qui pourraient, à n’importe quel moment, créer la surprise. 

• Reverra-t-on une Française briller en Grand Chelem ? 

Du côté des Françaises, l’état des lieux est mitigé. La numéro un française, Caroline Garcia, est loin d'avoir rempli ses objectifs en 2018 puisqu'elle est passée, en une saison, de la 8e à la 19e place. Elle n'a pu faire mieux qu'un 4e tour en Grand Chelem; soit une régression puisqu'en 2017 elle atteignait les quarts à Roland-Garros. Que lui arrive-t-il? Il faut noter que si elle n'a plus de fulgurances dans ses résultats et dans son jeu comme par le passé, elle a au moins trouvé une sorte de niveau moyen qui, même dans les mauvais jours, lui permet de passer quelques tours dans chaque tournoi et de terminer l'année dans les vingt premières du classement. Il faudra simplement retrouver un brin d'insouciance pour passer le palier de la simple bonne joueuse du Top 20, bien placée mais jamais gagnante. Elle l'a dans sa raquette, moins dans sa tête. 

En revanche, Kristina Mladenovic peine à le trouver, son rythme de croisière. Au contraire, elle a passé une bonne partie de l'année 2018 à courir après une victoire (15 défaites consécutives au premier tour). La Française manque cruellement de références en Grand Chelem. Avant de penser à jouer les premiers rôles en majeur, il lui faudra d'abord retrouver son niveau de jeu moyen. Son classement s'en ressentira et, en Grand Chelem, elle avancera plus sereinement. 

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