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Tennis : quatre choses à retenir de la carrière d'Ashleigh Barty, n°1 mondiale et retraitée à seulement 25 ans

L'Australienne a dit stop à seulement 25 ans, après avoir quasiment tout raflé sur le circuit WTA.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louis Delvinquière
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Ashleigh Barty lors de la cérémonie des récompenses de son Open d'Australie victorieux, le 29 janvier 2022. (MARTIN KEEP / AFP)

Voilà l'univers du tennis dépourvu de sa numéro un mondiale. Ashleigh Barty a décidé de mettre un terme à sa carrière à seulement 25 ans mercredi 23 mars. "Comblée", mais "épuisée", l'Australienne a finalement coché toutes les cases de sa liste d'objectifs. Elle ne restera peut-être pas dans les mémoires pour la longueur de sa domination, mais elle aura été d'une régularité rare sur le circuit. Retour sur une carrière brève mais couronnée de succès.

Une figure de stabilité rare

S'il est un aspect qui restera de la carrière d'Ashleigh Barty, c'est bien la régularité. Sur un circuit WTA où les coups d'éclats sont de mise, l'Australienne s'est positionnée comme la valeur sûre. Depuis 2017, elle n'a cessé de progresser jusqu'à atteindre le trône de n°1 mondiale le 23 juin 2019, qu'elle n'a lâché qu'un petit mois à Naomi Osaka en août de la même année.

Du 10 août 2020 au 23 mars 2022, Ashleigh Barty est restée confortablement installée au sommet de son sport. Au total, ce sont 120 semaines de domination, dont 84 consécutives juste avant de tirer sa révérence. Une longévité que l'on avait plus observée depuis l'apogée de Serena Williams, entre février 2013 et septembre 2016. Entre leurs deux règnes, six autres joueuses ont récupéré le trône, à chaque fois de manière éphémère (Kerber, Pliskova, Muguruza, Halep, Wozniacki et Osaka).

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Ashleigh Barty n'a que rarement déçu. En 272 matchs disputés depuis 2017, la championne du Queensland en a remporté 211, soit un pourcentage de réussite de 77,5%. Sa saison phare reste 2021 avec 42 succès pour seulement neuf défaites. 2022 était parti pour être un nouveau millésime puisqu'elle avait tout simplement remporté l'intégralité de ses 11 matchs, à cheval sur Adélaïde et l'Open d'Australie, qu'elle a remportés au passage.

Un palmarès digne des plus grandes

Ashleigh Barty et son revers slicé piégeux qui quittent le circuit WTA, c'est aussi le plus beau palmarès des quatre dernières saisons qui range la raquette, avec 12 tournois remportés (15 dans toute sa carrière). En 2019, l'Australienne s'était révélée au monde entier en remportant son premier tournoi du Grand Chelem en France, à Roland-Garros. En finale, elle avait étrillé la Tchèque Marketa Vondrousova (6-1, 6-3). Il faudra attendre 2021 pour la revoir brandir le trophée d'un majeur.

Ashleigh Barty et son trophée de vainqueur de Roland-Gaross, le 8 juin 2019. (Mehdi Taamallah / NurPhoto via AFP)

À Wimbledon, sur la surface qui lui a proportionnellement le plus réussi (56 victoires pour 16 défaites), la polyvalente australienne s'adjuge son deuxième majeur après une belle bataille de trois sets en finale contre Karolina Pliskova. Le troisième, le plus attendu, est arrivé en 2022 et restera comme le point final de sa carrière. Le 29 janvier dernier, Barty a été couronnée à domicile à l'Open d'Australie face à Danielle Collins après un parcours immaculé, sans perdre le moindre set. De quoi libérer tout un peuple qui attendait sa championne depuis Chris O'Neil en 1978.

Dépourvue de point faible, l'Australienne a bâti son règne en combinant puissance et précision. Elle s'est aussi appuyée sur un service redoutable qui a fait d'elle l'ace queen en 2021, soit la joueuse qui a inscrit le plus de services gagnants sur la saison. Sa prise de balle très précoce et son slicé très travaillé ont posé des problèmes à toutes les joueuses du circuit.

Il ne manquera qu'un seul majeur à sa collection, l'US Open, dont elle n'a jamais dépassé les huitièmes de finale, mais qu'elle a remporté en double, avec Coco Vandeweghe en 2018. Et si elle compte un Grand Chelem de moins que Naomi Osaka, titrée quatre fois depuis 2018, Ashleigh Barty n'aura pas glané tous ses titres sur une seule surface. Elle n'est d'ailleurs que la cinquième joueuse de l'histoire à remporter trois majeurs sur des surfaces différentes (dur, gazon, terre battue) après Chris Evert, Martina Navratilova, Steffi Graf et Serena Williams.

Ashleigh Barty a remporté l'Open d'Australie le 29 janvier 2022. (AARON FRANCIS / AFP)

Une star en Australie, mais moins connue à l'étranger

L'une des particularités de sa carrière est sans doute la méconnaissance du grand public à son égard. Si Chris Evert, Serena Williams ou encore plus récemment Naomi Osaka ont traversé les frontières de leur sport, on peut dire que cela n'est pas forcément le cas pour l'Australienne. En revanche, en Australie, la numéro un mondiale est une star absolue, tant par ses performances que par sa personnalité.

"Elle est la plus aimée des derniers grands joueurs et joueuses australiens", a affirmé Courtney Walsh, journaliste sportif australien, au journal Le Monde. Il y a eu un "effet Barty" en Australie. La fédération de tennis a annoncé une augmentation de 30% de la pratique du tennis chez les enfants en 2021, dans la foulée de son sacre à Wimbledon. Un effet d'autant plus fort auprès des jeunes aborigènes qui ont trouvé une championne dans laquelle s'identifier.

Elle-même d'origine aborigène, Barty s'est impliquée dans le développement du tennis auprès des populations marginalisées. Et son rejet du "star system" lui a permis de se bâtir une réputation immaculée.

Ashleigh Barty pose avec son trophée de l'Open d'Australie devant le mythique Uluru, symbole de l'Australie, le 28 février 2022. (SCOTT BARBOUR / TENNIS AUSTRALIA / AFP)

Elle avait déjà pris sa retraite en 2014

Ashleigh Barty n'a pas toujours été une tenniswoman. En 2014, l'Australienne avait mis entre parenthèses sa carrière de haut-niveau en tennis pour... le cricket, sport très populaire en Australie et dans lequel elle a également pu jouer avec les pros. Elle a notamment participé au championnat national avec le club de Brisbane, dont elle est originaire, disputant une dizaine de matchs.

"C'était trop et trop rapide pour moi de voyager autant à un si jeune âge. Je voulais découvrir la vie comme une adolescente normale", confiait-elle à Cricket.comMais elle avait fini par revenir sur les courts un peu plus d'un an après le début de cette nouvelle expérience, avec des premiers pas dans des tournois ITF, avant de lancer ce qui allait être la phase la plus fastueuse de sa carrière. De quoi jeter un doute sur la crédibilité de l'annonce de la fin de sa vie de joueuse de tennis ?

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