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Tennis : "Quand j'avais 12 ans et demi, j'ai été abusée par Régis de Camaret", témoigne l'ex-joueuse tunisienne Selima Sfar

Joueuse de tennis professionnelle de 1999 à 2011, Selima Sfar accuse son ancien entraîneur de viol.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Selima Sfar lors du tournoi WTA de Doha, le 28 février 2006. (KARIM JAAFAR / AFP)

Selima Sfar a décidé de briser le silence. A 46 ans, l'ancienne joueuse de tennis tunisienne, aujourd'hui consultante pour la télévision, a livré un témoignage fort dans les colonnes de l'Equipe, mardi 29 août. Première femme arabe à intégrer le top 100 du classement WTA, Selima Sfar accuse Régis de Camaret de l'avoir violée à de multiples reprises, lorsqu'il était son entraîneur. A 12 ans, elle avait rejoint son académie à Biarritz, qu'elle n'a quittée que quatre ans plus tard.

"Quand j'avais 12 ans et demi, j'ai été abusée par Régis de Camaret. Personne ne connaît mon histoire", entame la retraitée, avant de poursuivre : "J'ai mis longtemps à me libérer. C'est un gros traumatisme. Quand ça arrive, on se dit : 'J'ai tout sacrifié pour ça, il faut que j'y arrive.' J'ai bossé comme une malade. Toute ma vie, j'ai pensé que j'étais faible, lâche, nulle. Jusqu'à ce que je comprenne. Aujourd'hui, à 46 ans, je peux parler parce que j'ai beaucoup travaillé sur moi et été aidée. La honte a disparu. Quand je pleure, c'est de l'émotion. Ce ne sont pas les mêmes larmes. La honte s'est transformée en fierté. Je suis fière de ce que je suis devenue."

Trois ans de cauchemar

A travers différents épisodes, la joueuse dépeint la situation d'emprise que Régis de Camaret, condamné en 2014 à dix ans de prison ferme pour le viol de deux autres mineures, avait sur elle. "Je venais d'un pays arabe. Tout ce que je savais était qu'il était l'un des meilleurs coachs du monde, un peu "Dieu" dans le tennis en France et, si je voulais vraiment devenir championne, j'avais besoin de lui. [...] À chaque fois, c'était la même chose, j'étais paralysée. Ça a duré pratiquement trois ans."

La joueuse détaille aussi les conséquences de ces abus sur sa vie de femme, et d'athlète : "Dans ma tête, je me disais pourquoi je n'ai pas eu la force de dire non, pourquoi je n'ai pas dit non, je suis lâche. Sur le court, à chaque moment où j'avais besoin de confiance en moi et de faire un choix, c'était hyper dur".

Enfin, elle justifie sa prise de parole : "Il a été en prison, il a été condamné. Coupable, il l'est et le restera toujours. Il a commis un crime, c'est une certitude mais le but de cette interview n'est pas de le blâmer. Il a fait sa peine. J'en parle parce qu'il y a encore beaucoup d'abus, pour toutes celles et ceux qui sont victimes."

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