Tennis : pourquoi les joueurs français ont-ils tant de mal à s'imposer sur terre battue ?
C'est un paradoxe : la France possède avec Roland-Garros le plus prestigieux des tournois sur terre battue. Or dans l'Hexagone, 16 % seulement des courts utilisés sont en terre battue, contre 75% en Espagne par exemple. Aucun joueur français ne peut se vanter aujourd'hui de savoir vraiment jouer sur cette surface. Le Messin Ugo Humbert, 79ᵉ mondial, en est le symbole : "Il y avait des courts sur terre battue dans mon club, mais comme il ne faisait jamais beau, on jouait tout le temps dedans sur de la moquette ! Je sais que la terre battue ne sera jamais ma meilleure surface."
C'est plutôt dommage parce que la terre battue est pourtant la surface idéale pour devenir un joueur complet. Paul-Henri Mathieu, le directeur du haut niveau masculin, en est convaincu : "Il faut s'entraîner sur terre battue, il faut faire des tournois gamins sur terre battue. Mieux on joue sur terre battue et plus on est aguerri tactiquement et on trouvera des solutions ensuite sur dur. C'est une certitude."
Même au Centre national d'entraînement, pas de terre battue
Il serait peut être temps, donc, que la Fédération française de tennis se donne les moyens de former des joueurs capables de remporter un jour ou l'autre Roland-Garros. Or, autre paradoxe, il n'y a pas de courts en terre battue au Centre national d'entraînement à Paris. "On a des courts en dur effectivement, on n'a pas de courts de terre battue couverts, avoue Paul-Henri Mathieu. Un accord a été trouvé avec le club à Jean-Bouin. Mais c'est sûr, l'idéal serait d'avoir nos courts en terre battue. Ce n'est pas si simple !"
"La terre battue demande un petit peu plus d'entretien, donc les coûts sont aussi plus importants. C'est peut-être une des raisons pour lesquelles des clubs transforment les courts en terre battue en green-set, où il y a moins d'entretien."
Paul-Henri Mathieuà franceinfo
Il est vrai que les courts en terre battue nécessitent une attention de tous les instants. Michel Garcia est chargé de l'entretien des courts au Monte-Carlo Country Club : "Il faut y aller tous les jours, toute l'année. On commence à 7 h du matin et on finit à 20 h. On prépare les courts, les filets... Balai, arrosage... Il faut que quand quelqu'un vient jouer, le court soit nickel. C'est un métier, il faut savoir le faire et il y en a pas beaucoup qui savent le faire en France."
Et comme il est possible, dans le sud de la France, de jouer tous les jours de l'année sans être vraiment gêné par la météo, la FFT envisage à plus ou moins long terme d'installer un centre d'entraînement dans cette région.
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