Roland-Garros, "un tournoi vital pour la Fédération française de tennis"
L'édition 2018 de Roland-Garros démarre dimanche. Les plus grands joueurs vont défiler à Paris pour le tournoi qui représente aussi une belle manne financière pour le tennis français.
C'est parti pour 15 jours de coups droits, de revers, d'aces sur la terre battue de Roland-Garros. Le tournoi de tennis français, l'un des quatre tournois du Grand Chelem, démarre le 27 mai à la Porte d'Auteuil à Paris. Un événement retransmis par 200 pays avec potentiellement trois milliards de téléspectateurs et auditeurs. Un tournoi aux retombées économiques importantes et indispensables également, rappelle Christophe Lepetit, économiste au Centre de Droit et d'Économie du Sport de Limoges. Il répond à franceinfo.
franceinfo : Le tournoi de Roland-Garros génère-t-il vraiment des milliers d'emplois directs et indirects ?
Christophe Lepetit : Oui, c'est l'un des quatre principaux tournois de tennis de la planète et il nécessite, pendant la quinzaine du tournoi principal mais aussi pendant la semaine de qualifications, de nombreuses forces vives. Il faut animer le tournoi parisien pendant ces trois semaines. Et puis de façon indirecte et induite, il faut aussi beaucoup d'emplois puisque la Fédération française de tennis (FFT), qui l'organise, fait appel à de nombreux prestataires, en partie locaux, pour justement travailler sur cette organisation.
4 700 emplois pour l'organisation, 9 500 pour l'hôtellerie-restauration. Est-ce que ces chiffres vous paraissent réalistes ?
Ce sont certainement des chiffres qui sont issus de l'étude que la FFT a mené avec un cabinet extérieur qui est un cabinet plutôt crédible. Je pense que ces chiffres sont proches de la réalité.
Et les retombées économiques pour Paris et l'Île-de-France sont estimées à près de 300 millions d'euros, en seulement deux semaines...
Je m'interroge un peu sur l'ampleur de ce montant mais effectivement ce tournoi a la capacité d'attirer des spectateurs qui viennent de l'étranger et de l'extérieur de l'Île-de-France et ça génère des retombées économiques importantes. Ce sont des personnes qui, s'il n'y avait pas eu le tournoi de Roland-Garros, ne seraient pas venues dépenser de l'argent sur place. On a effectivement une manne financière pour la région et pour la ville de Paris en particuliers puisque ce tournoi-là, par définition, n'est pas délocalisable. Il a lieu à Paris et s'il n'avait pas lieu à Paris, il n'aurait certainement pas lieu en France. Donc c'est vraiment de la valeur ajoutée nette qui est créée du fait de la présence de ce tournoi sur la porte d'Auteuil.
La Fédération française de tennis gagne aussi beaucoup d'argent grâce à la vente de billets (450 000 spectateurs). Qu'en est-il des droits télé ?
Le budget de Roland-Garros tourne autour de 230 millions d'euros dont la plus grosse part vient de ces droits télé. 37% de ces 230 millions d'euros sont versés par les diffuseurs, à la fois français et internationaux. Le deuxième poste de recette, ce sont les sponsors. Ce sont les deux piliers de revenus du tournoi : droits télé et sponsoring. On sait que le volet sponsoring est très important à la fois pour les annonceurs qui se montrent mais aussi pour tout ce que le tournoi permet de réaliser en termes de relations publiques.
Que va faire la Fédération avec cet argent ? Est-ce qu'il va financer les 8000 clubs de tennis en France ?
Le tournoi de Roland-Garros est vital pour la FFT qui en a fait la pierre angulaire de son modèle économique. Il génère des bénéfices très importants qui sont ensuite reversés dans toute la pyramide du tennis et qui irrigue la discipline jusqu'au plus bas niveau. Avec cet argent-là, la fédération française dote les clubs, ses comités départementaux, ses ligues régionales, ce qui leur permet de tourner, de construire des courts. C'est vrai que c'est la force de la FFT, par rapport à d'autres, c'est qu'elle a un événement récurrent qui a lieu chaque année, qui lui génère de très nombreuses rentrées financières et qui fait tourner le tennis français. C'est très positif puisque c'est une vraie solidarité de ce qu'on peut appeler le sport spectacle (Roland-Garros) et le sport amateur. Ce tournoi c'est LE revenu principal de la FFT. Si vous lui ôtez ce revenu-là, je pense que le modèle économique sera à réinventer complètement et ça pourrait remettre en cause le modèle économique des clubs, puisque certains d'entre eux vivent justement de cette manne financière apportée par Roland-Garros.
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