Cet article date de plus de douze ans.

Roland-Garros : le carnet de notes des Français

La défaite de Jo-Wilfried Tsonga sonne le glas de la participation des Français à cette édition du tournoi de tennis. L'occasion d'évaluer la prestation de nos compatriotes en quelques mots.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Roland-Garros se reflète dans les lunettes d'un spectateur, le 27 mai 2012.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

Comme le tournoi des Français est déjà terminé, on n'attend pas que Nadal, Djokovic et Federer rendent leur copie pour donner des notes à nos compatriotes.

Très bien

Jo-Wilfried Tsonga (éliminé en quart de finale) Il a interprété quatre fois sa fameuse danse des pouces sur le Central ou le Lenglen. Il a battu son record dans le tournoi parisien. Il est devenu le premier joueur français depuis Jean Borotra (1924-1931) à avoir atteint, dans sa carrière, les quarts de finale dans les quatre tournois du Grand Chelem. Hélas, il lui a manqué un point pour faire tomber le n°1 mondial, Novak Djokovic, en quarts de finale. Sa performance d'ensemble pendant la quinzaine est remarquable.

Nicolas Devilder (éliminé en 16e de finale) Quand on est 286e mondial et issu des qualifications, franchir deux tours constitue un authentique exploit. Devilder, c'est la face émergée de l'iceberg du tennis mondial, ces sans-grades qui n'ont jamais atteint le top 50 mondial, qui enquillent les petits tournois, qui ont du mal à gagner leur vie en jouant, et qui, l'espace d'un tournoi, ont droit à la lumière. Avec les 48 000 euros obtenus par son parcours porte d'Auteuil, il double ses gains accumulés depuis... janvier 2011, note L'Equipe

Nicolas Devilder au service contre Novak Djokovic, le 1er juin 2012 à Roland-Garros. (PASCAL GUYOT / AFP)


Paul-Henri Mathieu (éliminé en 16e de finale). Paul-Henri Mathieu avait la réputation d'un joueur qui perd en cinq heures après avoir mené deux manches à rien. Dans la grande tradition des marathoniens des courts que sont Cédric Pioline ou Arnaud Clément : les victoires faciles, ça ne les intéresse pas. Cette année, celui qu'on surnomme PHM n'était attendu par personne, après une blessure de quinze mois et un bout d'os en moins dans la jambe. Mathieu a fait mieux que se défendre, en gagnant deux matchs en cinq sets, en perdant le suivant, toujours au bout de la nuit, et en empêchant la diffusion de "Plus belle la vie" pendant une semaine...

La joie très démonstrative, toutes dents dehors, de Paul-Henri Mathieu après sa victoire sur l'Américain John Isner, le 31 mai 2012.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

Julien Benneteau (éliminé au troisième tour) Pour un joueur qui s'était fracassé la cheville et le poignet il y a six semaines, c'est remarquable.

Nicolas Mahut (éliminé au troisième tour) Tout le monde ne peut pas se vanter d'avoir battu Andy Roddick et pris un set à Roger Federer. Certes, Andy Roddick se déplace sur terre battue comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, certes Roger Federer a du mal à lancer la machine cette année, mais on ne peut pas dire qu'il a loupé son tournoi.

Bien

Benoît Paire (éliminé au 2e tour) Parce qu'il a (enfin) montré au monde entier qu'il avait un des plus beaux jeux du circuit, parce qu'il a permis à des journalistes de faire des jeux de mots sur son nom (ici par exemple, mais on attend toujours le "Luke je suis ton Paire" qui suivrait une victoire contre Luke Saville, 591e joueur mondial), parce que c'est le digne successeur de Fabrice Santoro quant à l'orgie d'amorties tentées sur le court et parce qu'il porte des caleçons Björn Borg.

Le caleçon de Benoît Paire, lors d'un match à Roland-Garros le 29 mai 2012.  (GONZALO FUENTES / REUTERS)

Virginie Razzano (éliminée au 2e tour) Le moment mélodramatique du tournoi. Virgine Razzano a éliminé Serena Williams au premier tour, à la surprise générale, dans une rencontre représentant la quintessence du match du joueur-français-à-Roland-Garros-qui-sort-une-star. Comme souvent, le joueur auteur de l'exploit s'est écroulé mentalement au tour suivant contre un adversaire à sa portée. Mais le duel Razzano-Williams restera comme une des grandes émotions de ce Roland-Garros 2012.

Mathilde Johansson (éliminée au 3e tour) Parce que c'était la dernière survivante du tennis féminin français, parce que c'est sa meilleure performance à Roland-Garros, parce qu'elle est branchée littérature française, comme elle l'explique sur 20minutes.fr.

Mathilde Johansson est la Française qui est allé le plus loin à Roland-Garros (ici le 1er juin 2012).  (BENOIT TESSIER / REUTERS)

Arnaud Clément (éliminé au 2e tour) Bandana Man a mieux réussi son discours d'adieu au public que son dernier match, perdu contre la révélation belge David Goffin.

La météo (note arrêté au mardi 5 juin) Comme chaque année, on est passé du T-shirt à la polaire (Cédric Pioline avait même joué en pull au début des années 2000), mais pour le moment, le tournoi a fait mentir sa réputation de mauvais temps chronique. Pour les températures estivales et la crème solaire dans les tribunes, néanmoins, on repassera. 

Le pull de Cédric Pioline, le 28 mai 2002, lors de son dernier Roland-Garros.  (ANDRE DURAND / AFP)

Peut mieux faire

Richard Gasquet (huitième de finaliste) Un jour, on théorisera peut-être le "syndrome Richard Gasquet". Montrer à la Terre entière qu'on a un des plus beaux jeux du monde, que sur un set ou un set et demi, on ne craint personne, mais systématiquement échouer dans la durée. Deux solutions : se mettre au tennis de table ou jouer chez les filles en deux sets gagnants. Et par pitié arrêter de toujours se trouver des excuses, comme se moque gentiment le blog Zone Mixte.

Richard Gasquet face à Andy Murray, lors du 8e de finale de Roland-Garros perdu par le Français, le 4 juin 2012. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Gilles Simon (éliminé en 16e de finale) Le blondinet du tennis français avait l'étiquette de "meilleure chance française à Roland-Garros". Rapidement, on a vu que ça ne serait pas le cas. Simon a égaré un set au premier tour, deux au second tour, et fatalement trois, synonymes de défaite, au troisième.

Amélie Mauresmo (entraîneur d'Azarenka, n°1 mondiale, mais éliminée en 8e de finale) Pour sa deuxième expérience en tant que coach, la Française n'a pas réussi à sublimer sa joueuse, qui s'est fait sortir plus tôt qu'attendu. Pas d'effet Mauresmo, donc, mais l'ancienne n°1 mondiale a été confirmée dans ses fonctions.

Doit redoubler d'efforts

Marion Bartoli (éliminée au 2e tour) Avec Bartoli, c'est tout ou rien. Soit la Française réalise des exploits (demi-finales à Wimbledon et à Roland-Garros), soit elle est éliminée piteusement lors des trois premiers tours. Certes, le tennis féminin mondial, c'est OK Corral tous les jours : lundi 4 juin, où la tenante du titre s'est fait sortir par une qualifiée kazakhe classée 142e mondial. Mais les meilleures joueuses arrivent quand même à tirer leur épingle du jeu.

Le tennis féminin français en général Aucune Française après le troisième tour, c'est faible, très faible. Contrairement aux idées reçues, ça commence à devenir une habitude : en 2008 et en 2010, aucune Française n'avait disputé les 16es de finale. La demi-finale de Marion Bartoli l'an passé fait plus figure d'exception qu'autre chose. Pour couronner le tout, la relève tarde à pointer le bout de son nez et l'équipe de Fed Cup se morfond dans les profondeurs du classement mondial. 

Le public Après sa défaite, Richard Gasquet a parlé d'une ambiance digne du Parc des Princes. Des sifflets pour son adversaire, applaudissements à contre-temps ou après une faute directe, ça ne se fait pas selon les canons du savoir-vivre sur un court de tennis. Alors public de footix, pardon, de tennistix ou changement des mentalité ? Il est encore un peu tôt pour le dire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.