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Roland-Garros : Judy Murray, mère poule et femme cougar

La mère d'Andy Murray, n°4 mondial, accompagne partout son rejeton et n'hésite pas à exprimer sa passion pour les éphèbes qui hantent les tournois du Grand Chelem. Au risque d'embarrasser son fils.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Judy Murray et son fils Andy, à l'entraînement, le 10 janvier 2011, à Melbourne, en Australie.  (WILLIAM WEST / AFP)

"Guy Forget vient de traverser le lobby de l'hôtel dans un short en lycra. La journée commence bien. C'est Monsieur Chic Non Conventionnel, des jambes élégantes dans un petit short. Mmmm... " Qui est l'auteur de cette phrase ?

1) Mme Forget

2) Une fan sur Twitter

3) La mère d'Andy Murray, n°4 du tennis mondial.

Gagné, c'est la réponse 3. Judy Murray, divorcée de son mari en 2005, ne rate jamais l'occasion de faire un commentaire sur les adversaires de son champion de fils, ou sur les figures du tennis mondial, même à la retraite, comme c'est le cas de Guy Forget. Portrait de ce qu'on appelle, outre-Manche, une pushing mum.

Maman supportrice

Comme une mère d'ado, maman Murray s'occupe de la lessive de son fils, de ses repas (à base de plats préparés réchauffés au micro-ondes, persifle le Daily Record) ainsi que son approvisionnement régulier en Percy Pigs, des bonbons roses en forme de cochon qu'on ne trouve que chez Marks & Spencer. D'après Libération, maman Murray serait même allé jusqu'à alpaguer Kim Sears, la petite amie du numéro 4 mondial, lui demandant d'être plus présente et d'empêcher son fils de 25 ans de se retrouver en tête à tête avec sa console de jeu. 

Judy Murray et la petite amie de son fils, Kim Sears, le 3 juillet 2009 à Wimbledon (Royaume-Uni). (ADRIAN DENNIS / AFP)

Dans un entretien à L'Express, elle se définit comme "une maman qui veut seulement le meilleur pour ses enfants". Dans les travées du tournoi anglais de Wimbledon, on ne voit qu'elle. Elle refait chaque échange avec ses poings, alterne les grimaces et les sourires communicatifs selon la réussite de son fils, et a droit à un gros plan toutes les trois minutes sur la BBC, ce qui fait que le téléspectateur britannique la connaît aussi bien que son fils.

L'Allemand Boris Becker (numéro 1 mondial en 1991) a jeté un pavé dans la mare en se demandant si elle n'était pas trop envahissante, comme l'indique le Guardian : "Je me pose des questions sur sa présence. Un jeune homme ne doit pas tout le temps avoir sa mère sur le dos dans son travail. Dans les tribunes, je ne vois pas la mère de Nadal, de Djokovic ou de Federer." Maman Murray se défend, et réfute l'étiquette de pushing mum : "Je vais de moins en moins souvent aux tournois de mon fils." Elle a quand même réussi à forcer la sécurité des vestiaires de l'Open d'Australie pour aller donner un gros câlin à son rejeton, qui venait de se faire hacher menu par Roger Federer en finale, en 2010.

Boris Becker n'est pas seul : Judy Murray a raconté au site américain ESPN qu'elle reçoit des tombereaux de lettres lui demandant de lâcher son Andy. "Je suis convaincue qu'il y a du sexisme là-dedans, réagit-elle. Pour beaucoup, les mères ne doivent pas être complètement impliquées dans le sport de leur fils, c'est le rôle du père. Il faudrait que ça change."

Maman cougar

Tout a commencé avec une remarque sur son blog, au printemps 2011. Au lieu de parler du joueur espagnol Feliciano Lopez, elle le surnomme  "Deliciano". La suite sur Twitter :  "Ohhhhh, Deliciano ! Que tu es beau encore une fois. Comme toujours." Madame Murray était-elle tombée sur cette photo de mode du bel Ibère ? 

S'était ensuivi un dialogue surréaliste sur Twitter entre Judy Murray et Andrea Petkovic, la joueuse allemande qui disputait avec l'Espagnol le double mixte de Wimbledon, retranscrit sur le blog tennis du Figaro.

Andrea Petkovic : "Tu viendras nous voir jouer ?"
Judy Murray : "J'ai déjà planté ma tente. J’apporterai des fléchettes de tranquillisants, si tu commences à glousser ou à trembler, je t’en envoie une et je prends ta place."
Andrea Petkovic : "Comment puis-je espérer me concentrer sur mon service quand il sera devant moi ?"

Et quand Petkovic se voit opposer une fin de non-recevoir pour bénéficier des conseils de Judy Murray pendant la quinzaine, les échanges reprennent de plus belle :

Andrea Petkovic : "Quel dommage, tu aurais eu 5% du prize money [somme touchée à l'issue du match] et une photo avec Deliciano."
Judy Murray : " Je préfère 5% de Deliciano et une photo du prize money."

Andy Murray en a d'abord ri. Il raconte au Daily Mail : "je m'entraînais avec Feliciano, ma mère nous observait au bord du court. A un moment, je dis à Feliciano : 'et si on s'arrêtait pour boire un verre, comme ça, tu pourras prendre une photo avec ma mère, qui te trouve très beau'. Elle est devenue rouge cramoisie, et a bougonné 'je ne le ferai pas'. C'était très drôle... mais pas pour elle."

A un moment donné, il a estimé que la plaisanterie avait assez duré. "Je crois qu’elle en fait trop, a-t-il admis. Elle me donne envie de vomir, ça me dégoûte."

La Gazette de Montréal finira par faire un roman photo sirupeux de cet obscur match de double mixte Lopez-Petkovic, qui sera interrompu par la pluie. 

 

Maman blogueuse

Judy Murray a un compte Twitter très suivi et beaucoup plus drôle que la moyenne des acteurs du tennis mondial. Ses 22 000 fans ont eu droit à un live tweet de son passage aux toilettes de la chambre des Lords, l'équivalent du Sénat au Royaume-Uni, rapporte le Daily Mail. La baronne qui l'a invitée s'est ensuite fait sermonner par les hautes sphères de la chambre, sous prétexte que la blague de Judy Murray avait "terni le prestige du Parlement".

Outre ses discussions sur le physique des joueurs du circuit ATP, elle balance des photos de ses deux fils lorsqu'ils avaient 4 ans, T-shirt de Wimbledon et raquette en main, sur son compte Twitter. Le genre de cliché que vous détesteriez que vos parents montrent à la Terre entière et qui sont très bien à croupir dans un album photos que personne n'ouvre jamais.

Maman entraîneur

Andy Murray saute la barrière pour embrasser sa mère, après une victoire au tournoi du Queen's, à Londres (Royaume-Uni), le 14 juin 2009. (ADRIAN DENNIS / AFP)

On l'oublierait presque, mais maman Murray a aussi été le premier entraîneur de son Andy de fils. Dès son plus jeune âge, Andy joue au tennis avec des balles en mousse dans le jardin avec son frère Jamie, devenu un très bon joueur de double. Quelques fenêtres cassées plus tard, Andy a rompu le cordon ombilical et s'est trouvé un entraîneur, contrairement à pas mal de tenniswomen toujours entraînées par leurs parents.

Et elle est devenue, en 2012, capitaine de l'équipe d'Angleterre de Fed Cup en prenant la suite... du père de la copine de son fils. Ce qui lui a valu un surnom, qui résume bien sa personnalité : "la reine mère".

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