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Federer-Nadal, l'usure du pouvoir ?

Eliminés respectivement au 3e tour et en quarts de finale, Roger Federer et Rafael Nadal n'ont pas été à la hauteur de leurs habitudes à l'Open d'Australie. A 33 ans, le Suisse n'avait plus perdu aussi tôt à Melbourne depuis 2001, alors que l'Espagnol, âgé de 28 ans, s'était arrêté en quarts pour la dernière fois en 2011. Les deux joueurs absents des demi-finales en Grand Chelem, ce n'est que la 3e fois que ça arrive en dix ans, après l'US Open 2012 et Wimbledon 2013. Est-ce un accroc pour les deux joueurs qui ont dominé le tennis mondial ces dernières années, ou est-ce une tendance face à une concurrence de plus en plus exacerbée ?
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Rafael Nadal et Roger Federer en souffrance à l'Open d'Australie

Rafael Nadal et Roger Federer, c'est une longue histoire au sommet du tennis mondial. Depuis 2005, et le premier titre des neuf titres de Rafael Nadal à Roland-Garros, l'Espagnol est devenu le premier rival de Roger Federer dans la conquête des titres et du trône mondial. Leur duel passionne le public depuis des années. Entre 2004 et 2014, les deux hommes se sont affrontés à 33 reprises, dont 20 en finale. Pendant longtemps, quand l'un commettait un faux-pas, c'est l'autre qu'on retrouvait avec le trophée du vainqueur.

L'émergence de Novak Djokovic surtout, mais aussi d'Andy Murray, Stan Wawrinka, Juan Martin Del Potro, David Ferrer, Jo-Wilfried Tsonga, et tant d'autres ont réduit leur suprématie. Le Serbe les devance au classement mondial, et pratiquement chaque année depuis 2011, l'actuel N.1 mondial gagne plus de tournois à la fin de la saison. Reste qu'il n'a toujours pas atteint les sommets un temps fréquentés par ses aînés. En 2011, lorsqu'il remporte l'Australie, Wimbledon et l'US Open, qu'il fait demie à Roland-Garros et qu'il gagne cinq Masters 1000, "Nole" remporte 10 des 15 tournois auxquels il prend part, atteignant au moins le dernier carré dans 3 autres. En pourcentage, il atteint au moins les demi-finales dans 86.6% des tournois qu'il dispute, avant de passer à 88.1% l'année suivante (6 victoires. 5 finales, 4 demi-finales en 17 tournois). Il n'a jamais fait mieux. Roger Federer et Rafael Nadal, si.

Un sommet à 94% de présence au moins en demi-finales sur une saison

Le Suisse, le plus ancien sur le circuit, a atteint les 94% en 2006. Cette année-là, sur les 17 tournois joués, il en gagne 12, et est finaliste à quatre reprises. Parmi ces résultats, la victoire en Australie, Wimbledon, US Open, Masters et une finale à Roland-Garros. Malgré l'âge, malgré son dos, malgré la concurrence, celui que beaucoup considèrent comme le plus grand joueur de l'Histoire, se maintient à un superbe niveau. Il y a bien sûr des accrocs, comme cette élimination au 2e tour à Wimbledon par Stakhovsky en 2013 ou en 8e de finale de l'US Open cette même année, voire cette sortie au 3e tour à l'Open d'Australie voici quelques jours. Mais globalement, lorsqu'il prend part à un tournoi, Roger Federer a de grandes chances de se retrouver au moins dans le dernier carré. Sa pire année, c'est bien évidemment 2013, la seule où il passe sous la barre des 50% de présence au moins en demi-finale sur la saison (46.8%). 

94% de présence au moins en demi-finales, c'est aussi le bilan de Rafael Nadal en 2013. Cette année-là, il met fin à sept mois d'absence du circuit. Il revient sur la terre-battue sud-américaine, et enchaîne rapidement les victoires sur sa surface préférée. Sur cette terre ocre qui ménage son genou, le Majorquin retrouve son niveau, rafle un 8e Roland-Garros, un 2e US Open, atteint la finale du Masters et décroche cinq Masters 1000. En chiffre, cela fait 17 tournois disputés, 10 gagnés, 4 finales et 2 demi-finales. Qui dit mieux ? Personne. Et tout cela avec une élimination d'entrée à Wimbledon face à Rosol... Mais comme Roger Federer, il connaît une "année sans", en 2014, en plus de ses forfaits à l'US Open et au Masters. Une élimination par Kyrgios en 8e de finale à Wimbledon et quelques chutes précoces font tomber son bilan à 46.6% de présence au moins en demi-finale durant la saison.

Sur les dix dernières saisons, Roger Federer a tourné à une moyenne annuelle 74.5% de présence au minimum en demi-finale, tandis que Rafael Nadal atteint lui la moyenne de 67.6%. Et hormis à de rares exceptions, les deux hommes disputent à peu près le même nombre d'épreuves sur le circuit chaque année (environ 17, avec trois années au-dessus pour l'Espagnol et deux pour le Suisse). C'est à peu près la même chose pour Novak Djokovic, qui a disputé 15 tournois en 2014, 16 en 2013, 17 en 2012 et 15 en 2011, mais moins que les stakhanovistes du circuit que sont Andy Murray (21 en 2014, 12 en 2013, 19 en 2012, 18 en 2011),  Stan Wawrinka (18 en 2014, 23 en 2013, 19 en 2012, 20 en 2011), ou David Ferrer (25 en 2014, 24 en 2013, 22 en 2012, 20 en 2011). 

Si la comparaison est difficile dans le temps, Pete Sampras, en 1994, sur 18 tournois, il avait atteint le taux de 72.1% de présence au moins en demi-finale. L'année suivante, Andre Agassi, sur 16 épreuves, culminait à 75% de présence au minimum dans le dernier carré. Cela donne une idée de la performance de Federer et Nadal. Monstres physiques, ils ont compris depuis longtemps qu'ils ne pouvaient pas être performants partout et tout le temps. C'est ce qui leur permet, avec leur talent incroyable, d'être encore 2e et 3e mondiaux. Et d'avoir toujours l'ambition de conquérir notamment un 18e Grand Chelem pour le Suisse, et un 10e Roland-Garros pour l'Espagnol.

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