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La crédibilité de Novak Djokovic -lui-même positif au Covid-19- entamée après les cas révélés sur l'Adria Tour

L'Adria Tour est dans l'oeil du cyclone. Cette tournée tennistique dans les Balkans essuie depuis quelques jours de nombreuses critiques après les contaminations de quatre joueurs. Initiateur de ce tournoi d'exhibition, Novak Djokovic qui vient lui-même d'annoncer qu'il est positif au Covid-19, est au coeur de la contestation et son image pourrait ne pas s'en sortir indemne.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

Rien ne va plus pour Novak Djokovic. L'Adria Tour -tournée tennistique dans les Balkans créée à son initiative- prend depuis quelques jours une tournure de plus en plus inquiétante, avec les contaminations de plusieurs joueurs, dont lui-même ! Grigor Dimitrov puis Borna CoricViktor Troicki ont tous été testés positifs. Trois autres joueurs, Marin Cilic, Alexander Zverev et Andrey Rublev, se sont placés en quatorzaine lundi, malgré le fait que leur test covid ait été négatif. Et ce mardi, c'est le N.1 mondial qui annonce avoir été testé positif...

Avant-même l'annonce de son cas personnel, ces contaminations ont soulevé un flot de critiques contre Djokovic, initiateur du tournoi. Et notamment celles du non-respect des gestes barrières et du manque de distanciation physique entre les joueurs, non obligatoires en Serbie mais conseillés par le gouvernement. Lors de l'Adria Tour, le port du masque en tribunes (avec du public, là encore sans vraiment de distanciation) ou du côté des staffs était loin d'être de rigueur. Le Serbe s'était défendu en indiquant que son pays avait été relativement épargné par la pandémie mondiale du coronavirus. Officiellement, la Serbie a recensé un peu moins de 13 000 cas confirmés et 262 morts. Mais là encore, des critiques se font entendre.

La Serbie camouflerait les données liées au covid

RFI rapporte ce mardi que "la Serbie aurait dissimulé près des deux tiers des décès dus au Covid-19 depuis le milieu du mois de mars. Depuis le 1er juin, le pays serait confronté à une seconde vague de contamination d’une ampleur au moins aussi importante que celle de mars-avril." Une information et des chiffres mis en lumière par le site d'investigation BIRN (Balkan Investigative Reporting Network). Depuis le 10 mai, la Serbie a engagé un déconfinement très rapide, où les mesures de distanciation et les gestes barrières ne sont pas obligatoires. D'ailleurs, rapporte toujours RFI,  le 9 juin "un match de football a réuni près de 16 000 personnes à Belgrade et semble bien avoir servi de cluster". 

Au-delà de la situation sanitaire du pays, c'est aussi l'organisation de l'Adria Tour qui est sous le feu des critiques. "L'organisation était tout sauf professionnelle et c'est la fédération de tennis croate qui en porte la responsabilité, dénonce Feliks Lukas, directeur du Bol Open, un tournoi WTA en Croatie dans les colonnes de L'Equipe. Pas de masque, pas de gel hydroalcoolique, pas de prise de température, pas de tests pour les joueurs étrangers, rien ! Ils ont fait preuve d'une incroyable arrogance." De nombreux clichés ont circulé montrant des accolades entre les joueurs ainsi que des photos de groupe où les protagonistes sont tous serrés les uns aux autres.

  (DARKO VOJINOVIC/AP/SIPA / SIPA)

En dehors des courts aussi, les distanciations ont été moquées 

Et le comportement des joueurs, dont celui de Novak Djokovic, est aussi critiqué depuis lundi. En-dehors des terrains de tennis, les joueurs présents pour l'Adria Tour ont notamment participé à un match de basket et sont sortis faire la fête en boîte de nuit. Ces comportements ont été condamnés par d'autres joueurs du circuit. Nick Kyrgios n'a d'ailleurs pas mis longtemps pour réagir. "Décision crétine d'aller de l'avant avec ces tournois exhibition 'récupération rapide' les gars, mais c'est ce qui se passe lorsque vous ne tenez pas compte de tous les protocoles. Ce n'est PAS UNE BLAGUE", a écrit l'Australien en répondant au Tweet de Borna Coric qui annonçait qu'il avait contracté le virus. Le Britannique et 28e mondial, Dan Evans estime lui dans The Telegraph que Djokovic a donné le "mauvais exemple".

Le rôle de président du conseil des joueurs en question

L'Américain Noah Rubin conteste lui aussi ces événements. "Ils vivaient leur vie comme si de rien n'était, déclare-t-il à L'Equipe. Je ne comprends pas pourquoi le tennis avait besoin de prendre ce risque. À quoi bon faire sourire les gens et rassembler de l'argent si c'est pour infecter mille personnes ?" Mais le 225e mondial va plus loin, et met en cause directement la position de Novak Djokovic en tant que président du conseil des joueurs. "J'attends de voir ce qu'il va advenir de sa position de président du conseil des joueurs. Novak n'a pas seulement manqué la réunion téléphonique avec tous les joueurs, l'ATP et l'USTA (concernant le sort de l'US Open), il était en train de faire quelque chose qui pourrait blesser de nombreuses personnes. Encore une fois, 1 % des joueurs prennent des décisions qui touchent tous les autres. Clairement, si l'ATP ne dénonce pas ce qu'il s'est passé, ça prouvera une fois de plus qu'il n'y en a que pour les stars (...)" Les derniers événements survenus sur l'Adria Tour pourrait donc bien coûter cher au Serbe.

Djokovic testé, les résultats ce mardi

Contesté de toute part, Novak Djokovic était rentré à Belgrade dimanche, mais sans avoir effectué le moindre test jusque-là, rapporte le site SportKlub. Le joueur aurait refusé le test, ne ressentant aucun symptôme. Toujours selon le média serbe, le préparateur physique de Novak Djokovic Marko Paniki aurait aussi été testé positif. Finalement, le numéro 1 mondial et sa famille ont été testés à Belgrade et les résultats ont donc indiqué qu'il était bel et bien positif.

Alors que l'Adria Tour devait être une compétition amicale marquant le retour sur les courts pour un certain nombre de joueurs professionnels, l'effet inverse est peut-être en train de se produire. Ce tournoi réalisé en marge du calendrier traditionnel géré par l'ATP et la WTA pourrait bien menacer la reprise officielle de la compétition, prévue le 14 août à Washington, suivi du Masters 1000 de Cincinnati (22 août) puis de l’US Open (31 août-13 septembre) à New York, avant de commencer la "saison" de terre battue avec les tournois de Madrid et de Rome, puis de Roland-Garros.

Pour garantir une compétition en toute sécurité, l'US Open a présenté un plan sanitaire strict pour la tenue du Grand chelem : les joueurs devront arriver par leurs propres moyens, test covid avant leur départ et plusieurs fois ensuite pendant la quinzaine, prise de température quotidienne, marquages au sol pour faire respecter la distanciation, port du masque obligatoire sauf pendant la pratique du tennis etc. Si des modifications peuvent encore être apportées d'ici le début du tournoi, ce protocole avait été vivement critiqué par plusieurs joueurs, dont un certain Novak Djokovic, qui avait qualifié ces probables conditions sanitaires "d'extrêmes" et d'"impossibles".

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