L'acte fondateur de l'ère Mauresmo
Amélie Mauresmo est une disciple de Yannick Noah. Il lui a donné envie de jouer au tennis lors de sa victoire à Roland-Garros en 1983, c'est sous son capitanat qu'elle a débuté sa carrière en Fed Cup en 1998, même si c'est avec Guy Forget, son successeur, qu'elle a décroché le Graal en 2003. Adepte de la psychologie et surtout de la "dédramatisation" de l'événement, l'ancien N.1 français a laissé son emprunte à l'ancienne N.1 mondiale. C'est en discutant beaucoup qu'elle a obtenu de Marion Bartoli, N.1 françaises depuis la retraite de Mauresmo, qu'elle revienne en Fed Cup, ce qu'elle avait refusé à ses prédécesseurs durant 8 ans et demi. C'est encore en discutant qu'elle a remis Alizé Cornet sur le droit chemin après sa défaite samedi.
Cornet: "Je n'y vais plus à reculons"
"C'est grâce au soutien de toute l'équipe et à Amélie qui m'a bien recadrée après mon match d'hier", reconnaissait la Niçoise après sa victoire. Jusque-là, elle n'avait remporté que deux matches sur neuf en simple dans cette épreuve. "Je suis enfin la joueuse que je veux être. Maintenant, j'aborde les matches différemment. Je suis vraiment excitée de les jouer et je n'y vais plus à reculons. C'est une joie que je n'avais jamais connue et qui manquait à mon palmarès d'émotions." Pourtant, elle a juste battu Ksenia Pervak, 108e mondiale. Mais ce point apporté au collectif avait une signification beaucoup plus importante pour elle, puisque cela donnait la victoire à l'équipe de France. "Cela fait de longues années que j'attends ce moment où je peux rapporter un point important à l'équipe. Voilà, c'est fait, et de belle manière." Il est vrai qu'elle avait de sacrées cicatrices du passé: cette défaite (8-6) au 3e set contre Schiavone en 2009, deux autres (6-4) toujours au 3e contre les Slovaques Hantuchova ou Cibulkova toujours la même année, ou encore son revers contre Shvedova samedi, après avoir remporté le 1er set 6-2. Elle avait le talent, mais elle ne parvenait pas à conclure, souvent rattrapée par la peur, la crainte d'être un poids dans l'équipe. Tout cela semble évacuée.
La 33e joueuse du monde n'était pas la seule à vivre intensément la victoire. Marion Bartoli, 14e mondiale, finaliste à Wimbledon, a apporté deux points en simple, les deux premiers de sa carrière, et l'a ressenti dans tout son corps: "Une fois que le match a été fini, l'émotion m'a rattrapée, j'ai pleuré sur le court, c'était des pleurs de joie, c'était le bonheur d'avoir apporté ces deux points à mon équipe et de l'avoir mise sur le chemin de la victoire", confiait-elle après sa victoire sur Shvedova. "J'ai vécu ces deux matches et je les ai gagnés. Je me rends compte que je suis faite pour ça, ça me galvanise".
Bartoli: "On a une belle équipe"
Cette déclaration d'amour de Bartoli pour cette épreuve collective, certains n'auraient pas misé un centime dessus. Entre les filles, c'est également le beau temps, alors qu'à l'Open d'Australie, Alizé Cornet et d'autres avaient fait état de leur ras-le-bol face aux tergiversations de la N.1 française, toujours dans les discussions mais jamais sur le terrain avec elles jusque-là. Tout ça, c'est fini. "Marion avait fait un job d'enfer juste avant, elle m'a montrée la voie et je l'ai suivie. C'est une communion super avec toute l'équipe ", soulignait Cornet après sa victoire. "On a une belle équipe, je suis fière d'en faire partie", répondait en écho celle qui a gagné ses galons de leader. Et la capitaine ? "Avec Amélie, la communication a très bien fonctionné, elle m'a donné des choses claires, simples, elle m'a remise dans le chemin quand à un moment donné, au début du deuxième set, j'ai commis quelques erreurs. Elle a su trouver les mots, ça a été fantastique du premier au dernier point", se réjouissait Marion Bartoli samedi.
Avec deux joueuses dans le Top 40, plus une jeune ambitieuse (Kristina Mladenovic) qui monte en flèche (51e mondiale) sans oublier Caroline Garcia, 19 ans, qui a fait ses premiers pas dans l'épreuve en gagnant le double "pour du beurre" avec Mladenovic, l'équipe de France peut voir plus loin. "J'espère que c'est une victoire qui va faire du bien à tout le monde et ouvrir la voie vers des choses plus prestigieuses comme la remontée dans le groupe mondial I", constatait Amélie Mauresmo. "On est toujours en division 2 et on a évité le pire. Maintenant on peut voir l'avenir avec un peu plus d'ambitions, avec une équipe qui se forme et se construit tranquillement dans une bonne ambiance. Une place en équipe de France se mérite et chacune peut encore progresser. On est sur un groupe jeune qui a une marche de manoeuvre. Avec cette équipe on peut arriver à remonter dans le groupe I et après, une fois qu'on y sera, viser encore plus haut. Mais ça va se faire petit à petit."
A Limoges en février malgré la défaite contre l'Allemagne, et ce week-end à Besançon, le staff tricolore a sans doute construit de solides fondations. Il ne lui reste plus qu'à les faire grandir.
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