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La soupe à la grimace dans le camp français

Malgré un public chauffé à blanc, malgré toute son envie, Richard Gasquet n'a rien pu faire face à Roger Federer. Il a pourtant tout tenté. Mais lui comme toute l'équipe de France avaient l'air sonné par cette défaite cuisante. Sur le podium de la remise des prix, les larmes des joueurs avaient à peine séché. En conférence de presse, l'ambiance était plus que morose: "J'aurais aimé apporter plus", avouait amèrement le Biterrois. "Déçu", répondait lapidèrement Gaël Monfils en évoquant son état d'esprit.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Arnaud Clément, Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Julien Benneteau derrière le trophée de la Coupe Davis

Il est entré en sautillant, avec une allure de vainqueur. Le public du stade Pierre-Mauroy est entré en fusion. "C'était fabuleux, avec un public à 1000%", se réjouissait Richard Gasquet en conférence de presse. C'est le seul moment de bonheur (relatif) vécu par le Biterrois dans cette dernière journée. "Je ne suis pas content du résultat, de perdre en trois sets. Federer a très bien joué, il était très concentré, n'a pas fait d'erreur. Mais c'est à moi d'être plus fort. J'ai fait beaucoup de fautes en retour, je l'ai parfois laissé jouer. Ce sont des erreurs de ma part. J'aurais aimé apporter plus, donner satisfaction à ce public, jouer quatre ou cinq sets." Tel était l'humeur des Français après leur défaite (3-1) contre les Suisses.

Derrière la déception, il y avait l'admiration de Roger Federer. "Il marchait sur l'eau aujourd'hui", s'enthousiasmait Arnaud Boetsch. "Il était Federer", ajoutait Patrice Dominguez. "C'est un être à part. Richard a fait son match, mais Federer a, pour moi, mieux joué que lors de sa finale victorieuse contre Soderling à Roland-Garros." Mais Stan Wawrinka n'était pas loin: "Il a fait deux matches de mutant. Et les progrès de Stan en 2013 sont à l'origine de ce qui s'est passé aujourd'hui. S'il ne gagne pas l'Australie en début d'année, je ne sais pas si Roger participe à cette campagne de Coupe Davis." Arnaud Di Pasquale, Directeur technique national, ne pouvait qu'admirer: "On ne s'attendait pas à ce qu'ils puissent jouer aussi vite et bien sur cette surface. C'est une surface très exigeante en termes de trajectoire de balle et de glissade.

"L'équipe suisse supérieure"

"Tennistiquement, l'équipe suisse a été supérieure", reconnaissait Arnaud Clément, le capitaine. "Il y a une accumulation de petits détails qui auraient pu faire tourner les matches, et peut-être la rencontre. Mais sur le week-end, ils sont simplement meilleurs." Sur le choix de la surface, il n'avait pas de regret: "Je pense toujours que c'était le bon choix". Sur le choix de mettre Jo-Wilfried Tsonga vendredi sur le terrain, c'est pareil: "Jo avait fait une bonne semaine de préparation complète. Mais l'intensité ont fait réapparaître sa douleur. Il y a un petit côté 'malchance' avec cette récidive. Mais c'est un élément qu'ont ne peut pas contrôler."

Pour beaucoup, l'absence du N.1 français dans le double et dans le simple du jour ont été à l'origine de ce revers cuisant. "J'ai senti qu'à partir du moment où Jo n'était plus en situation de jouer, de tenir son rôle, toute l'équipe a été déstabilisée" avance Arnaud Boetsch. "Il y a eu une faiblesse. Depuis samedi 14h, le match nous a échappé totalement. Sa présence a manqué, la France a moins fait peur." Patrice Dominguez abonde: "Si une équipe de rugby perd son capitaine avant la finale de la Coupe du monde, ça change des choses. L'absence de Jo a déséquilibré le groupe. Les autres joueurs étaient moins rassurés. Ca a créé un petit tremblement de terre au sein de l'équipe de France."

Une gestion de crise défaillante ?

Et ce tremblement de terre n'a peut-être pas été bien géré: "Les Suisses étaient dans tous les sens mardi, mais l'équipe était extrêmement soudée. Ils ont réussi à faire sortir d'eux les griefs, alors que dans l'équipe de France, il manquait un peu d'âme supplémentaire. La tristesse de Jo s'est répandue dans l'équipe", esquisse Arnaud Boetsch. Samedi soir, le forfait de Tsonga pour le double était officiellement dû à une volonté de le préserver. "Je n'avais pas d'infos à donner à l'équipe adverse", expliquait Clément. "S'il y avait une incertitude dans leur tête, il fallait qu'elle y reste le plus longtemps. L'objectif était de préserver le groupe." Mais le capitaine n'exclut pas des erreurs commises: "Je vais m'interroger sur ce que j'aurais pu faire mieux au niveau stratégique avant la rencontre, pendant les entraînements et pendant les matches. C'est très tôt, mais je crois qu'on a fait ce qu'on a pu."

Les quelques sifflets entendus à l'annonce de son nom lors de la remise des prix n'ont pas dû arranger l'état d'esprit de Jo-Wilfried Tsonga: "Quand je suis rentré sur le court (vendredi), j'étais persuadé de pouvoir donner le meilleur de moi-même, cela n'a pas fonctionné. J'ai donné tout ce que j'avais mais mon adversaire a été meilleur. A la suite du match, j'ai commencé à sentir des douleurs plus vives à froid. Je ne savais pas comment j'allais être le samedi matin. Malheureusement, je n'arrivais pas à serrer la raquette samedi matin, je n'étais pas capable de frapper proprement dans la balle."

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