Cet article date de plus de quatorze ans.

Forget rate son coup

La détresse n'empêche pas l'analyse. Au lendemain d'un dimanche noir pour l'équipe de France de Coupe Davis, battue 3-2 en finale par la Serbie, revenons sur le choix crucial de Guy Forget : sélectionner Michaël Llodra pour le 5e match. Léger dans son approche, le capitaine des Bleus s'est trompé. Gilles Simon n'aurait peut-être pas fait mieux. Il n'aurait pas fait pire.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Le masque de Guy Forget, capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis (DIMITAR DILKOFF / AFP)

"Je pensais que +Mika+ était vraiment notre meilleure chance de gagner ce match, je ne veux pas m'infliger cette question maintenant car il est toujours trop facile de dire après que ça aurait pu être différent". Cette question, nous la posons aujourd'hui car la défaite est trop lourde (6-2, 6-2, 6-3) pour s'éviter d'y répondre. Le premier fait important est celui du secret qui n'a jamais entouré l'identité du dernier joueur de simple français. Dès l'entraînement du matin, il ne faisait aucun doute que Forget avait choisi Llodra, bien plus sollicité par le staff tricolore que Gilles Simon, sur la réserve. Et pourtant, la France avait tout à gagner en jouant le bluff jusqu'à la fin du match Djokovic - Monfils pendant lequel Llodra s'était retiré pour se préparer à la fin du premier set. Bête noire de Viktor troicki (4 victoires à 0 et aucun set perdu pour le Niçois), Simon pouvait faire peur et mettre le doute dans la tête du capitaine Bogdan Obradonic. A ce niveau là, dans une finale de Coupe Davis, toutes les fausses pistes se doivent d'être utilisées. A-t-on été trop naïf ? Surement. En face, la Serbie avait joué le jeu en accordant les mêmes conditions et la même charge de travail à Troicki et Tipsarevic puis en cloîtrant les deux joueurs dans les vestiaires. Décidé ou pas, le camp serbe a lui caché ses cartes jusqu'au bout.

Invaincu en quatre rencontres, Gilles Simon était la bête noire de Viktor Troicki

A 99 % certaine de la présence de Llodra pour disputer le point décisif, la Serbie a logiquement agi en conséquence. Compte-tenu du style du Parisien, il apparaissait évident que Viktor Troicki allait jouer. Débarrassé de Simon, le Serbe était le meilleur choix technique. Doté d'un revers excellent et bon relanceur, Troicki allait se régaler sur les services en diagonale de Lldora. Là non plus, ce n'est pas un secret. Sur le circuit ATP, tout le monde connaît la tactique du gaucher français. Quand la surface est rapide (comme ce fût le cas à Montpellier ou à Bercy quand Llodra a brillé), le Parisien se régale en montant presque exclusivement sur le revers de son adversaire. Quand c'est plus neutre comme à Belgrade, ou plus lent, cela devient bien plus difficile car la surface ne laisse guère le temps au volleyeur de monter au filet sans se faire transpercer. C'est que l'on a pu constater dimanche pendant trois manches où le Français s'est enfermé dans une tactique vouée à l'échec. De plus, avec les quatre heures trente du double dans les jambes, "Mika" manquait de gaz pour soutenir son jeu. Les Serbes avaient d'ailleurs remarqué qu'il n'était pas très à son aise samedi malgré la victoire.

Taulier de l'équipe lors des tours précédents, Michaël Llodra n'est pas à accabler. Il a connu un jour sans comme cela arrive chez tous les joueurs. Il est aujourd'hui le plus déçu de la bande et traînera cet échec comme un boulet pendant longtemps. C'est plutôt à Guy Forget de se poser les bonnes questions. Pour le moment, le capitaine défend son choix et regrette l'absence préjudiciable de Jo-Wilfried Tsonga. "J'étais convaincu jusqu'au bout d'avoir fait le bon choix du moment que Mika avait bien récupéré hier soir, confiait-il dimanche. Je ne sais pas si Gilles aurait fait mieux, c'est toujours facile après. Vous pouvez dire maintenant que je me suis trompé. Mais je ne m'attendais pas à ce que Viktor soit si bon. Je n'avais jamais vu quelqu'un retourner +Mika+ aussi bien que Viktor aujourd'hui." Vissé à sa chaise de capitaine depuis 1999 avec une victoire (2001) et trois finales perdus (1999, 2002 et 2010), Forget préfère évoquer l'avenir. Celui d'une équipe en devenir.  "Pour moi c'est la vraie première année pour ce groupe, indique-t-il. Ce n'est pas la fin d'une épopée mais le début d'une nouvelle aventure." Qu'il compte bien mener.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.