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Coupe Davis - Le dernier tour de Yannick Noah

Après cette ultime finale disputée et perdue à Villeneuve-d'Ascq, Yannick Noah reprend sa retraite de l'équipe de France de Coupe Davis. Sur la chaise durant trois campagnes, il aura permis aux Français de reconquérir le Saladier d'Argent, 16 ans après leur dernier sacre. Comme il l'avait déjà fait lors de son premier passage au capitanat, en 1991 pour le légendaire succès à Lyon, 59 ans après le dernier titre conquis par les légendaires Mousquetaires. Il aura encore marqué de son empreinte le tennis français.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Yannick Noah très ému lors de la Marseillaise (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Trois images marquantes. La première, c'est ce 1er tour de Coupe Davis 2016, en Guadeloupe, pour la première rencontre de l'équipe de France délocalisée loin de la Métropole. La deuxième, c'est évidemment ce mois de novembre 2017, lunettes sur le nez, voix cassée d'avoir trop crié, trop encouragé, après la victoire de la France en finale contre la Belgique. Et la troisième, c'est ce week-end à Lille, samedi avant le double, avec les larmes qui coulent sur ses joues durant la Marseillaise. Trois moments qui résument le dernier règne de Yannick Noah à la tête de l'équipe de France.

Une reconstruction loin de l'Hexagone

Rappelé sur les cendres d'une formation déchirée après deux campagnes infructueuses ponctuées par des forfaits et des mésententes, "cap'taine Yann" avait décidé de ressouder tout son monde en allant loin de la Métropole, pour rejoindre la Guadeloupe. Gasquet, Monfils, Simon, Tsonga, tous ses "Mousquetaires" étaient de ce voyage, de ce stage, de cette victoire (5-0) sur un Canada amputé par le forfait de Raonic. Les sourires, l'ouverture aux supporters, les temps semblaient avoir changé. Lucas Pouille allait ensuite faire son entrée dans le groupe, lors de cette campagne conclue à Zadar, par une défaite en demi-finale contre les Croates. Avec un Gaël Monfils forfait de dernière minute et prié de repartir chez lui, comme le signe que les anciens démons n'ont pas disparu avec le "sorcier Noah". 

Yannick Noah au milieu de ses troupes en Guadeloupe pour quelques pas de danse (MIGUEL MEDINA / AFP)

De cette saison, le capitaine en tire une certitude: les prochaines se feront avec ses conditions, ses convictions: "Notre équipe, c'est une quinzaine de personnes. Si certains mettent du temps à comprendre, il faut peut-être que je leur explique mieux que c'est un privilège. On est là pour donner du bonheur aux gens", clamait-il après la défaite. "On peut toujours perdre mais on n'a pas le droit de ne pas être à 100 %." Gaël Monfils ne jouera plus un seul match, entre blessures et choix du capitaine.

Peu à peu, Pouille prend de la place dans l'équipe. En 2017, c'est le Nordiste, chez lui devant sa famille, à Villeneuve-d'Ascq, qui apporte le 5e point victorieux d'un week-end où Yannick Noah aura encore brillé par ses "feelings". En double, il avait envoyé Pierre-Hugues Herbert aux côtés de Richard Gasquet. Choix victorieux alors que l'Alsacien était arrivé du Masters avec un problème au dos qui l'avait "exclu" de la composition en début de stage, et que Julien Benneteau et Nicolas Mahut s'étaient préparés en confiance pour ce sommet. Un drame pour eux, mais la victoire efface tout... ou presque. Les sourires étaient de retour dans une sorte d'aboutissement pour une génération qui courait après ce Saladier d'Argent depuis près de dix ans.

Son feeling et ses larmes

En 2018, Yannick Noah mène ses troupes jusqu'à une deuxième finale. Encore au stade Pierre-Mauroy. Ses choix sont forts: la terre battue est choisie pour recevoir les Croates, Monfils et Simon laissés de côté. Avec le forfait de Gasquet, son N.1, il décide de se passer vendredi de Lucas Pouille, ex N.1 français à la dérive depuis plusieurs mois, pour lancer Jérémy Chardy le vendredi, et Jo-Wilfried Tsonga, son ancien leader revenu en septembre de 7 mois d'absence. Ses options ne sont pas couronnées de succès face à une paire Coric-Cilic bien supérieure. Le capitaine ne peut pas masquer que le coup est rude: "C'était juste un autre niveau", disait-il la voix basse. "Mon joueur a essayé, mais on a juste perdu ces deux premiers matchs contre une meilleure équipe." Un abattement rare de sa part. "On perd 2-0. L'idée maintenant est de rester en vie pour jouer dimanche, mais cela va être dur."

Pas de sourire, pas de blague, l'humeur ne l'y incite pas. Pour sa dernière rencontre sur la chaise, pour cet ultime acte de la Coupe Davis dans sa version plus que centenaire qu'il a défendue jusqu'au bout, Yannick Noah laisse son émotion ressortir. Le samedi, avant le double, pendant la Marseillaise, les larmes coulent. "C'est la première fois que ça m'arrive", explique-t-il quelques heures après en conférence de presse.  "J'ai pensé que c'était la dernière fois que je la chantais comme ça. J'ai pensé à ma mère qui était très fière que je sois capitaine." Une fonction désormais cédée à Amélie Mauresmo. Une nouvelle page qui se tourne pour Yannick Noah, pour le tennis français, pour la Coupe Davis.

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