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Paul-Henri Mathieu, la trentaine rugissante

Il y a dix ans, PHM disputait et perdait contre Mikhaïl Youzhny le cinquième match décisif de la finale de la Coupe Davis France-Russie devant les 15 000 spectateurs incrédules d’un POBP plein comme un œuf. A 30 ans, l’Alsacien revient aujourd’hui à Bercy avec l’état d’esprit d’un jeune loup souhaitant surtout profiter au maximum après deux saisons très difficiles et un retour d’enfer.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Ceux qui étaient présents ce jour-là n’oublieront jamais ! Ils n’oublieront pas le calvaire vécu par Paul-Henri Mathieu, bombardé titulaire d’une équipe de France privée d’Arnaud Clément, pour conclure cette rencontre face à la Russie de Safin et Kafelnikov. Mené deux sets à rien puis deux manches à une et 4-2 dans le quatrième acte, le méconnu Youzhny avait renversé la vapeur pour offrir le premier Saladier d’argent à son pays en profitant de la déliquescence d’un Paulo dont les nerfs avaient lâché. 

Grandeur et décadence

Qui connaît réellement l’impact de cette cruelle défaite sur la carrière de Paul-Henri Mathieu ? A l’époque, le Strasbourgeois a 20 ans et il réalise une saison magnifique avec des succès ATP à Lyon et à Moscou. Il s’offre des victoires de prestige contre Safin ou Sampras (l’ultime échec de la carrière de l’Américain, à Long Island) et passe tout près d’éliminer Agassi en huitièmes de finale de Roland-Garros. Mathieu ne doute pas. Il frappe fort des deux côtés et profite de ses qualités, puissance et endurance, pour progresser au classement. La contre-performance de la Coupe Davis va constituer un coup d’arrêt terrible dans la progression de PHM. Cette défaillance mentale, il va la payer à de nombreuses reprises en s’inclinant souvent dans des rencontres serrées face à des rivaux qui se forcent à y croire à chaque fois. Avec raison la plupart du temps.

Certes le Français ne lâche rien et grimpe même jusqu’au 12e rang mondial (en 2008). Certes il dispute six autres finales sur le circuit -pour deux victoires-. Mais par rapport à son (gros) potentiel, Paul-Henri Mathieu n’aura fait qu’une carrière honnête, loin des ambitions qu’il pouvait entretenir à l’adolescence. Il n’a ainsi jamais dépassé les huitièmes de finale en Grand Chelem et compte juste une demi-finale dans les Masters 1000, contre Nadal en 2005 au Canada. Du gâchis, diront certains observateurs.

Revenu de nulle part

Maintenant, l’Alsacien peut s’enorgueillir d’avoir fait mieux que ça. Son retour sur le circuit après un an et demi de galère s’apparente à une résurrection. Il s’agit d’une fabuleuse histoire pour un compétiteur qui ne pensait plus pouvoir rejouer suite à son opération au genou gauche (après une pubalgie, il avait contracté une arthrose). Durant presque deux ans, du début 2010 à l’automne 2011, PHM a vécu un calvaire beaucoup plus dommageable que sa défaite contre Youzhny.

Persuadé de retrouver les courts, il revient à la compétition fin janvier 2012 grâce à une invitation des organisateurs du tournoi de Montpellier alors qu’il est descendu au-delà de la 700e place mondiale. Depuis, il a remonté la pente pour se rapprocher du Top 60. Il s’est qualifié pour l’Open d’Australie et compte bien prolonger sa vie tennistique quelques années encore. C’est de loin sa plus belle victoire.

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