Cet article date de plus de douze ans.

Nadal sort Tsonga, Murray en souffrance

Au terme d'un match accroché, Jo-Wilfried Tsonga (N.6) s'est incliné en quart de finale du tournoi Masters 1000 face à Rafael Nadal (N.2), qui l'a emporté en trois sets 6-2, 5-7, 6-4. L'Espagnol rencontrera en demi-finale l'Ecossais Andy Murray (N.4) qui a souffert pour éliminer le Serbe Janko Tipsarevic (N.9) 4-6, 6-3, 6-4.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
Le 4e mondial écossais Andy Murray

Jo-Wilfried Tsonga a donc échoué aux portes des demi-finale après une semaine pourtant réussie sur le dur de Miami. Mais une fois encore, le Français, lorsqu'il eut l'opportunité de mettre le doute à Rafael Nadal après être revenu d'une situation mal engagée, n'a pas eu la constance ni la capacité à hausser son niveau de jeu pour conclure.   

Nadal se fait peur

Mais la victoire de Nadal est somme tout logique puisqu'il a très rapidement dirigé les débats. Il semblait même se diriger vers une victoire facile, profitant des  nombreuses erreurs du Français (53 fautes directes), mais il s'est  considérablement compliqué la tâche en perdant son service alors qu'il servait  pour le match à 5-4 dans la deuxième manche. Le Français laissait l'impression de ne pas pouvoir renverser la situation et c'est en fait Nadal qui l'a fait pour lui. Servant précisant pour le match à ce moment là, l'Espagnol, crispé au service (double faute pour donner deux balles de débreak), a sorti un jeu catastrophique qui a remis Tsonga en selle. 

 Nadal a fait le break en début de deuxième manche mais Tsonga a commencé à  sortir de sa torpeur et à mettre un peu plus de pression sur l'Espagnol, qui  lui a concédé plusieurs balles de débreak, une à 3-2 puis deux à 4-3. Tsonga en a gâché une sur une amortie de fond de court complètement ratée  alors qu'il dictait le point à coups de gros coups droits décroisés. Mais dans un sursaut d'orgueil alors qu'il était sur le point de sortir piteusement de ce match,  Tsonga parvenait à effacer son break de retard et, deux jeux plus tard, empochait la deuxième manche sur le score de 7-5 d'un énorme retour de coup droit.    

Jo-Wilfried  Tsonga a fustigé le juge de chaise, estimant en substance qu'il fermait  les yeux sur des balles litigieuses pour ne pas contrarier le N.2 mondial. Juste après la perte de son service à 4-4 dans le troisième set, Tsonga l'a pris à parti lors du changement de côté en accusant  l'Argentin Damian Steiner de ne pas oser juger faute des balles de Nadal et de  ne pas utiliser ses facultés de contredire un juge de ligne ("overrule")."Je me suis plaint parce que durant tout le match, j'ai dû 'challenger'  (demander le recours à l'arbitrage vidéo) et que j'ai très souvent eu raison. Il n'a jamais pris l'initiative (de  déjuger) quand c'est Rafa et c'est tout le temps pareil. Si la balle est  vraiment près de la ligne, il ne va jamais dire qu'elle est faute contre Rafa.  Mais contre moi, oui. Parce que si Rafa ne l'aime plus, il n'arbitrera plus des finales ou des demi-finales. Parfois ce n'est pas juste....Moi je dois prendre une décision (de demander l'arbitrage vidéo) mais lui  il ne prend jamais de décision. Il donne le score. C'est pour ça que ça  m'énerve parfois, a poursuivi le Français. C'est le double de travail pour moi:  je dois jouer mais en même temps surveiller les lignes. Après, ça te monte à la  tête et tu peux perdre ta concentration à cause de ça."

La dynamique du match avait changé en l'espace de cinq minutes, Nadal  laissant Tsonga reprendre confiance en additionnant les erreurs. Dans la dernière manche, le jeu n'a plus rien eu à voir avec le début de match. Tsonga était redevenu le joueur offensif qu'il est d'habitude et Nadal a paru vulnérable, sauvant une balle de break avant d'égaliser à 3-3 se faisant  soigner le genou gauche lors de deux changements de côté. Solide et entreprenant, le Français a tenu facilement son service d'airain  jusqu'à 4-4, où il a offert à Nadal la possibilité de prendre un avantage  décisif en faisant une double faute. Dans le jeu suivant, les rôles s'inversaient et Tsonga effaçait à son tour une balle de break. Mais à 4-4, il cédait son service et Nadal avait une nouvelle fois l'occasion de servir pour le gain du match. Cette fois, l'Espagnol ne laissait pas passer l'occasion de conclure, même si Tsonga repoussait l'échéance en sauvant deux balles de match.Nadal s'imposait après 2h49 de jeu, au terme d'une bataille qu'il ne pensait pas aussi acharnée. 

Murray s'en sort

Pour une place en finale, l'Espagnol retrouvera un adversaire qu'il connaît bien en la personne d'Andy Murray. Pour son cinquième tournoi de la saison, s'est qualifié pour sa quatrième demi-finale, en venant à bout de Janko Tipsarevic (N.9) 4-6, 6-3, 6-4 après 2h38 de match. Après son élimination d'entrée à Indian Wells, l'Ecossais a également souffert mais ne s'est pas laissé surprendre.

Si Andy Murray est sans doute l'un des meilleurs joueurs en retour du circuit, ne pas bien servir demeure un handicap. Même pour lui. Avec un très faible 47% de 1res balles au cours de son quart de finale, il s'est placé en situation de voir sa place dans le dernier carré contestée. Et Janko Tipsarevic, qui n'est pas le premier venu, en a bien profité. Dominateur en début de match, le Serbe a su mettre une grosse pression sur les deuxièmes balles adverses pour se procurer cinq balles de break en 1re manche, pour en concrétiser trois, soit une fois de plus que son adversaire qui avait fait 100% (2 breaks sur 2 opportunités) pour décrocher ce premier acte 6-4. La suite était beaucoup moins simple pour le 9e mondial, cueilli par le réalisme adverse (3 balles de break obtenues dans le 2e set, 3 breaks réalisés) pour concéder le 2e set (6-3). Faisant la course en tête dans la dernière manche, Murray parvenait, dans la douleur, à conserver le seul petit break qu'il était parvenu à faire pour l'emporter après 2h38 de jeu 4-6, 6-3, 6-4. 

Si son service continue à jouer les intermittents, Andy Murray a bien du souci à se faire, et il a même peu de chances de se qualifier pour sa troisième finale de la saison. Car face à Rafael Nadal (N.2), il ne faudra pas laisser trop de points en route.

Résultats

Andy Murray (GBR/N.4) bat Janko Tipsarevic (SRB/N.9) 4-6, 6-3, 6-4
Rafael Nadal (ESP/N.2) bat Jo-Wilfried Tsonga (FRA/N.6) 6-2, 5-7, 6-4

Rafael Nadal (ESP/N.2,  qualifié pour les demi-finales): "Cela n'a pas été un de mes meilleurs matches, c'est certain. Je n'ai pas très bien joué. J'ai bien commencé le match et Jo a fait plus d'erreurs que d'habitude, ce qui m'a facilité les choses, mais après que j'ai fait le break dans la deuxième manche, il a mieux joué et moi j'ai commencé à me recroqueviller en défense et j'ai très mal joué au moment de  servir pour le match. Je suis quand même content de mon troisième set, même si quand j'ai servi pour le match j'ai forcément repensé à ce qui était arrivé au  deuxième set. J'ai un problème au genou gauche. Je ne me sens pas bien, je ne  sais pas trop ce que le prochain match va me réserver car je ne serai pas dans  les meilleures conditions. Contre Andy (Murray en demi-finale), il va falloir  que mon genou aille bien sinon je n'aurai aucune chance."

Jo-Wilfried Tsonga (FRA/N.6, éliminé en quart de finale): "Je ne suis pas  très content de la manière dont ça s'est passé, je n'ai pas très bien joué. J'ai eu du mal à entrer dans le match car j'ai mis deux sets à m'habituer à la  surface, qui était beaucoup plus lente sur ce court que sur ceux où j'avais  joué jusqu'alors dans ce tournoi. Je suis juste énervé, je ne veux pas me  contenter d'être passé juste à côté... Je l'ai déjà battu, c'est le genre de  joueurs qui sont quand même à ma portée. Quand j'ai autant d'occasions de le  faire et que je ne le fais pas, ça m'énerve. Je me rends compte que je  progresse quand même. Je suis déçu et énervé car j'aurais pu gagner ce match  mais il y a quelques années, j'aurais perdu de match 6-3, 6-4. Là j'ai quand  même eu les ressources pour revenir au score. Je suis là jusqu'à la fin. Avant,  il y avait des matches où je perdais un peu de ma lucidité et je faisais un peu  n'importe quoi en voulant bien faire. Là, même dans l'adversité, j'ai essayé de  rester lucide. Il m'a fait du 'Rafa', il a été très solide. Il peut certainement mieux jouer que ça."

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