Nadal, l'arme toujours fatale
Vingt-deux victoires consécutives, c'est le record (à cheval sur les deux années) établi en ce début de saison par Novak Djokovic. En remportant le tournoi d'Indian Wells, Rafael Nadal a porté sa série d'invincibilité à quinze. Après huit mois hors du circuit à se soigner, et en ayant débuté l'année qu'en février dernier, il a déjà remis la barre très haute. Il aurait même pu être déjà à dix-neuf succès si l'Argentin Horacio Zeballos ne l'avait pas battu en trois manches en finale à Vina del Mar, lors de son tournoi de rentrée.
Une tournée sud-américaine sans ténors
Ce simple comparatif statistique est néanmoins trompeur. Pour revenir à la compétition, l'ancien N.1 mondial a choisi la terre-battue et une tournée sud-américaine à laquelle les tout meilleurs joueurs du monde ne participent pas. Un choix logique pour épargner son genou, cause de son arrêt, et pour retrouver des sensations sur sa surface de prédilection. Mais alors que le Serbe a réalisé sa série en gagnant l'Open d'Australie, puis Dubaï, après avoir remporté sans fausse note (0 défaite) le Masters en 2012 en croisant ce qui se fait de mieux, l'Espagnol a aligné les victoires contre de plus modestes joueurs. Avant Indian Wells, il n'avait croisé que deux joueurs du Top 20, ses compatriotes Almagro et Ferrer, lors du tournoi d'Acapulco.
Mais dans le désert californien, Rafael Nadal a prouvé qu'il était sur la bonne voie. Ses adversaires pointent toujours quelques hésitations sur certains déplacement, mais pour son premier tournoi sur dur depuis sa blessure, il a marqué son terrain. Gulbis, écarté en trois manches, Federer, souffrant du dos, mais surtout Berdych et Del Potro, tous ces gros serveurs, tous ces gros cogneurs ont pu constater que l'Ibère avait du répondant. Sa technique n'a pas bougé, c'était certain. Et son physique est déjà plus que correct. Pour preuve, les 2h29 passées en finale contre l'Argentin, après être resté 1h45 contre Berdych, et encore 2h30 contre Gulbis. Nadal a enchaîné. Sans faiblir. Et le physique, cela compte énormément dans chacune de ses victoires. C'est d'ailleurs son premier titre sur dur depuis deux ans et demi (victoire à Tokyo en 2010). Et c'est la première fois dans sa carrière qu'il remporte trois tournois au cours des trois premiers mois de la saison.
Un mois de travail avant son travail de forçat sur terre
"Sérieusement, c'est impossible de faire mieux non ?", interrogeait-il à l'issue de sa victoire californienne. "C'est quelque chose d'incroyable." Et à le voir s'écrouler sur le sol après la balle de match, ce succès était une sacrée libération, un sacré test passé majestueusement: "A ce moment-là, tu te souviens de tous les bas, de tous les doutes que tu as eus. Quand tu essaies tous les traitements et que tu vois que les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances, ton moral en prend un coup. Tu te demandes quand et où tu vas pouvoir rejouer." Bien conscient que son physique sera le nerf de la guerre pour ses futures années sur le circuit, le Majorquin ne veut plus l'hypothéquer. En tout cas, pas pour le moment. C'est pour cela qu'il a déclaré forfait à Miami: "Je ne pensais pas que j'allais jouer tous les matches possibles", justifiait-il. "Les médecins m'ont dit de rentrer me reposer avant de reprendre l'entraînement. Je manque encore de puissance dans ma cuisse gauche."
Après avoir énormément travaillé durant les 8 mois de "repos" tout en se soignant, Rafael Nadal savait que sa condition physique lui permettrait de jouer un rôle à son retour. A Indian Wells, les conditions de jeu ne sont pas ultra-rapides, ce qui a également favorisé son jeu. En faisant l'impasse sur Miami, il se tourne directement vers la saison sur terre-battue. Un moment crucial puisqu'il devra y défendre 4590 points (sur 5500 possibles) en étant tenant des titres de Monte Carlo, Barcelone, Rome et Roland-Garros. Il lui reste un mois de travail pour atteindre son niveau rêvé et revenir sur le circuit, dans sa deuxième maison qu'est Monte-Carlo où il tentera d'enchaîner un 9e sacre consécutif. Il en sera sans nul doute le grand favori.
Vidéo: Rafael Nadal à l'entraînement à Manacor le 26 décembre 2012, un mois et demi avant son retour à la compétition Voir la video
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