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Nadal, et maintenant ?

Vainqueur de son 8e Roland-Garros quatre mois après son retour à la compétition, Rafael Nadal a décidé de faire l'impasse sur les tournois préparatoires à Wimbledon. A 27 ans, la référence absolue sur terre-battue va devoir s'adapter rapidement aux surfaces rapides, lui qui n'a joué qu'un seul tournoi hors de le terre depuis un an. Avec quels objectifs ?
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
L'Espagnol Rafael Nadal

Rafael Nadal a défié tous les pronostics. Sept mois d'absence ne l'ont pas éloigné de son meilleur niveau. Défait seulement deux fois depuis son retour sur le circuit, il a empoché un 8e Roland-Garros, ce que jamais personne n'avait réalisé. Certainement lui-même rassuré sur sa capacité à retrouver sensations et rendement, le Majorquin doit maintenant enchaîner, en changeant de surface. Le gazon, puis le dur, voilà ce qui l'attend, lui qui n'a disputé qu'un seul tournoi hors terre-battue cette saison (à Indian Wells pour une victoire). Conscient que son corps n'est plus l'increvable machine passée, il a décidé de ne participer à aucun tournoi sur gazon avant d'arriver à Londres. A-t-il les moyens d'être aussi ambitieux qu'avant sur les surfaces plus rapides ?

Aucun titre après Roland-Garros depuis 2010

Depuis l'US Open 2010 et son troisième sacre de la saison (Roland-Garros, Wimbledon, US Open), Rafael Nadal n'a plus gagné le moindre titre en Grand Chelem hors de Paris. Depuis cette année 2010, il n'a plus rien gagné après Roland-Garros. Novak Djokovic lui a barré la route en finale à Wimbledon, US Open et Australie à cheval entre 2011 et 2012, et Wimbledon 2012 restera comme sa dernière sortie avant sa longue convalescence, conclue dès le 2e tour face à Rosol. Pour être couronné une 3e fois à Londres (après ses succès en 2008 et 2010), il aura une énorme concurrence: Djokovic revanchard après être passé si près de la victoire contre lui, Andy Murray, qui a pris de l'avance sur gazon après son forfait à Paris et rêve des rester maître chez lui à la suite de son sacre olympique, et les autres Roger Federer, tenant du titre, Juan Martin Del Potro, Jo-Wilfried Tsonga... La liste est imposante. Mais le Majorquin fait de nouveau peur. 

Et il n'aura aucune pression sur cette deuxième moitié de saison, qu'il n'avait pas disputée l'an dernier. Aucun point à défendre, que des points à prendre, il peut légitimement envisager d'ambitionner la place de N.1 mondial. A condition de récupérer physiquement, de ne pas trop souffrir du genou, et de connaître un été plus glorieux que par le passé. Ces trois dernière saisons, l'Espagnol n'a jamais remporté le moindre tournoi après Roland-Garros. Et dans toute sa carrière, il a rarement fait des étincelles lors de la tournée américaine (seulement deux victoires au Masters 1000 de Montreal en 2005 et 2008, une victoire à l'US Open 2010 et une finale en 2011). Le problème va être d'autant plus aigu que le dur ne va pas arranger ses soucis de genou. Les bloquages, la vitesse des échanges, rien ne va dans son sens. Sa victoire à Indian Wells, en mars, pour son seul tournoi disputé hors terre-battue, s'explique en partie par la lenteur des courts dans le désert californien. Et ce n'est pas un hasard si Rafa n'a jamais remporté le Masters, n'atteignant qu'une fois la finale. Souvent fatigué, il n'est jamais apparu au meilleur de sa forme en cette fin de saison. Sa longue absence et son obligation de ménager son corps modifieront-ils ces habitudes ? Le Masters, c'est l'un des rares titres qui manque à son palmarès, et il a sans nul doute envie de combler cette absence. 

Le Taureau de Manacor plus sage à l'avenir ?

Au-delà, l'ancien N.1 mondial est sans nul doute dans l'expectative. Certes, il n'a que 27 ans. Mais son niveau d'engagement, son jeu tout en force, ses problèmes de genou, tout cela ne plaide pas pour une carrière à rallonge. Si à 31 ans, Roger Federer a décidé d'alléger son programme malgré un jeu plus fluide et moins traumatisant, c'est qu'il sait que pour durer un peu plus, il doit se ménager. Rafael Nadal est déjà face à ce dilemme: moins jouer pour mieux jouer. C'est contraire à son caractère. Dans l'absolue, il peut envisager de battre le record de 17 tournois du Grand Chelem du Suisse, lui qui en a déjà 12 à son compteur, il peut envisager de redevenir champion olympique à Rio en 2016, il peut gagner encore un 9e et un 10e Roland-Garros. Cela dépend d'abord de lui et de son corps, mais aussi de ses rivaux. Novak Djokovic est clairement tout proche de lui sur terre-battue, et sans doute supérieur ailleurs. Et si les Murray, Del Potro, Federer sont moins blessés et plus constants, si les Tsonga, Berdych et Gasquet poursuivent leur progression, si la génération montante (Dimitrov, Janowicz, Paire, Raonic, Klizan) confirme son gros potentiel, ils sont autant d'obstacles pour l'Ibère. Réaliser le Grand Chelem, ce qu'il a failli faire en 2010, semble désormais inatteignable.

Et dans toute l'Histoire du sport en général, du tennis en particulier, les jeunes joueurs se construisent pour vaincre la référence. Et ils trouvent des antidotes. Tous les plus grands ont connu ce déclin. Rafael Nadal le vivra un jour. La seule question: quand ?

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