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Madrid annulé, Rome menacé : le tournoi de Roland-Garros est-il fragilisé ?

Après l'annulation ce mardi du Masters 1000 de Madrid, et les questions qui entourent la tenue du tournoi de Rome, la saison sur terre battue semble très compromise. Au point de remettre en question la tenue de Roland-Garros ? Le Grand Chelem parisien doit débuter le 27 septembre prochain mais les doutes pèsent entre risques sanitaires et calendrier de plus en plus difficile à tenir.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Roland-Garros reporté à cause du Covid-19 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / MAXPPP)

Le temps de l’auto-satisfaction doit sembler bien loin dans le petit monde du tennis français. Il y a quelques mois, Roland-Garros avait été le premier tournoi du Grand Chelem à reporter son édition à l’automne et, ainsi, à s’assurer une place dans le calendrier au regard d’un printemps qui s’annonçait dévastateur. L’annulation de Wimbledon, puis les nombreux doutes qui ont entouré – et qui entourent toujours - la tenue de l’US Open fin août, ont confirmé les organisateurs du Grand Chelem français dans leur choix initial. Mais ces dernières semaines, les perspectives se dégradent. Le capharnaüm autour des quarantaines au retour de New York, les critiques décomplexées des joueurs sur l’organisation du calendrier, et ce mardi, l’annulation du tournoi de Madrid… L’édifice du court Philippe-Chatrier semble reposer sur des piliers de plus en plus fragiles.

Madrid, une absence compromettante

L’annulation du tournoi de Madrid ne faisait plus guère de doute ces derniers jours. La recrudescence des cas dans la région de la capitale espagnole affaiblissait quotidiennement le maintien du Mutua Open. "Nous ne sommes pas très optimistes. On doit accepter que la santé demeure toujours la propriété" avait dit Feliciano Lopez, le directeur du tournoi, il y a quelques jours. Les autorités locales avaient recommandé l’annulation de cette édition, sur demande de l’organisation elle-même. Dépassée par une crise sanitaire qui n’a finalement pas ralenti autant qu’elle l’avait planifié, Lopez et les têtes pensantes madrilènes a préféré faire une croix sur 2020 plutôt que de risquer un fiasco.

Le précédent de l’Adria Tour – exhibition organisée au début de l’été dans les Balkans, théâtre de contaminations en cascade - semble avoir des répercussions bien plus lointaines que les seuls déboires du numéro un mondial Novak Djokovic. Le format du circuit mondial, où les joueurs sont amenés à voyager de pays en pays, de continent en continent, d’une semaine à l’autre, rend le tennis éminemment plus fragile que d’autres sports comme le football ou la NBA. L'ATP a d'ailleurs précisé dans la foulée de l'annulation du tournoi de Madrid, que le calendrier de septembre serait de nouveau modifié dans les jours à venir. 

Rome n’est d'ailleurs pas non plus certaine d’accueillir son édition 2020. Le Masters 1000 italien existe avant tout comme épreuve de préparation à Roland, or sans son acolyte madrilène, c’est toute la tournée de préparation qui se retrouve en partie phagocytée. Quelle valeur donner à une tournée de terre battue d’une semaine seulement ? Rome ne risque-t-elle pas d'être boycottée sans Madrid ? 

De plus, le tournoi est menacé depuis quelques semaines déjà en raison des conditions d’entrée sur le territoire italien. Contrairement à son voisin espagnol, le Masters de Rome n’est pas parvenu à négocier avec les autorités gouvernementales pour adapter la quarantaine prévue pour les joueurs en provenance de l'US Open et de New York. A ce jour, celles et ceux qui viendront dans la Grosse Pomme devront rester cloîtrés pendant quinze jours à leur arrivée en Italie, ce qui leur ferait manquer le tournoi ainsi que le début du Grand Chelem parisien. Autant dire que, si les choses n'avancent pas, ceux qui iront à New York n'iront pas en Italie, et vice-versa.

Il y a donc désormais un absurde trou d’une semaine dans une calendrier où de nombreux tournois ont dû se retirer pour garder un semblant de cohérence. Le Masters de Rome sera ainsi le premier – et le seul – tournoi de préparation sur terre battue, avec le tournoi mineur de Kitzbühel.

Que vaut Roland-Garros sans saison de terre battue ? 

Les cadors du circuit sont donc censés débarquer à Roland-Garros avec seulement cinq matches de terre battue dans les jambes et une semaine de compétition, deux pour ceux qui feront le déplacement en Autriche. Est-ce une préparation digne de ce nom ? La terre battue, hormis éventuellement pour les spécialistes, n’est pas une surface aussi facilement assimilable que le ciment. D’autant que l’ocre parisien ne ressemblera pas vraiment à la surface qu’on connaît : septembre et mai n’offrent pas les mêmes conditions météo, et il faudra du temps aux joueurs pour se faire au jeu sur terre version début d’automne.

La déclaration d’Andy Murray, il y a quelques jours, résume bien le flou dans lequel nagent les meilleurs joueurs du monde au moment d’aborder cette fin d’été très particulière :  "Si c’est le cas (qu’une quarantaine soit nécessaire à l’entrée de l’Italie en revenant de New York, ndlr) et si vous réussissez bien à l’US Open, vous ne pouvez pas arriver à Roland-Garros le dimanche pour débuter le tournoi le lundi. Cela ne fonctionnera pas". 

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