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Gaël Monfils le bienheureux

Gaël Monfils est en grande forme. Après sa victoire à l'ATP 500 de Rotterdam il y a quelques jours, il impressionne de nouveau cette semaine à Dubaï. Au-delà des résultats, c'est la sérénité affichée dans son jeu et la régularité de son investissement qui étonnent. Monfils semble avoir enfin trouvé son équilibre.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
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Temps de lecture : 5min
  (REMKO DE WAAL / ANP)
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Gaël Monfils manie l’art du contre-pied à la perfection. Faites de lui un outsider à Roland Garros et il sort dès le premier tour par la petite porte. Oubliez-le, rangez-le parmi les estropiés du circuit après ses blessures à répétition, et il claque une demi-finale en Grand Chelem. Le Français passionne, agace, déçoit ou émerveille. Génie fantasque pour certains, talent gâché pour d’autres, Monfils n’a jamais vraiment brillé par sa constance…sauf peut-être ces dernières semaines. Victoire à Rotterdam, semaine impeccable à Dubaï et, au-delà des résultats, une impression de sérénité inédite. Gaël Monfils semble, enfin, avoir trouvé son équilibre.

Être en bonne santé, cet autre défi

On se désole souvent de voir un athlète accumuler blessures sur blessures. Mais peu se posent la question de la difficulté de se sentir bien. Gaël Monfils a mis du temps, dix ans de carrière, mais il a fini par s’en rendre compte : être en pleine possession de ses moyens est aussi difficile, voire plus, que d’être blessé. "En grandissant,  explique-t-il à l'Equipe, je me rends compte de la difficulté qu’il y a à dire qu’on se sent bien." Blessé, Monfils provoquait la compassion, l’encouragement, le soutien. Il était le malchanceux du clan français. Le grand talent à la poisse monumentale. Quelle carrière aurait-il eu sans ses pépins ? Qui pourrait l'arrêter s'il était 100% ? Voilà le type de questions qui lui retombaient dessus, comme une gifle, quand il revenait de l’infirmerie. Car il y avait alors des attentes démesurées à satisfaire. Le poids d’éventuelles contre-performances alors qu’il était en pleine forme lui pesaient, avant même les premiers coups de raquette d’un match. "On peut le dire (qu’on se sent bien, ndlr) mais rendre 2 et 2." D’autres n’en auraient eu cure. Lui faisait une montagne de ce que les médias, les spectateurs ou les fans pensent de lui. Et il en prend conscience aujourd’hui. "On a le droit de se sentir bien et de perdre. Il n'y a pas de honte à être moins fort" estime-t-il. 

Il poursuit son raisonnement dans un rare introspection pour un sportif de haut niveau : « Il y a différentes périodes dans la vie, philosophe-t-il dans les colonnes de L’Equipe. "La vie d’un sportif est facile de l’extérieur. De l’intérieur, on a nos humeurs, notre vie à côté, des choses qui nous touchent. Certains arrivent à bien les bloquer, d’autres moins. Quand j’étais plus jeune, j’avais vachement de mal si j’avais un problème avec ma famille, avec mes anciennes copines. Je suis quelqu’un de sensible, j’ai appris à comprendre que j’étais sensible et que j’avais du mal sur certaines choses. Je l’ai travaillé et je me suis renforcé."

Sérénité mentale 

D’où vient le déclic ? "J'ai beaucoup parlé avec une personne en dehors du tennis en fin d'année, assure-t-il. Notre sport est très dur mentalement. On a un masque. Cette personne m'a aidé à comprendre pas mal de choses assez simples. Elle m'a appris à avoir encore plus de naturel. Elle m'a aidé à vraiment croire en moi. Il y a des choses que je fais bien, d'autres que je ne fais pas bien du tout et j'essaie d'en prendre conscience chaque jour et à chaque entraînement."

Beaucoup pointent l’épanouissement nouveau qu’il a trouvé avec sa nouvelle compagne, la 6e mondiale Elina Svitolina. Lui ne nie pas : "Avec Eli, on est heureux, vraiment, confie-t-il au Parisien. On s’est bien trouvés, on vit pleinement notre amour, on ne se prend pas la tête. Il y a plein de messages de bonheur derrière tout ça." Mais elle lui rappelle aussi ce qu’il demeure, au-delà de la sérénité, du sérieux, de l’investissement : un amoureux du spectacle. Il avoue admirer "ce qu'elle fait, comme elle travaille, la mentalité qu'elle a", mais affirme s'en distinguer : "Tout ça ce n’est pas pour moi. Elle est trop sérieuse pour moi. C’est sa méthode. C’est comme ça qu’elle en est arrivée là. Même pour devenir meilleur, ce n’est pas moi”. Pas la même routine donc, mais une association qui porte ses fruits. 

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