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Federer: "Tellement espéré gagner ici"

Vainqueur pour la première fois du BNP Paribas Masters de Bercy, Roger Federer évoquait sa "fierté" et son bonheur de soulever ce trophée "très lourd. J'ai failli avoir un claquage au biceps." Heureux, forcément: "C'est incroyable de gagner ici à Bercy. Je l'ai tellement espéré depuis dix ans." Et comme Tsonga, il estimait que "les deux premiers jeux ont peut-être décidé du sort de la rencontre."
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Roger Federer avec le trophée du BNP Paribas Masters de Bercy

Pouvez-vous décrire votre émotion après votre victoire ?
Roger Federer: C'est incroyable de gagner ici à Bercy. Je l'ai tellement espéré depuis dix ans. J'ai eu tellement plus de succès que je n'avais rêvé. Je suis surtout satisfait d'avoir si bien joué cette semaine. Je ne pourrais pas être plus heureux. Mais j'étais tellement content après mon super match contre Berdych que j'avais déjà un peu l'impression d'avoir gagné le titre. Ce matin, en me réveillant, j'étais très nerveux, très crispé, et mon rhume n'arrangeait rien. Mais je me suis souvent trouvé dans cet état là avant une finale, et c'est souvent là que j'ai pratiqué mon meilleur tennis. Après la balle de match, j'ai ressenti une forme de relâchement, de fierté, et avec ce public qui a été sympa avec moi toute la semaine et toutes ces années. C'est vraiment une victoire spéciale.

Pensez vous que votre pause de six semaines explique votre bonne forme depuis quinze jours ?
RF: Rétrospectivement, c'était une bonne programmation. Mais je planifie toujours à long terme. Même si cela n'avait pas marché, que j'avais perdu rapidement à Bâle, que j'avais dû lutter ici, que j'étais tombé à Londres, cela aurait été une bonne chose, honnêtement, pour la saison prochaine. Objectivement, un athlète et une personne doivent avoir des objectifs à long et à court terme. J'ai les deux. Certaines fois, il faut faire des impasses. Je sais combien c'est dur, je sais combien il faut lutter pour être là. Tout a parfaitement fonctionné pour moi. J'arrive à Londres avec énormément de confiance. Je n'espère qu'une chose: ne pas avoir deux prochains jours mauvais, car je suis un peu malade."

Les deux premiers jeux déterminants

Beaucoup d'observateurs disent que vous jouez votre meilleur tennis de l'année depuis quinze jours. Qu'en pensez-vous ?
RF: "Je joue probablement mon meilleur tennis depuis une longue période. J'ai bien joué quelques fois aussi. Je pense que j'ai passé de bons moments, durant lesquels j'ai bien joué, comme à Wimbledon, à Roland-Garros. Mais j'aurais pu faire mieux. J'ai connu des défaites difficiles, mais je savais que la saison n'était pas finie. Je peux encore la terminer très haut, et j'espère pouvoir le faire."

Vous avez rapidement commencé la rencontre en menant 4-1. Pensiez-vous que cela démoraliserait Jo ?
RF: "Cela a été quatre jeux énormes pour moi, parce qu'il a eu des balles de break dans le premier jeu, et j'ai alors réalisé quelle intensité, quelle énergie, et quelle agressivité il allait mettre dans le match. Mais je suis revenu dans le jeu. J'étais très content de voir son retour sortir à 30-40, mais il a ensuite commencé son jeu avec deux aces. Ces deux premiers jeux ont peut-être décidé du reste du match. C'est fou de dire cela, mais cela m'a donné une énorme confiance et cela m'a mis dans le bon sens. J'ai pu remporter le 1er set 6-1, mais Jo est toujours capable de revenir quand il est dos au mur. Je devais le maintenir sous pression en jouant très agressivement."

Vous avez obtenu de nombreux trophées dans votre carrière. Pourriez-vous nous expliquer ce que celui-là représente ?
RF:" Je ne sais pas encore... On en reparlera l'année prochaine quand je reviendrai. Mais je peux vous dire une chose : il est très lourd. J'ai failli avoir un claquage au biceps. J’en ai eu un ou deux dans ma carrière. A Gstaad, j'en ai eu un tellement lourd que je pouvais à peine le soulever, on aurait dit un rocher. C'est de l'acier, alors vous imaginez la force que j'aie ! (rires)"

"Une année solide"

Vous avez déclaré sur le court que vous aviez fini la nuit avec votre fille dans votre lit. Cela vous est déjà arrivé par le passé ?
RF: "C'est arrivé beaucoup de fois avant. Bon, c'est vrai que cette année, je n'ai pas fait 25 finales, et mes filles n'ont que deux ans. Mais c'est déjà arrivé souvent. J'espérais que cette nuit se passerait bien. Et puis, je me revois en train de courir avec Mirka dans la chambre, pour vérifier si tout allait bien. Et Mirka me dit qu'on la prend dans le lit, donc moi je discute pas, surtout pas à 4h du matin."

Jo...
RF: Non, Jo n'était pas dans le lit. (rires)

Roger, que manque-t-il à Jo pour entrer dans le Top 5 ?
RF: "Pas grand-chose. Il y est déjà pour moi. Entre le 5e mondial et le 20e, c'est assez similaire, c'est très serré. Dans les huit premiers, on profite des tirages au sort. Mais il a largement le talent pour être dans les cinq. Ce n'est pas le problème."

Vous n'avez pas remporté de tournoi de Grand Chelem cette année. Cette victoire est-elle une réponse aux doutes émis vous concernant ?
RF: "Je m'en fous. Sérieusement, je ne joue pas pour prouver aux journalistes. Je joue pour moi, pour mes fans, pour mon équipe, pour la Suisse. Mais c'est compréhensible d'être critiqué. Mais je comprends moins les critiques basées uniquement sur 2h de match en oubliant les dix années passées et les mois à venir. Honnêtement, il faut vraiment beaucoup aujourd'hui pour me perturber de mon plan, pour perdre la tête. Je suis toujours resté calme, je ne me suis vraiment jamais senti sous pression cette année parce que je crois que j’ai gagné plus que 60 matches d'affilée contre des joueurs en dehors du top 20. J'ai rarement perdu dans les tournois récemment. Pour moi, c'est une année solide avec des moments très difficiles car j’ai perdu des matches que je n’aurais jamais dû perdre. En perdant ceux-là, j'ai pris quelques occasions immenses pour faire d'autres trucs. C'est une année un peu comme cela. D'autres années, j’avais plus de chance. J'espère que je peux reproduire un beau tennis. Si j'arrive à faire comme cette semaine, tout est possible."

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