Dans lenfer populaire de Bercy
![](https://www.francetvinfo.fr/pictures/U1-TiejPS7A1bHQnWxVyGoNv9l0/100x100/2024/04/08/logosport1-6613a34733c2a135257445.png)
![ ](https://www.francetvinfo.fr/pictures/U9Bj1thSv95KpWbBsk_9U7g-1mw/0x0:920x518/432x243/2021/04/27/6087b29d5c8af_5f1eb334eb116_generic-image.png)
Des sifflets, des cris, du chahut. Le public du tournoi de Bercy est du genre frondeur. Quelques frasques populaires ont en tout cas fait sa renommée. Pourtant triple vainqueur de léuve (ce qui est un record), Boris Becker avait dit un jour : "Je ne sais pas si je reviendrai dans ce zoo. Il faut que je demande à ma femme." Loin du stade Roland-Garros bien planté dans le 16e arrondissement de Paris, le Palais Omnisports de Paris-Bercy, à deux pas du ministère de lEconomie, a souvent joué la carte du peuple, et longtemps tourné le dos au "bling-bling". Né en plein cur de la démocratisation et lémancipation du tennis en France dans les années 80 (première édition en 1986), la deuxième épreuve parisienne na pas mis longtemps à faire parler delle.
Dans cette salle moderne (à lépoque), Henri Leconte a vécu la soirée la plus longue de sa vie, le premier accroc dans le monde si policé du tennis. Bien pire que sa défaite en finale de Roland-Garros contre Mats Wilander quelques mois avant. Sa phrase prononcée alors à Auteuil ("jespère que vous avez maintenant un petit peu compris mon jeu") a laissé des traces. Opposé au 1er tour à lenfant terrible du tennis mondial, John McEnroe, "Riton" subit un terrible affront sur ses terres : à léchauffement, ses frappes sont sifflées, celles de lAméricain applaudies. Et durant tout le match, il se trouve en territoire hostile, avec une défaite en deux manches (7-5, 6-1) à la clé.
Henri Leconte na pas été le seul à subir les sifflets de la salle, ni même le seul Français. En 1996, Cédric Pioline est à son tour sa cible, après sa défaite en trois manches contre Yevgueny Kafelnikov, vainqueur en juin de Roland-Garros. Et cest par un bras dhonneur à ladressedune partie du public que le N.1 français quitte le court. Ce qui ne la pas empêché, quelques années plus tard, de devenir directeur du tournoi.
Trois ans avant, "coupable" de bénéficier dun service trop rapide pour ses adversaires et donc auteur de trop daces au goût de la populace, Goran Ivanisevic est sifflé largement malgré savictoire en finale contre Andrei Medvedev. Pas assez de spectacle, jeu trop rapide, peu de suspense, cela ne pardonne pas avec ce public.
Ingrat, ces supporteurs peuvent lêtre, comme ils lont encore démontré en 2008, en conspuant Rafael Nadal après son abandon contre Nikolay Davydenko en quarts de finale. Le guerrier ibère, pas réputé pour lâcher prise facilement, avait pris un terrible 6-1 dans le premier set, visiblement diminué. Les sifflets qui avaient accompagné sa sortie avaient marqué le début dun petit désamour entre son clan et le public français.
Depuis quelques années, les organisateurs ont bien compris quils ne mettaient pas seulement sur pied un tournoi de tennis, mais plus largement un spectacle. A la mode américaine, musique et animations ont fait leur entrée à Bercy. Ce qui nempêche pas certains de lancer leurs encouragements à ladresse de leur équipe de football préférée. Le public du tournoi de Bercy a souvent été moins composé damateurs et de spécialistes que Roland-Garros Et cela sest souvent entendu.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.