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Dans l’enfer populaire de Bercy

Depuis longtemps, le public de Bercy est connu comme particulier, même si cela s'est arrangé depuis quelques années. Certains joueurs en ont fait les frais, même si l'ambiance peut être belle à condition qu'il y ait un chouchou sur le terrain. Retour sur quelques esclandres dans ces 24 années d'existence.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Des sifflets, des cris, du chahut. Le public du tournoi de Bercy est du genre frondeur. Quelques frasques populaires ont en tout cas fait sa renommée. Pourtant triple vainqueur de l’éuve (ce qui est un record), Boris Becker avait dit un jour : "Je ne sais pas si je reviendrai dans ce zoo. Il faut que je demande à ma femme." Loin du stade Roland-Garros bien planté dans le 16e arrondissement de Paris, le Palais Omnisports de Paris-Bercy, à deux pas du ministère de l’Economie, a souvent joué la carte du peuple, et longtemps tourné le dos au "bling-bling". Né en plein cœur de la démocratisation et l’émancipation du tennis en France dans les années 80 (première édition en 1986), la deuxième épreuve parisienne n’a pas mis longtemps à faire parler d’elle.

Dans cette salle moderne (à l’époque), Henri Leconte a vécu la soirée la plus longue de sa vie, le premier accroc dans le monde si policé du tennis. Bien pire que sa défaite en finale de Roland-Garros contre Mats Wilander quelques mois avant. Sa phrase prononcée alors à Auteuil ("j’espère que vous avez maintenant un petit peu compris mon jeu") a laissé des traces. Opposé au 1er tour à l’enfant terrible du tennis mondial, John McEnroe, "Riton" subit un terrible affront sur ses terres : à l’échauffement, ses frappes sont sifflées, celles de l’Américain applaudies. Et durant tout le match, il se trouve en territoire hostile, avec une défaite en deux manches (7-5, 6-1) à la clé.

Henri Leconte n’a pas été le seul à subir les sifflets de la salle, ni même le seul Français. En 1996, Cédric Pioline est à son tour sa cible, après sa défaite en trois manches contre Yevgueny Kafelnikov, vainqueur en juin de Roland-Garros. Et c’est par un bras d’honneur à l’adressed’une partie du public que le N.1 français quitte le court. Ce qui ne l’a pas empêché, quelques années plus tard, de devenir directeur du tournoi.

Trois ans avant, "coupable" de bénéficier d’un service trop rapide pour ses adversaires et donc auteur de trop d’aces au goût de la populace, Goran Ivanisevic est sifflé largement malgré savictoire en finale contre Andrei Medvedev. Pas assez de spectacle, jeu trop rapide, peu de suspense, cela ne pardonne pas avec ce public.

Ingrat, ces supporteurs peuvent l’être, comme ils l’ont encore démontré en 2008, en conspuant Rafael Nadal après son abandon contre Nikolay Davydenko en quarts de finale. Le guerrier ibère, pas réputé pour lâcher prise facilement, avait pris un terrible 6-1 dans le premier set, visiblement diminué. Les sifflets qui avaient accompagné sa sortie avaient marqué le début d’un petit désamour entre son clan et le public français.

Depuis quelques années, les organisateurs ont bien compris qu’ils ne mettaient pas seulement sur pied un tournoi de tennis, mais plus largement un spectacle. A la mode américaine, musique et animations ont fait leur entrée à Bercy. Ce qui n’empêche pas certains de lancer leurs encouragements à l’adresse de leur équipe de football préférée. Le public du tournoi de Bercy a souvent été moins composé d’amateurs et de spécialistes que Roland-Garros Et cela s’est souvent entendu.

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