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ATP : La saison 2019 en 4 questions

L'année 2018 fut à la fois riche en surprises et pauvre en ruptures. Les trois vainqueurs en Grand Chelem sont les trois meilleurs joueurs de la dernière décennie. Aucun renouvellement n'a eu lieu dans le palmarès de ce côté. En revanche, à une moindre échelle, la génération Zverev-Coric-Tsitsipas pointe le bout de son nez. Les Français, eux, voudront effacer les déconvenues de 2018. Tour d'horizon des enjeux de la saison 2019.
Article rédigé par Guillaume Poisson
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

• Novak Djokovic est-il de nouveau indétrônable? 

A 32 ans, on pourrait penser que l'heure de la passation de pouvoir est arrivée pour le Serbe. Mais l'ère des trentenaires, inaugurée par Federer et perpétuée par Nadal et Djokovic, est bel et bien installée. Le Top 100 n'a jamais été aussi âgé, de même que le Top 10. De plus, le Serbe semble connaître une seconde jeunesse depuis sa victoire à Wimbledon l'an dernier. Plus fort qu'avant ses déboires de 2017? Difficile à dire. Il avait tant dominé la planète tennis en 2011 qu'il est compliqué de faire mieux. Mais, contrairement à sa première époque de domination, Nadal semble plus fragile, et surtout moins à même de tenir la distance sur une saison complète. Jusqu'à Roland Garros, il n'aura que 11% de ses points à défendre, contre près de 70% pour son dauphin Rafael Nadal.  

Il est donc difficile d'imaginer le roi Nole évincé de son trône avant Wimbledon. Pour la suite, Nadal donc, Federer, Zverev voire Juan Martin Del Potro ou Andy Murray (si leur corps les laisse tranquilles) pourraient jouer les trouble-fête. En ligne de mire pour le Serbe tout au long de l'année, le nombre de victoires en Grand Chelem. Il en est à 14. Avec l'Open d'Australie, où il est sextuple vainqueur et où son jeu s'exprime si bien, puis Roland-Garros où, une fois de plus, il risque d'être le principal rival de Rafa, il est tout à fait plausible de le voir débarquer à Londres avec deux nouveaux Grands Chelems en poche. Avec Nadal (17) et Federer (20) à l'horizon. Finira-t-il l'année numéro un pour la sixième fois consécutive ? Aujourd'hui, rien ne laisse présager d'une baisse de régime. Alors pourquoi pas ? 

• Alexander Zverev va-t-il passer un cap un Grand Chelem ? 

Après le roi, parlons du prince. Alexander Zverev est le successeur désigné de Novak Djokovic depuis deux ans. Et sa marge de progression reste considérable. Il n'a pas encore vraiment de variété dans son jeu, et son sens tactique en match, son manque de plan B, s'en ressent. Surtout, il lui faut passer un cap mental en Grand Chelem. Si, tennistiquement, il fait clairement partie des meilleurs, il bute systématiquement contre moins fort que lui au meilleur des cinq sets. A la manière d'un certain Roger Federer jusqu'à son premier succès à Wimbledon. Il lui suffira sûrement d'un bon résultat pour ensuite enfiler les victoires des prestige comme des perles. Pour l'instant, c'est sur terre que son jeu tout en puissance s'exprime le mieux ; la lenteur lui laissant le temps de poser ses grands coups de fond de court. Alors, rendez-vous à Roland ?

• Tsitsipas, Shapovalov, Khachanov, Coric, De Minaur... Lequel d'entre eux frappera le premier ?

Certes, la génération des Nishikori, Raonic et autres Dimitrov n'aura jamais vraiment réussi à franchir le cap ; le passé récent n'incite donc pas à tirer de plan sur la comète à propos des jeunes joueurs du circuit ATP. Il y a pourtant quelque chose d'inéluctable dans l'ascension de ceux-ci. Quand on voit Tsitsipas enchaîner trois Tops 10 en Masters 1000 à seulement 19 ans. Quand on voit Shapovalov distiller sa grâce aux quatre coins du terrain, au même âge, et avec un supplément d'âme que n'avait pas un Grigor Dimitrov par exemple. Et quand on voit Alex De Minaur, encore plus jeune, se déplacer sur le terrain avec la même intelligence que son aîné Lleyton Hewitt. Tous les voyants sont au vert.

Pour les pronostics, certains ont pris de l'avance. Karen Khachanov, Borna Coric et Stefanos Tsitsipas sont déjà aux portes du Top 10. Il serait surprenant, pour ne pas dire décevant, qu'ils n'y soient pas à la fin de l'année. Pour ça, il faudra passer le cap en Grand Chelem : aucun n'a dépassé les huitièmes de finale l'an dernier. De son côté, Daniil Medvedev avance discrètement mais sûrement. Il est déjà dans le Top 20, et pourrait avoir son mot à dire aussi.  Il manque encore à Shapovalov, De Minaur ou Frances Tiafoe un poil de maturité pour aller aussi loin. Mais qui sait? N'oublions pas enfin Hyeon Chung. Il avait atteint les demi-finales l'année dernière à l'Open d'Australie, avant d'être stoppé par de multiples blessures. S'il retrouve la pleine possession de ses moyens, il faudra aussi compter sur lui. 

• Un Français va-t-il atteindre les quarts en Grand Chelem ? 

Début 2018, le clan français se demandait à quel moment de l'année Lucas Pouille, alors 18e mondial, prendrait la relève des Quatre Mousquetaires dans le Top 10. Douze mois plus tard, le voilà plus de quatorze places derrière, à la 32e place mondiale. Et surtout, il a vécu une année très médiocre pour les standards qu'il s'était lui-même fixés : un très bon mois de février (1 titre, deux finales) et puis, plus rien. Le plus inquiétant a sans doute été son niveau de jeu. Il a accumulé les fautes directes et n'a jamais semblé retrouver son rythme, tout au long de l'année. C'est sans doute la raison pour laquelle Pouille a fait appel à Mauresmo.

Il a compris qu'il lui fallait un nouveau départ, un regard frais sur l'essence même de son tennis. Le chantier sera gigantesque pour la championne française. Mais il en vaudra la peine, puisque derrière Lucas Pouille, c'est le désert. Les vieux briscards font certes de la résistance. Jo Wilfried Tsonga revient d'une énième blessure avec, semble-t-il, toujours la même envie. Gilles Simon n'en finit plus de surprendre son monde depuis sa renaissance la saison dernière. Gaël Monfils reste Gaël Monfils : capable du pire, comme du meilleur.

Richard Gasquet, quand il est épargné par ses blessures, fait preuve d'une solidité qui lui permettra certainement de naviguer autour du Top 20. Mais aucun de ces joueurs ne peut incarner l'avenir du tennis français. L'attente placée en Pouille est donc tout à fait légitime. Trop importante? Peut-être. Toujours est-il que nous sommes en plein dans une période de transition entre les quatre cités plus haut et la génération d'Ugo Humbert, voire plus tard de Hugo Gaston. Cette période doit être celle de Pouille. A bientôt 25 ans, il est temps pour lui de prendre son envol. Sous peine de rester cloué au sol. 

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