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Un premier ultra-trail scientifique organisé en France pour faire avancer la recherche sur les performances de ces athlètes de l'extrême

Les coureurs de cet ultra-trail scientifique organisé par l'université Caen-Normandie parcourent 155 kilomètres, en s'arrêtant tous les 26 kilomètres pour faire des examens médicaux.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des examens médicaux pendant l'ultra-trail scientifique organisé à Clécy en Normandie les 11 et 12 novembre 2021. (Alexis Berg)

Que se passe-t-il dans un corps humain soumis à un effort intense comme parcourir 155 kilomètres de course à pied, 6 000 mètres de dénivelé, quand on est en plus quasiment privé de sommeil, et dans le froid de ce mois de novembre ? Pour le savoir, une soixantaine de coureurs se prêtent jeudi et vendredi 11 et 12 novembre au premier ultra-trail scientifique organisé en France, à Clécy en Normandie.

Le départ a été donné cet après-midi. Ces athlètes de l’extrême, amateurs mais expérimentés, ont accepté de se soumettre à une batterie de tests pendant la course. Des tests menés par des équipes de chercheurs internationaux.

 

Les premiers coureurs boucleront la course en une vingtaine d’heures. Ce sera le double pour les derniers. D’ici là, tous les 26 kilomètres, passage obligatoire par le centre de recherche. Les coureurs acceptent à chaque fois, pendant 45 minutes, de passer des tests menés par des dizaines de chercheurs. "On mesure la force musculaire du soléaire et des adducteurs", explique un des scientifiques en s'occupant d'un coureur.

Au programme, tests de force, test de vigilance, scan des pieds, prise de sang, mais aussi échographie du cœur. Amir Hodzic est cardiologue au CHU de Caen, il ausculte un participant. "Ce coeur se contracte bien, on voit qu'il est globalement un peu dilaté, c'est un athlète de haut niveau parce qu'il est arrivé en moins de 2h30 à boucler 26 kilomètres", décrit-il. "On va voir comment le coeur va augmenter en taille ou diminuer", poursuit le médecin.

Un examen médical avec un coureur de l'Ultra-trail scientifique de Clécy le 11 novembre 2021. (Alexis Berg)

Céline, dossard 41, a encore la forme après 26 kilomètres. "Je trouve cette expérience très intéressante. Moi aussi je suis kiné et je pense que ça peut aussi m'apporter beaucoup dans la pratique de ma profession où je suis pas mal de coureurs. Je trouve qu'on a vraiment de la chance d'avoir été pris comme volontaires pour participer à cette course. J'ai hâte de découvrir le résultat des tests", dit-elle.

Manque de sommeil, glycémie, température corporelle

Comment fonctionne notre corps ? Comment s’adapte-t-il quand il court, et au fur et à mesure de l’effort ? Et quid sur une discipline aussi extrême que l’ultra-trail ? Le manque de sommeil, la glycémie ou la température corporelle sont mesurés. "C'est quelque chose qui est complètement nouveau. Dans ce milieu-là on a très peu de réponses par rapport à toutes les questions qui vont être posées et ça me fait très plaisir d'y participer", explique Julien l'un des participants à l’épreuve.

Benoit Mauvieux est l’organisateur de ce projet scientifique. "Sur un ultra-trail on a à peu près 40% d'abandon, indique-t-il. Parmi les abandons, plus d'un tiers déclarent des troublent gastriques, intestinaux, qui se caractérisent par des vomissements ou des diarrhées. Aujourd'hui tout le monde y va un peu de son hypothèse, tout le monde apporte sa tranche de fromage, ses crêpes, sa tranche de jambon, mais on se demande finalement si c'est pertinents ou pas, donc on va suivre ça."

"C'est intéressant pour nous d'avoir des données qui ne sont pas seulement prises au laboratoire."

Karim N’Diaye, ingénieur de recherche à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière

à franceinfo

Cet ultra-trail scientifique, c’est de la recherche pluridisciplinaire et hors les murs, explique Karim N’Diaye, ingénieur de recherche à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière qui étudie là l’effet de la motivation sur la performance. Il voulait à travers cette expérience "donner une envie réelle chez des coureurs qui sont dans une vraie épreuve, avec une vraie motivation et qui malgré tout vont peut-être abandonner ou vont moins performer ou mieux performer", explique-t-il. "Donc on les compare à eux-mêmes au fur et à mesure des tours", poursuit le chercheurIci, ceux qui abandonnent participent jusqu’au bout au protocole de recherche. Le but est d'essayer de comprendre aussi pourquoi le corps ou le mental peuvent parfois lâcher.

Au premier ultra-trail scientifique - Reportage de Solenne Le Hen

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