Sauvetage d'Elisabeth Revol : "C'est la première fois qu'on voit une expédition aller sauver des vies via un appel de fonds"
Catherine Destivelle, première femme à gravir en hiver et en solitaire les trois grandes faces nord des Alpes, a espéré, lundi sur franceinfo, que l'alpiniste française s'en remette alors qu'elle a perdu pour la deuxième fois un compagnon de cordée.
La mobilisation internationale, qui a permis de sauver l'alpiniste française Elisabeth Revol, "est fantastique", a estimé Catherine Destivelle, lundi 29 janvier sur franceinfo. Cependant, la première femme à gravir en hiver et en solitaire les trois grandes faces nord des Alpes n'a pas oublié que "c'est la deuxième fois qu'Elisabeth Revol perd un compagnon de cordée. Cela va être une épreuve psychologique assez difficile à surmonter".
Après un sauvetage sans précédent, l'alpiniste française a pu être secourue, dimanche 28 janvier, alors qu'elle était en difficulté sur le Nanga Parbat, surnommée la "montagne tueuse", dans la partie pakistanaise de l'Himalaya. Mais elle a dû laisser son compagnon de cordée, le Polonais Tomek Mackiewicz, mal en point, pour espérer s'en sortir. Les recherches pour le retrouver sont suspendues.
Quatre alpinistes polonais, qui gravissaient un autre sommet, ont interrompu leur ascension pour porter secours à Elisabeth Revol. En quoi cette expédition de secours est-elle extraordinaire ?
Catherine Destivelle : Ils ont fait plus de 1 000 mètres en 3h30 ou 4 heures, pour aller rejoindre Elisabeth et l'aider à la descendre, en plus de nuit, là où les alpinistes auraient mis trois ou quatre jours. Donc oui, c'est une belle performance. Je souligne aussi que c'est la première fois qu'on voit une expédition aller sauver des vies grâce à un appel de fonds organisé par une alpiniste britannique d'origine russe, Masha Gordon. Elle a fait appel à tous les alpinistes du monde entier pour participer à cette mission de secours et cela, c'est fantastique.
Pourquoi son compagnon de cordée n'a-t-il pas pu la suivre pour redescendre ?
Malheureusement, j'ai l'impression que son compagnon a développé un œdème pulmonaire. Ses poumons se sont remplis d'eau et il s'est affaibli. Il a commencé à geler… il ne pouvait plus descendre. Il a développé aussi une cécité des neiges, une ophtalmie. Ce qui veut dire que quand on n'a pas de lunettes de soleil en haute altitude, on se brûle les yeux. Cela fait très mal, on se retrouve avec des picotements dans les yeux et on n'y voit plus rien.
Elisabeth Revel a dû prendre cette terrible décision de le laisser là-haut pour pouvoir être secourue. Comment on se prépare à ce genre de décision ?
C'est l'instinct de survie qui l'a poussée à faire ça. Il n'y avait pas le choix : soit ils y passaient tous les deux, soit voilà elle a sauvé sa peau. Cela a dû être très difficile comme décision.
Aujourd'hui, vous lui dites quoi ?
Je lui dis "chapeau". C'est bien ce qu'elle a fait. C'est une alpiniste aguerrie et c'est une des plus fortes dans le monde entier. J'espère surtout qu'elle va s'en remettre, qu'elle va rebondir, qu'elle ne va surtout pas perdre ses doigts de mains et puis pouvoir recommencer comme avant. Cela va être compliqué. C'est la deuxième fois qu'elle perd un compagnon de cordée. Cela va être une épreuve psychologique assez difficile à surmonter, mais le milieu de la montagne va être là pour la soutenir et la réconforter pour qu'elle continue à vivre de sa passion.
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