Violences sexuelles dans le patinage - Didier Gailhaguet : "Pas eu un seul cas pendant ma présidence qui n'a pas été traité"
Roxana Maracineanu se disait "sans voix" face à la position inébranlable de Didier Gailhaguet. Nul doute que la conférence de presse donnée par le président de la Fédération française des sports sur glace ne devrait pas faire changer d'avis la ministre des sports. Devant une très grande assemblée de journalistes, Monsieur Gailhaguet n'a pas dérogé à sa règle, se défendant pendant 1h25 très exactement. "La vie d'un président de fédération n'est pas un long fleuve tranquille. Il faut une vraie capacité à encaisser les coups, les coups bas spécialement. Madame la ministre ne m'a pas entendu" a-t-il directement lancé à l'entame de sa longue plaidoirie. "Je n'ai absolument pas protégé Gilles Beyer" a déclaré le président de la FFSG, affirmant avoir appris les accusations de viols "il y a une semaine et demi", pour des faits remontant à plus de 20 ans.
"Une ministre moralisatrice"
Pour beaucoup, l'attaque est la meilleure défense. "Mme la ministre ne m'a pas entendu, elle est drapée dans ses certitudes", a déclaré Didier Gailhaguet, évoquant pêle-mêle "une fédération accusée, une ministre moralisatrice et des opportunistes de circonstances que l'on n'a pas vus dans les patinoires depuis 10 ans". Pour autant, le patron des sports de glace français a martelé avoir fait tout ce qu'il pouvait : "Il n'y a pas eu un seul cas pendant ma présidence qui n'a pas été traité !" Avant d'ajouter : "Nous n’avons pas assez de moyens pour faire assez de choses alors qu’une fédération n’est ni la police ni la justice. Je suis atterré de voir ce qui se passe pour ces sportifs, mais je n’étais pas au courant qu’il pouvait y avoir des viols dans notre fédération. Je suis atterré de découvrir ça."
"Je veux voir les conclusions de l’inspection générale et je saurai en tirer les conclusions"
En ce qui concerne sa potentielle démission, demandée par la ministre des sports, Didier Gailhaguet, "très affecté" par toutes ces révélations, se défend, encore une fois : "Il n’y a pas de fédération parfaite car c’est la société et les hommes qui ne le sont pas. Pour être démissionnaire, il faudrait que j’ai commis une faute. Or, je n’estime pas en avoir commise. Des erreurs certainement, et plusieurs, mais pas des fautes." Parmi ces erreurs, il y a celle d'avoir permis le retour de Beyer dans l'encadrement de l'équipe de France aux Championnats du monde juniors 2011. Sujet sur lequel Maracineanu est revenue dans les heures qui ont suivi, affirmant que Gailhaguet avait "demandé au bureau exécutif de la fédération (cette) réintégration". Le président de la FFSG assure avec véhémence qu'aucune omerta n'existe au sein de sa fédération, il attendra de "voir les conclusions de l'inspection générale" pour "en tirer les conclusions."
Pour rappel, l'homme "fort" du patinage français, en poste à la FFSG depuis la fin des années 1990, a été sommé de démissionner par Roxana Maraniceanu suite aux graves révélations de violences sexuelles dont auraient été victimes plusieurs anciennes patineuses dont la multiple championne de France de couple, Sarah Abitbol. Dans son livre "Un si long silence", paru le 29 janvier dernier, la médaillée de bronze aux championnats du monde accuse directement son ancien entraîneur Gilles Beyer, de viol, harcèlement sexuel et attouchements lorsqu'elle avait entre 15 et 17 ans. Depuis, le patinage français vit ses heures les plus sombres. "Une enquête préliminaire pour viols et agressions sexuelles sur mineurs" a été ouverte par le parquet de Paris et quatre membres du bureau exécutif de la fédération ont d'ores et déjà présenté leur démission.
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