Slopestyle : Tess Ledeux entre cours et rééducation
Bonjour Tess, merci de nous donner de vos nouvelles. Le 28 janvier, vous vous êtes blessée aux entraînements de la Coupe du Monde de Mammoth Moutain en Californie. Comment allez-vous aujourd’hui ?
Tess Ledeux : "J’ai eu une lésion du ligament externe du genou droit, plus une fracture du plateau tibial et un arrachement osseux sur la tête du péroné. Mais je m’en sors « bien » car je n’ai pas eu besoin d’opération, juste interdiction de poser la jambe pendant 2 mois. Juste avant le début du confinement, j’étais sur le point de lâcher enfin mes béquilles. J’étais chez moi à La Plagne et je préparais mes affaires pour passer les mois de mars et avril chez mon papa à Montpellier. J’avais prévu de faire ma rééducation là-bas et d’y passer mon permis."
Le confinement a-t-il contrarié vos plans ?
TL : "Oui et non, je suis descendue à Montpellier comme prévu, mais pour me confiner avec mon papa, ma sœur et des amis. On a une grande maison et dans le sud il fait un peu meilleur qu’à La Plagne (rires). Je pensais que ça serait un peu comme des vacances, mais entre ma rééducation et mes cours pour le lycée, ce n’est pas un confinement de tout repos."
"Pas facile de gérer la douleur quand on est toute seule"
Comment faites-vous du coup pour votre rééducation ?
TL : "J’ai posé mes béquilles le premier jour du confinement et j’ai du réapprendre à marcher toute seule, sans kiné. Ça paraît bête mais il faut réapprendre le mouvement sans douleur sinon on a vite tendance à boiter et on crée des irrégularités dans la marche. Normalement je devais faire ma rééducation avec un kiné de Montpellier spécialisé dans le sport, puis attaquer la réathlétisation au centre national du ski de haut niveau à Albertville. A la place, le kiné de la Fédé avec lequel je travaille depuis 3 ans m’envoie des exercices et je fais ma rééducation moi-même. Mais ce n’est pas facile de gérer la douleur quand on est toute seule."
Et quand vous avez fini de muscler votre corps, il faut passer à votre cerveau, parfois même les 2 en même temps si on en croit la vidéo que vous avez posté sur les réseaux sociaux ?
TL : "Oui, j’ai fait cette vidéo sur le ton de l’humour parce que je ne m’attendais pas à avoir tant de choses à faire pendant ce confinement. Mais cette année je passe le bac alors je n’ai pas le choix. Mon statut de sportive de haut niveau me permet de faire 4 années de lycée au lieu de 3. On est à l’école d’avril à novembre, y compris les mois de juillet et août, avec des « libérations » pour les stages d’entrainement… et pendant qu’on est au lycée, on a 3 à 4 heures de préparation physique par jour. Cette année, j’étais censée réattaquer les cours le 27 avril, donc si on reprend le 4 mai, on n’aura loupé qu’une semaine d’école. Les profs nous font des cours en web conférence car ils ne veulent pas qu’on prenne de retard. En attendant, on s’inquiète de savoir comment le bac va se passer, si les épreuves auront lieu, sous quelle forme. Ça m’angoisse un peu, du coup je travaille pour me rassurer."
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On a parfois le sentiment que les jeunes ne prennent pas la mesure de la gravité de la situation et ne respecte pas toujours le confinement. Qu’en pensez-vous ?
TL : "C’est vrai qu’on a vu pas mal dans les infos que les jeunes ne prenaient pas assez la situation au sérieux. Moi au contraire depuis le début ça m’a toujours fait un peu stresser, parce que j’ai des personnes qui sont dites sensibles dans ma famille et j’avais très très peur qu’il leur arrive quelque chose. C’est super important de respecter le confinement sérieusement. On vient de voir qu’une jeune fille de 16 ans est décédée du coronavirus et ce n’est pas facile à accepter. C’est pour ça qu’il faut faire attention, personne n’est épargné. Moi en tant que jeune j’ai toujours respecté les règles et je demande à tout le monde de faire pareil. Et puis je pense que ce confinement aura un impact positif sur la planète, pour ralentir le réchauffement climatique. Si on peut réussir à gratter des saisons d’hiver en plus grâce à ça, ce sera pas mal."
"Le ski me manque énormément"
C’est quoi normalement le programme d’un skieur freestyle à cette période de l’année ?
TL : "Ce sont les dernières compétitions de la saison, comme la finale de la Coupe du monde, les championnats de France. Et après généralement on aime bien la neige molle de fin de saison, du coup on va dans des gros snowparks pour pouvoir faire des sauts et essayer sans trop se faire mal. En plus on n’a pas la pression des compétitions, donc en général tous les freestyleurs sont en train de s’éclater à cette période de l’année sur de la neige qu’on appelle « sluchy ». Le ski me manque énormément, ça commence à faire long. Je n’aurais pas pu réattaquer avant la fin de l’hiver de toute façon mais la neige et la montagne me manquent. J’ai hâte de pouvoir rechausser les skis en juillet ou en août, je vais être comme une folle. J’espère que mon genou ira bien malgré cette rééducation un peu « personnalisée » à la maison."
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