Iran : privée de déplacement par son mari, le cas de Samira Zargari, entraîneuse nationale de ski alpin, est loin d'être isolé
C’est le cas plus récent mais qui n’en fait malheureusement pas une exception. Samira Zargari, entraîneure de l’équipe iranienne de ski alpin, a été privée des derniers championnats du monde à Cortina d’Ampezzo par son mari. Une loi de la République islamique oblige les Iraniennes à obtenir l’aval de leur mari pour demander un passeport et ainsi quitter le pays. "Cela fait des jours, des mois, des années, que mon mari se moque de mon travail", avait déclaré la coach de 37 ans sur Instagram le 19 février, des propos rapportés par Le Monde.
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C’est donc à près de 5 000 kilomètres de distance que Samira Zargari a suivi et dirigé son équipe composée de quatre femmes et autant d’hommes. Dans l’histoire récente, plusieurs sportives iraniennes s’étaient déjà vus interdites, ou presque, de compétition pour la même raison.
• Niloufar Ardalan privée des Championnats asiatiques de futsal en 2015
Surnommé "Lady Goal", Niloufar Ardalan a subi le même sort que Samira Zargari, en 2015. Parmi les meilleures footballeuses de son pays, en plein air ou en salles, Ardalan est pourtant privée de Championnats asiatiques de futsal qui se tiennent en Malaisie. La raison ? Son mari, pourtant journaliste sportif, l’a interdite de voyage afin qu’elle soit présente pour la rentrée scolaire de leur fils, âgé de sept ans à cette époque.
"J’espère que les autorités trouveront une solution pour qu’à l’avenir, les athlètes féminines puissent défendre leurs droits dans ce genre de situations", avait alerté Niloufar Ardalan. Après cette interdiction, la justice iranienne l’avait autorisée à rejoindre le Guatemala pour disputer, cette fois-ci, les Championnats du monde.
• Zahra Nemati soutenue par les autorités pour voyager
L’archère iranienne a également eu besoin du soutien de la justice pour voyager dans le cadre de son sport, ou plutôt de son métier. Triple championne du monde handisport, double championne paralympique mais surtout porte-drapeau de l’Iran aux Jeux olympiques (elle a également participé avec les valides), Zahra Nemati possède un palmarès très fourni en tir à l’arc. Et pourtant, la native de Kerman, au sud-est de l’Iran, a failli être privée des Jeux de Rio 2016 par son mari.
Celui-ci a de nouveau tenté de l’interdire de déplacement, en 2017, pour une compétition organisée en Suisse. "Après les Jeux de Rio, Zahra (Nemati) a quitté la maison et a refusé de revenir malgré plusieurs appels", justifiait-il, avant d’ajouter : "Elle a même demandé le divorce, donc je l’ai interdite de voyager, elle ne sera plus capable de concourir dans un tournoi à l’étranger." Pour la seconde fois, après Rio 2016, les autorités iraniennes l’ont autorisée à voyager pour son métier malgré les demandes contraires de son mari. Depuis, Zahra Nemati enchaîne les tournois un peu partout dans le monde.
• Kimia Alizadeh, médaillée olympique de taekwondo, quitte son pays
Cela date désormais d’un peu plus d’un an. En janvier 2020, Kimia Alizadeh décide de quitter l’Iran pour s’installer en Europe, critiquant par un long message diffusé sur Instagram "l’hypocrisie" du système. Elle l’accuse notamment "d’humilier" les sportives. La seule médaillée olympique en taekwondo de l’histoire de la République islamique d’Iran, en bronze à Rio 2016, reproche à ses dirigeants de l’avoir utilisée à des fins politiques.
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"J’ai porté tout ce qu’ils m’ont dit de porter", dénonce l’athlète de 22 ans en référence au voile, obligatoire pour toutes les femmes dans l’espace public en Iran, avant d’ajouter : "J’ai répété tout ce qu’ils m’ont ordonné de dire et ils ont mis mes médailles au crédit du respect du voile obligatoire." Elle vit désormais en Allemagne mais assure "rester une enfant de l’Iran".
• Quand Sadaf Khadem est devenue la première boxeuse iranienne
Un samedi soir banal du mois d’avril 2019 à Royan, pourtant porteur d’une énorme symbolique. Contre la Française Anne Chauvin, Sadef Khadem est devenue la première boxeuse de son pays à combattre et même remporter son premier combat. S'il a fallu attendre 2019 pour voir une Iranienne sur un ring, c’est que la pratique est interdite pour les femmes. Le sport se pratique donc dans la clandestinité et Sadef Khadem a fait le choix de s’exiler en France pour pratiquer son sport, après trois ans d'entraînement clandestin.
Coachée à l'époque par le Franco-iranien Mahyar Monshipour, la boxeuse de 26 ans fait alors l’objet d’un mandat d’arrêt dans son pays l’empêchant de rentrer ainsi que son entraîneur. Un exemple de plus qui prouve que le développement du sport féminin en Iran doit bien souvent se frotter aux lois sexistes en vigueur.
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