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Pinturault, la pépite devenue diamant

Aucun doute, Alexis Pinturault a la taille patron. La perle du ski français ne doute de rien. Ni de lui-même, ni des énormes attentes à son sujet. Le skieur, qui est à l'honneur dans Stade 2 (long format de Christian Choupin), a tout pour devenir le 3e français à remporter le classement général de la Coupe du monde.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Assis sur son fauteuil dans les salons du Pavillon Gabriel, Alexis Pinturault répond à la presse avec légèreté et détermination. Le skieur de Courchevel sait où il va. Aucune prétention dans ses propos, juste une confiance en ses moyens. En trois saisons, il est entré de plein pied dans la cour des grands du cirque blanc. Une irrésistible ascension commencée en 2011-2012. Sans complexe, le jeune "Pintu" score lors du Géant de Sölden où il surprend tout le monde avec une 2e place. Les podiums vont s'enchaîner en slalom et super-G. Malgré une sale blessure à la cheville durant l'intersaison, Pinturault parvient à revenir au plus haut niveau et signe trois victoires. A l'issue de la saison, il termine 6e du classement général de la Coupe du monde et remporte le petit globe du combiné. La saison 2013-2014 est une confirmation. Pas de victoire en géant face à Ligety et Hirscher mais des succès en slalom, super combiné et super-G. Cette polyvalence se traduit par le passage de la barre des 1000 pts (1028) et la 3e place au général derrière l'intouchable Hirscher (1222 pts) et Svindal (1091 pts). Le skieur est mûr pour s'installer au sommet. "Pinturault, c'est un prototype, une grosse machine sur le plan mental et physique, assure Luc Alphand, dernier vainqueur français du classement général de la Coupe du monde. C'est un très bon technicien, en slalom comme en géant. Il est posé et intelligent. Il a le potentiel pour gagner le gros globe."

Les yeux gros comme le globe

Pris dans la spirale positive des années Grange, Lizeroux, Fanara, Pinturault en est le digne héritier. En les cottoyant, il a beaucoup appris. Aujourd'hui, c'est lui qui est en haut de l'affiche et qui montre l'exemple. Son exposition a explosé mais l'homme a aussi appris à gérer la pression et les médias. "Les médias sont arrivés d'un coup au départ mais depuis ça monte progressivement. Je gère bien, ça ne me dérange pas." Quant aux espoirs qu'il suscite, il les assume. "Pour moi ce n'est pas lourd, explique-t-il. Je sais ce que je veux faire et ce que j'ai à faire." Pinturault vise haut et s'est construit une carapace pour résister aux sollicitations. "Avec les Jeux, j'ai peut-être appris à être un peu égoïste. On est content de faire plaisir aux gens et de leur donner envie de faire du ski mais le jour de la course, ces gens ne courent pas pour nous. Faut être égoïste et ne pas écouter tout ce qui se dit autour de nous. On ne doit écouter que ce qu'on se dit à nous même." A Sölden, "Pintu" a dû entendre les cloches sonner. Celles des supporters autrichiens saluant l'impressionnante victoire de Hirscher. Qu'importe, le Français a touché le podium et ne désespère pas de rendre la pareille au patron du circuit depuis trois ans. "C'est sympa d'attaquer correctement à Sölden car on sait à peu près où on se situe. Mais ce n'est pas non plus le dénominateur de l'hiver…"

Piège de cristal

Comme le suggère Luc Alphand, "Pinturault ne doit pas se focaliser sur Hirscher" et prendre "course après course, ventre à terre". Si le gros globe est jouable, ce sera après les Mondiaux de Vail. A condition de rester au contact de l'Autrichien le plus possible. Pinturault n'en fait pas une obsession mais il y pense. "Quand on voit que je fais 3e de la Coupe du monde l'an dernier, c'est normal qu'on me parle du gros globe comme une possibilité et non plus comme un rêve. Surtout que mes quatre premiers slaloms étaient à jeter par la fenêtre. Comme je finis à 200 pts de Hirscher, c'était déjà possible mathématiquement l'année dernière. Dans les faits c'est évidemment plus compliqué." Pour mettre toutes les chances de son côté, Pinturault a signé chez Head qui lui offrira plus de possibilité que son ancien équipementier. "Je n'étais pas du tout parti pour changer, raconte le skieur de Courchevel. Je voulais juste faire des tests car c'est toujours enrichissant de voir ce qui se fait bien ailleurs. Au final, Head était pour moi le partenaire le plus performant par rapport aux disciplines que je fais." Cela pourrait faire la différence notamment à Méribel lors des finales de la Coupe du monde. "Jouer le gros globe là-bas ? C'est une possibilité. L'hiver nous le dira. A domicile, ça peut être un plus ou, si on ne sait pas le gérer, un problème. Quand on voit mes résultats précédents, l'heure des globes est arrivée. J'en suis conscient."

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