Enfin la consécration par équipes pour la France et Lamy-Chappuis
C'est une délivrance. Cela faisait huit années que l'équipe de France tournait autour de la médaille d'or par équipes. Parfois, elle l'avait même touchée du doigt, avant de s'effondrer, que ce soit lors des Mondiaux 2009 à Liberec avec une 4e place, ou lors des Jeux Olympiques de Vancouver pour la même position. Mais cette fois, les Français ont inversé les rôles. Partis en deuxième position avec seulement 3" de retard sur les Japonais, les Français ont rapidement été décrochés par un groupe de furieux, menés par l'Autriche avec le Japon, la Norvège, les Etats-Unis et l'Allemagne. Mais avec le passage de Maxime Laheurte, la France faisait petit à petit son retard pour revenir sur le groupe. C'était au tour de Sébastien Lacroix de recoller, et de prendre en mains un groupe devant lequel l'Autriche possédait plus d'une vingtaine de secondes d'avance. Si déçu et touché lors des 4e places de 2009 et 2010 car ayant craqué sur les skis, le Jurassien participait activement au retour du groupe, ainsi qu'au décrochage de l'Allemand.
Le sprint de Lamy-Chappuis
C'est donc dans des conditions idéales que Jason Lamy-Chappui s'élançait. Deux jours après avoir conquis le titre mondial en individuel, le champion olympique français ne pouvait laisser échapper cette victoire. Avec la Norvège et les Etats-Unis, l'écart se creusait. Et dans les derniers hectomètres, Lamy-Chappuis devait livrer un duel avec le Norvégien Magnus Moan, qui prenait trois longueurs d'avance. Mais dans la dernière ligne droite, comme lors de son sacre en individuel, Jason Lamy-Chappuis grignottait mètre par mètre, centimètre par centimètre, pour lancer son ski sur la ligne et rafler cette médaille dont il rêvait tant. Triple tenant du Globe de Cristal, désormais trois fois champion du monde et champion olympique en titre, la locomotive du ski nordique tricolore vit certainement sa plus grande joie sur les skis, car avec tous ses copains, qui l'ont accompagné depuis toutes ces années et contribué également à son ascension.
Cette médaille par équipes était même l'objectif principal de Lamy-Chappuis qui compte désormais à son palmarès trois titres mondiaux, un titre olympique (2010) et trois victoires au classement général de la Coupe du monde (2010, 2011, 2012). Les quatre athlètes, âgés entre 26 et 29 ans, évoluent ensemble en équipe de France depuis le début des années 2000. Ils avaient remporté leur première médaille commune en 2003, en terminant 3e de l'épreuve par équipes des Championnats du monde junior en Suède. Autre symbole fort, cette médaille a été conquise 22 ans après le premier podium (2e) de l'histoire du combiné nordique dans des Championnats du monde, déjà dans le Val di Fiemme en 1991, avec une équipe comprenant Fabrice Guy, sacré ensuite champion olympique à Albertville en 1992. C'est la 12e de la France en ski nordique. La moisson française en combiné nordique pourrait se poursuivre avec encore deux épreuves au programme: la seconde épreuve individuelle sur grand tremplin jeudi et le team-sprint, par équipes de deux, samedi.
Réactions
François Braud (1er relayeur/champion du monde par équipes): "On l'a fait ! Cela fait longtemps qu'on court après, la malédiction est enfin tombée. J'étais vraiment très, très stressé personnellement, l'une des pires journées de ma vie, je n'étais pas fringant en ski. J'ai cru que Jason allait terminer 2e, on se disait +2e, c'est pas mal+, mais quand tu le vois débouler comme cela, c'est monstrueux, il n'y a pas de mot, c'est énorme".
Maxime Laheurte (2e relayeur/champion du monde par équipes): "J'ai eu un moment difficile lors de mon relais, j'ai eu les jambes en béton et j'ai vu partir mes adversaires, j'ai vu aussi la médaille partir. C'était terrible dans la tête et les coaches m'ont hurlé dessus, mais je me suis ressaisis dans la dernière montée. C'est difficile de décrire ce que je ressens, j'ai envie de chialer, j'ai envie de réfléchir, la Marseillaise, je l'ai vraiment savourée. On est ensemble depuis qu'on est juniors, il y a plus de dix ans, cela a pris du temps, mais c'est vraiment une belle histoire".
Sébastien Lacroix (3e relayeur/champion du monde par équipes): "Cela fait dix ans, depuis les juniors, qu'on attendait cela. On en a fait des podiums en Coupe du monde, aujourd'hui, on a concrétisé de la plus belle des manières. Celle-là, elle va rester un bon moment dans nos mémoires. On s'est beaucoup construits dans nos 4e places, on est un groupe hyper soudé, on a un staff dynamique et jeune, c'est la médaille de tout le monde. J'ai appris de mes courses ratées d'il y a quatre ans, j'ai montré que je valais quelque chose sur les skis de fond".
Jason Lamy-Chappuis (4e relayeur/champion du monde par équipes): "C'est incroyable, il y a beaucoup de joie, c'est une récompense pour le staff, les techniciens. La médaille d'or, on n'y croyait pas vraiment. J'attendais depuis tellement longtemps cette médaille par équipes. C'est un super cadeau qu'on s'est fait, on peut être fiers de nous, tout le monde a bien fait son boulot, coaches, techniciens. J'ai rarement été aussi bien en ski de fond, j'ai des skis énormes, la piste me convient plutôt bien. C'est possible de viser d'autres médailles ici, mais je vais d'abord savourer celle-là et on verra après".
Fabien Saguez (directeur technique national de la Fédération française de ski): "Cette victoire reflète une aventure qui est partie il y a une dizaine d'années. Je me revois à Liberec (Championnats du monde 2009 où la France se classe deux fois 4e par équipes, NDLR), après aux Jeux, 4e, c'était dur, triste même, mais à la fin, on est champion du monde. On a avec Jason un champion rare, ce qu'il fait dans la dernière ligne droite est exceptionnel. Il ne s'est jamais fait de soucis dans sa course. On a quatre-cinq leaders en ce moment à la Fédération de ski, Jason, Martin (Fourcade en biathlon)".
Nicolas Michaud (directeur du ski nordique français): "C'est une histoire fantastique. Il y avait cette malédiction des 4e places et là, ils y mettent fin avec la plus belle des médailles. On y croyait à cette médaille d'or (après le saut), mais les meilleures +config+ en combiné nordique peuvent des fois donner un résultat qui est moins bon. On l'a vu avec Jason en individuel qui était une +config+ plutôt compliquée pour lui et il est champion du monde. Pendant la course, au bout d'un relais, on a pu se dire que cela allait être compliqué, mais ils ont tous fait leur boulot. C'est bien pour François, Max et Sèb d'être champion du monde, Etienne (Gouy) est le meilleur coach du monde. Cette histoire est partie de loin, c'est quand même un vrai aboutissement".
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