Clap de fin pour le combiné alpin ?
Lundi dernier, quand Mikaela Shiffrin a fait savoir qu’elle faisait une croix sur le combiné, les fans de l’Américaine n’étaient pas les seuls à le déplorer. Dans le vaste monde du ski, certains irréductibles défendent becs et ongles cette discipline ; et la participation de la nouvelle star du ski mondial n’aurait pu faire que du bien après la désertion de l'autre star du ski mondial Marcel Hirscher, septuple vainqueur du Grand Globe de cristal. Car le combiné va mal. Seules quatre épreuves sont au programme de la Coupe du monde cette année, dont une annulée à Val d’Isère en décembre dernier. Nous fêtions un anniversaire le mois dernier quand les skieurs se sont élancés pour la dernière fois du domaine de Wengen. Là, dans l’Oberland bernois en Suisse, s’étaient tenues les premières épreuves de combiné en 1930.
En France, combiné en force
Le profil du skieur complet est moins commun aujourd’hui, d’où la relative désaffection des champions modernes. Pourtant, la tradition a plus ou moins perduré dans le ski français. Si le combiné féminin à Are ne verra aucune candidate sérieuse côté Français, Pinturault et Muffat Jeandet sont de vraies chances de titre chez les hommes. En témoignent les résultats de Victor Muffat Jeandet, vainqueur en 2018 de l’épreuve de Wengen et médaillé de bronze aux JO de Pyeongchang.
Aux racines du ski
D’après Grégory Quin, historien du sport à l’Université de Lausanne et interrogé par nos confrères suisses du Temps, le skieur-type a d’abord été conditionné à l’esprit du combiné, plutôt qu’à l’ultra-spécialisation à laquelle on assiste aujourd’hui. « Au début de l’histoire, raconte-t-il, il était convenu que le bon skieur était polyvalent. Il participait à toutes les courses et s’entraînait à deux disciplines de base ».
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Celui-ci ne manque jamais une occasion pour défendre sa discipline fétiche : « Le combiné, c’est et cela restera l’essence même du ski, le seul moyen de lier l’univers de la vitesse et de la technique ».
Alexis Pinturault est lui double lauréat du petit globe de la spécialité (2016 et 2017) et vainqueur du combiné de Wengen en 2013. "Ce qui est chouette dans cette discipline, s’enthousiasme-t-il, c'est qu'elle réunit les presque meilleurs descendeurs, car ils ne sont pas tous là, aux meilleurs slalomeurs".
Où est le spectacle ?
Comme ailleurs dans le sport moderne, les lois sont en grande partie dictées par les droits télé. Le rendu visuel à l’écran prime. A ce jeu, une nouvelle discipline a percé : le slalom parallèle. L’épreuve est déjà au programme des JO 2022…à la place du combiné ? « Le souhait de la FIS est d’ajouter un parallèle individuel » a déclaré la Fédération Internationale de Ski à l’AFP. La prochaine échéance arrive très vite : ce mois-ci, le Conseil de la FIS se réunira pour « déterminer une direction claire pour le futur du combiné ». Il règnera peut-être sur le combiné de ce vendredi un air de nostalgie anticipée.
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