Quentin Fillon Maillet, de la dernière victoire de Martin Fourcade au confinement, confidences du 3e meilleur biathlète du monde
Comment s'est passé le retour à la maison après cette saison bien chargée ?
Quentin Fillon Maillet : "C'était bizarre, on est passé de supers émotions à partager avec la retraite de Martin, même s'il y avait déjà le huis clos sur les deux dernières étapes, à un confinement à la maison. Je suis passé voir mes parents le lundi matin juste avant l'annonce des mesures. Là je suis dans le Jura avec ma copine. Je ne m’ennuie pas, je suis parti presque 4 mois cet hiver et suis rarement chez moi. Donc je m’occupe des papiers administratifs en retard, fais du rangement, je passe du temps avec ma copine sans oublier un peu d'activité physique. J’ai mon vélo d'appartement, une machine pour travailler la poussée de ski de fond. Je fais des petites courses à pied autour de la maison. En gros, on va dire que je fais deux heures de sport par jour en moyenne. Je voulais continuer à avoir un petit rythme jusqu'à la fin du mois avant de ralentir. Je ne sais pas quelle sera ma motivation tout au long du confinement !"
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On imagine que, justement, le confinement a pas mal changé vos plans pour les semaines à venir ?
Q.F.M.: "Oui, un peu comme tout le monde. Beaucoup de projets étaient en route, j'étais très sollicité sur les deux premières semaines d’avril. Je devais aussi participer au tournoi des douanes et aux championnats de France ce week-end, passer du temps avec ma famille et derrière je pensais partir en vacances. Après, je ne vois pas que du négatif, c'est aussi le moment de faire ce que je n'avais pas eu le temps de faire."
Est-ce que cela va influer sur votre reprise ?
Q.F.M.: "Pas tellement, on est libre sur la reprise. La date prévue est celle du 1er mai mais ça peut s’adapter. La vraie reprise commence lors des premiers stages, autour du 10 mai avec de la musculation, on reprend un peu le ski, etc. Mais c’est en fonction des envies. Le plus important est de récupérer de cet hiver surtout parce que l’enchaînement des étapes était épuisant et repartir sur une nouvelle année."
Quels sont tes meilleurs souvenirs cette année ?
Q.F.M.: "Le premier souvenir qui me vient c’est la médaille d’or en équipe sur le relais lors des Mondiaux. Ce sont des émotions qui sont fortes et différentes d’une victoire en individuelle. Presque à égalité, je mettrais la poursuite en Finlande pour la retraite de Martin (Fourcade). La course s’est passée normalement mais sur le dernier tour, le dernier tir, je me suis rendu compte de ce qu’on vivait. Une course historique, un triplé ce jour là… On a fait péter le champagne avec Martin. Même sans public, c’était un grand moment."
Comment jugeriez-vous votre saison ? C'est la meilleure de votre carrière jusqu'à présent...
Q.F.M.: "Oui bien sûr. Je suis content de continuer à progresser année après année. On voit pas mal de sportifs qui dégringolent pour diverses raisons. Ce n’est pas le cas, je trouve des ressources et de l’envie, et cette année à une échelle encore supplémentaire. Je suis 3e mondial au classement général. Je n'ai été que quatre fois hors du top 10 sur les courses donc je suis content de ma saison. S'il devait y avoir un petit bémol ? Le gros globe de cristal et une médaille d’or aux championnats du monde. L’objectif du gros globe était difficile mais ça le restera l’année prochaine. Je suis 3e ex aequo avec Martin sur la poursuite, 2e de la mass start, 2e du sprint, 3e du général et en individuel, je prends deux médailles d'argent sur les Mondiaux... C'est bien mais il reste encore à faire."
Où pensez-vous avoir le plus progressé ?
Q.F.M.: "Sur les skis, j’ai été vraiment content de tenir une forme excellente depuis l’étape avant les Mondiaux jusqu’à cette fin de saison. Rivaliser avec Johannes (Boe), ça ne me paraissait pas possible mais cette année j’ai vu que je me rapprochais. Maintenant je dois progresser sur le tir. J’ai fait des craquantes mais si j’arrive à être plus stable, ça va faire de belles choses."
Cette saison, on a assisté à une domination collective made in France...
Q.F.M.: "C'est sûr qu'il y a eu plein de super podiums avec Martin et Simon (Desthieux), des podiums réguliers. Maintenant il faut voir comment faire pour pousser le curseur plus loin. L’année dernière, c’était déjà super, mais cette année c’est presque surréaliste. Il y avait un Français sur le podium presque à chaque fois ! C'est la suite logique d'une progression déjà bien entamée. On est très forts, on est capables d'assumer la pression. Je suis content et j'espère qu'on va continuer à surfer sur ce moment exceptionnel que vit le biathlon français en ce moment."
Comment voiyez-vous l'après-Martin ? Qu'est-ce qu'il vous a apporté ?
Q.F.M.: "Martin (Fourcade) a apporté énormément, de par ses résultats, son expérience... Pas que dans le biathlon mais aussi à côté sur la gestion des médias ou des sponsors. Et pas qu'à nous, au biathlon mondial aussi, il a poussé ses adversaires et l’équipe de France au meilleur niveau. On ne peut que le remercier. J’ai du mal à me dire qu’il est en dehors du groupe. Ça va faire bizarre de ne plus le voir pour ces sept ou huit prochains mois de préparation."
Les rôles vont être redistribués au sein de l'équipe de France ?
Q.F.M.: "Non. Il n'y a pas forcément de rôle de capitaine. Quand on a quelque chose à dire, on la dit, qu’on soit premier ou dernier. Il n'y a pas de hiérarchie et c’est ce qui fait notre force. On peut se faire la guerre sur la piste mais on reste de vrais amis en dehors. On part pour une nouvelle saison en espérant faire mieux. Émilien (Jacquelin) fait une saison extra, Simon (Desthieux) est toujours très bon, Antonin (Guigonnat) fait une saison un peu en dessous de celle qu'il espérait, Fabien (Claude) obtient son premier podium… Ça va faire une équipe super forte. La difficulté va être de trouver l’après, quand nous on laissera la place."
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