Il faut "garantir l'accès de tous les enfants dans des conditions d'égalité aux loisirs, au sport et à la culture", préconise la Défenseure des droits

Dans un rapport, la Défenseure des droits met en avant "les inégalités subies" par les enfants et qui les empêchent "d'accéder aux repos et aux loisirs".
Article rédigé par franceinfo
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Des dizaines d'élèves de primaire participent a des ateliers sportifs, à Paris le 4 avril 2023. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Il faut "garantir l'accès de tous les enfants, dans des conditions d'égalité, aux loisirs, au sport et à la culture", préconise Claire Hédon, la Défenseure des droits, dans le rapport 2023 consacré au "droit des enfants, aux loisirs, au sport et à la culture" que franceinfo révèle mercredi 15 novembre. Ce "droit aux loisirs est cependant peu reconnu en tant que tel et demeure souvent considéré comme un aspect accessoire de la vie des enfants", regrette Claire Hédon alors qu'"il est consacré juridiquement" notamment dans le préambule de la Constitution française du 27 octobre 1946 qui "prévoit que la nation garantit à tous, notamment à l'enfant, le repos et les loisirs".

Cette notion a aussi été érigée "en droit par la Convention internationale des droits de l'enfant", poursuit le rapport. L'enfant en a besoin pour "son épanouissement personnel, son insertion sociale" et "la construction de son identité". "Ce n'est pas un droit anecdotique", insiste sur franceinfo Claire Hédon qui parle d'un "impact très important sur le développement des enfants".

"Les atteintes au droit aux loisirs ont un impact sur la santé physique et mentale des enfants."

Claire Hédon, la Défenseure des droits

à franceinfo

"L'arrivée des JO en France est l'occasion de se poser la question de la place donnée au sport dans le quotidien des enfants", appuie la Défenseure des droits. Car le rapport met en exergue "les inégalités subies" par les enfants et qui les empêchent "d'accéder aux repos et aux loisirs".

Des inégalités économiques et géographiques

Il y a "la précarité économique et sociale, le lieu de résidence", ou encore "les coûts", qui constituent des "critères discriminatoires : dans les familles avec des hauts revenus, six enfants sur dix sont inscrits dans une association sportive ou culturelle", pose Claire Hédon, alors que "dans les familles à bas revenus, c'est trois sur dix", affirme la Défenseure des droits. En outre, le rapport relève que "les conditions d'accès aux loisirs des enfants ne sont pas les mêmes pour ceux résidant dans les territoires très urbanisés, au sein des quartiers prioritaires, dans les territoires ruraux ou encore en Outre-mer". Claire Hédon est "frappée d'observer que dans les zones rurales, les enfants ont beaucoup plus de difficultés à accéder aux sports et aux loisirs en raison des distances à parcourir".

Sur ce point, "il faudrait la gratuité des transports pour que justement, les jeunes puissent accéder à des activités sportives et culturelles", plaide Claire Guédon. Elle estime qu'il faudrait aussi davantage de diversité dans les infrastructures sportives à disposition des enfants. Claire Hédon prend ainsi en exemple les quartiers prioritaires de la ville où "il y a souvent des terrains de foot", mais "très peu de cours de tennis ou de piscines : or, c'est essentiel de savoir nager", rappelle la Défenseure des droits qui assure que dans la consultation, "des enfants nous ont dit à quel point c'était essentiel pour eux, pour leur bien-être".

Parmi les recommandations énoncées par ce rapport, il y a la lutte "contre les obstacles économiques et sociaux à l'accès aux loisirs". Cela peut passer notamment par l'"augmentation du montant forfaitaire alloué par le pass'Sport pour les familles aux revenus modestes", mais aujourd'hui, le problème est qu'"il y a pas mal de familles et de jeunes qui ne sont pas forcément au courant et qui ne le sollicitent pas". Claire Hédon estime par ailleurs que cette aide financière de 50 euros "ne suffit pas". "Souvent, les inscriptions sont beaucoup plus chères", rappelle la Défenseure des droits.

"Une politique prioritaire pour améliorer l'offre"

La Défenseure des droits réclame la mise en place "d'une politique prioritaire" afin d'"améliorer l'offre et l'accès aux sorties et aux séjours scolaires". Elle demande de "renforcer les enseignements d'éducation physique et sportive et d'éducation artistique et culturelle". Sur ce point, Claire Hédon estime que "le premier lieu d'entrée du sport et de la culture, c'est l'école", et la Défenseure des droits rappelle qu'en France, "la réalité de la pratique du sport y est moindre que dans les autres pays, même deux fois moindre et deux fois moindre chez les filles que chez les garçons".

Il faut par ailleurs, "accroître le financement des associations d'éducation populaire" et "assurer aux enfants des familles hébergées par le Samu social le même accès péri et extrascolaires", déclare-t-elle. Enfin, Claire Hédon aborde le droit aux vacances et souligne qu'il y a un "manque d'encadrants dans les colonies de vacances : une de nos recommandations, c'est d'assurer la prise en charge financière du BAFA, cette formation pour le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur, sous réserve d'un engagement de travail minimal, mais on sait que c'est un obstacle pour certains jeunes", souffle la Défenseure des droits. 

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