Sponsors en berne, recettes diminuées : les clubs craignent surtout l'après-coronavirus
Privés des recettes de billetterie par l'arrêt des compétitions, les clubs de basket, de handball et de volley craignent surtout l'après-coronavirus car l'inévitable contrecoup économique de l'épidémie risque de tarir les ressources dont ils dépendent.
"Le handball ce n'est que du handball, même si on est le premier sport scolaire et universitaire et qu'on a été champion du monde et champion olympique ! On est loin derrière le football, la F1, la voile ou le tennis qui sont les sports auxquels les sponsors s'intéressent en priorité", souligne Thierry Weizman, le président du club féminin de Metz, champion de France en titre.
Des centaines de milliers d'euros perdus
Dans un premier temps, les clubs doivent absorber les pertes dues à la suspension des matchs. "Ce qu'on perd avec certitude, c'est la billetterie, soit environ 100 000 euros et le revenu des matchs que je vends individuellement aux partenaires, soit 40 à 50 000 euros. En partant du principe que le championnat ne reprendra pas, je perdrai entre 150 et 350 000 euros sur un budget de 2,5 millions d'euros, en étant optimiste", dit Yves Bouget, le président de Tours, club champion de France masculin de volley.
Thierry Weizman anticipe lui une perte de 150 000 euros sur un budget de 3 millions d'euros pour Metz. "Et cela sans imaginer de possibles demandes de remboursement d'abonnés ou de sponsors. On voit que certains supporteurs se posent la question sur les réseaux sociaux". Les clubs supportent ce choc grâce au dispositif de chômage technique, que le gouvernement a étendu pour aider les entreprises. Il leur permet de faire supporter le coût des salaires par l'État (jusqu'à 4,5 fois le smic). "Mais pour la suite c'est autre chose", souligne le président messin.
On ne sait pas pour le moment si les championnats reprendront ou pas. Contrairement au hockey sur glace, ni le basket, ni le hand ni le volley n'ont encore renoncé, même si les opinions sont partagées quant à l'opportunité de s'y remettre cette saison. Le directeur exécutif de Gravelines Hervé Beddeleem "ne voit pas comment le championnat pourrait recommencer", en raison du temps qu'il faudrait accorder aux joueurs pour recouvrer la forme après la fin de la pandémie, tout en reconnaissant que son avis est intéressé car son club est relégable en Jeep Elite.
Je ne pourrai pas reprocher à nos partenaires que leur entreprise est en difficulté
Au contraire Thierry Weizman espère bien que les compétitions iront à leur terme, en particulier la Ligue des champions, car il a bâti ses prévisions budgétaires sur la qualification de ses joueuses au Final Four, qui rapporte un minimum garanti de 200 000 euros.
De toute façon, tous s'accordent à dire que le plus dur est pour plus tard. "J'ai 190 partenaires et 65% du budget de Tours est hors des aides des collectivités. Chez les partenaires, la crise fera des morts, je ne pourrai pas leur reprocher que leur entreprise est en difficulté", dit Yves Bouget (Tours).
Thierry Weizman espère que son sport restera attractif pour certaines entreprises. "Sponsoriser du handball féminin, c'est moins cher que du foot ou du tennis. On a un petit créneau avec un bon rapport qualité-prix. Il y aura peut-être toujours des petites entreprises qui ne pourront pas se permettre le foot et qui resteront avec nous", dit-il, espérant que "les efforts qui ont été faits récemment pour le sport féminin ne seront pas annihilés".
Alors que les besoins seront immenses dans tout le pays, les dirigeants vont devoir se montrer persuasifs pour que les pouvoirs publics ne les abandonnent pas. "Les sports sont une machine économique importante qui ne peut pas s'arrêter. Et puis les gens vont être en manque de compétition et d'adrénaline, de tout ce que le sport procure. Je pense que l'État en a bien conscience. Les budgets seront à la baisse mais ça ne s'arrêtera pas", espère Hervé Beddeleem.
Beaucoup pensent que les joueurs devront faire leur part d'efforts sous la forme de contrats moins lucratifs. "Cela semble inéluctable, juge Étienne Capon, le directeur général de la Ligue nationale de handball. "Si les partenariats baissent, les budgets baissent et on sait que les masses salariales représentent plus de 65% du budget. S'il faut faire des économies, les masses salariales devraient en pâtir".
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