Saint-André: "On n'est pas utopiste"
Avec le recul, avez-vous de nouveaux éléments d'explication à cette dernière place du Tournoi ?
Philippe Saint-André: "Déjà, les échecs, il faut les assumer et on les assume complètement. Même si on n'était pas loin à tous les matches, ça n'a pas suffi. Il y a trop de manques dans pas mal de domaines. Yannick Bru et Patrice Lagisquet (respectivement entraîneur des avants et arrières, ndlr) ont vu presque tous les joueurs. Et on se dit que la première semaine contre l'Italie, on aurait pu l'alléger, faire plus de récupération. Mais on a les joueurs 10 ou 11 semaines dans l'année, si c'est pour passer des jours à faire des bains et des jacuzzis... On a besoin de travailler aussi notre jeu, notre système."
A-t-il fallu du temps pour encaisser cette déception ?
PSA: "C'était une grosse déception... On espérait tous plus du Six nations. Très souvent le premier match donne le tempo et là, on s'est vautré contre l'Italie en ayant le contrôle jusqu'à la 60e minute. On s'est mis le doute, en danger, mais c'est aussi comme ça que les équipes apprennent, se soudent. Il faut que cette période difficile nous renforce."
Avez-vous reçu des encouragements depuis la fin du Tournoi ?
PSA: "Étonnamment, oui. Ce qui est important c'est que les joueurs, dans tous les entretiens que l'on a eus, ont fait non seulement leur autocritique mais croient aussi, comme nous, en cette équipe de France. Il va falloir être mieux partout, dans la précision, dans notre organisation, dans notre férocité défensive, notre discipline. Trois semaines et demi en Nouvelle-Zélande, cela va être intéressant pour continuer à voir ce groupe."
Dans quel état d'esprit abordez-vous cette tournée ?
PSA: "On a la chance d'aller chez les champions du monde, ce qui se fait de mieux dans le rugby mondial. Il y a un goût particulier, aller en Nouvelle-Zélande c'est toujours exceptionnel. C'est ce que j'ai dit aux joueurs, c'est la tournée d'une vie. Il va falloir beaucoup de solidarité en ce mois de juin, en fin de saison, pour rivaliser avec la crème de la crème."
En l'état, le XV de France a-t-il les moyens de gagner un match en Nouvelle-Zélande ?
PSA: "Beaucoup d'experts ne le pensent pas. Mais on a des joueurs qui ont envie de se transcender, de tout donner. Ce qui est sûr c'est qu'on ne sera pas favoris, mais c'est peut-être la meilleure chose pour le rugby français (rires) ! Ce sera le remake de la finale, tout en sachant que les All Blacks repartent aussi un peu sur une nouvelle génération et que nous, de l'équipe qui a été finaliste de la Coupe du monde, beaucoup sont blessés, ont arrêté leur carrière internationale ou sont en difficulté avec leur club. L'équipe de France a été renouvelée à 70%."
Qu'est ce qui fera que la tournée sera réussie ?
PSA: "Surtout, dans l'état d'esprit et le contenu sur le terrain, tout donner, ne rien lâcher, essayer d'être entreprenant, ne pas être timorés. Il faudra essayer de ne pas subir alors que toutes les équipes subissent énormément face aux Néo-Zélandais. Ces matchs de haut niveau, on va y aller pour les jouer à fond. Après, on n'est pas utopiste..."
En janvier, avant le Tournoi, vous parliez du plaisir que les joueurs avaient pris sur le terrain en novembre. On imagine qu'il a un peu disparu...
PSA: "C'est là où tu t'aperçois que le rugby est un sport où il faut énormément de confiance, en plus du combat. Après, on fait quand même match nul en Irlande, on gagne contre l'Ecosse... Si on avait été une équipe en confiance, le score aurait été plus large qu'il a été. Là, la motivation c'est de ne pas être spectateur mais acteur de l'événement. Apparemment, les places se vendent bien, on va jouer les matchs à guichets fermés. Les Néo-Zélandais respectent énormément le rugby français. Nous on va retravailler avec un gros squelette de l'équipe qui était là au mois de novembre et durant le Six nations, puis on va apporter des joueurs en forme ou des jeunes joueurs à grand potentiel."
Certains vont-ils être mis au repos ?
PSA: "On va voir. Peut-être que sur certains postes on aura envie de voir un gros potentiel, un jeune, et on mettra au repos deux ou trois mecs qui ont énormément donné, qui n'ont pas arrêté depuis cinq-six ans. On va aussi essayer d'y aller en étant le plus cohérent et le plus performant possible."
Verra-t-on certains joueurs fraîchement éligibles ?
PSA: "Tout est possible. On va essayer d'enrichir, de mettre de la concurrence à certains postes."
Les clubs français dominent l'Europe. Sept semaines après une dernière place dans le Tournoi, qu'est-ce que cela vous inspire ?
PSA: "C'est bien, on est content pour eux. Moi j'ai joué neuf ans à Montferrand et à Toulon un peu plus que deux saisons. C'est très bien. Pour les joueurs qui sont sélectionnables, cela leur fait une expérience énorme de faire des matchs de très très haut niveau."
Quitte à ce qu'ils soient d'autant plus fatigués...
PSA: "On ne va pas partir en Nouvelle-Zélande en pensant à la fatigue. Il faut y aller avec de la joie, de l'enthousiasme, une envie énorme."
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