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Saint-André, le discours de la méthode

Arrivé à la tête de l'équipe de France au lendemain d'une finale de Coupe du monde perdue, Philippe Saint-André a rapidement mis le cap sur l'avenir. Sans créer de grands remous, il a rajeuni l'équipe, conservant une ossature d'expérience, instaurant une certaine continuité dans ses choix tout en intégrant au compte-goutte des "jeunes à gros potentiel". Sans mettre de côté les échéances intermédiaires, le manageur garde la Coupe du monde 2015 comme but ultime.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Le manageur du XV de France, Philippe Saint-André

"Il faut penser à maintenant mais il faut penser à demain et à la prochaine Coupe du monde. On sait qu'on peut emmener un ou deux joueurs aujourd'hui de 33 ans, mais pas plus". La phrase de Philippe Saint-André, au détour de sa liste de 33 joueurs pour les tests-matches de novembre, résume parfaitement l'un de ses axes de travail. Arrivé aux commandes du XV de France au lendemain d'une finale de Coupe du monde perdue et surtout d'une image écornée, il a tiré beaucoup de leçons du passé. Sans pour autant créer des révolutions dans le milieu. Changer sans heurter, c'est le défi qu'il relève pour l'instant.

Des trentenaires, mais pas trop

Contrairement à son prédécesseur, PSA n'a pas fait table-rase du passé, en appelant massivement de nouveaux joueurs. Auréolé d'une belle réputation de manageur, il s'est d'abord appuyé sur l'existant (Dusautoir, Clerc, Papé, Mas...), tout en écartant certains anciens (Nallet, Chabal, Bonnaire). Les relations qu'il a pu tisser avec certains d'entre eux lors de ses passages dans les clubs de Bourgoin ou de Toulon, ou son passé de joueur de Clermont, l'ont certainement aidé. "C'est obligatoirement une page qui se tourne quand des joueurs comme William Servat, Lionel Nallet, Sébastien Chabal, Julien Bonnaire, qui étaient titulaires en équipe de France pendant sept à huit ans, ont arrêté. Et quand on a des joueurs cadres comme Imanol ou Dimitri Yachvili qui sont blessés", soutient-il.

Et il a injecté du sang-neuf, autour de quelques principes: "La dimension physique est primordiale au niveau international", rappelle-t-il, pour justifier des choix de joueurs au physique conquérant. "On continue à (sélectionner) un jeune joueur à gros potentiel par ligne. On essaye de leur faire toucher du bout du doigt le haut niveau. On titille les jeunes joueurs", insiste-t-il. Libre à eux ensuite de se prendre en main au niveau technique, physique ou de l'hygiène de vie.

Pour ces tests de novembre, après un Tournoi des VI Nations décevant (2 défaites, 1 nul) et une tournée en Argentine équilibrée (une défaite, une victoire), le staff tricolore "reste cohérent", selon PSA: "Vingt joueurs ont fait la tournée en Argentine. C'est le socle de l'équipe de France. Il y a trois revenants: Nicolas Mas, qui devrait jouer 20 minutes ce week-end puis aura deux matches avant les tests, Thierry Dusautoir, le capitaine, et Vincent Clerc, qu'on avait laissés au repos en juin. On est fidèle à l'ossature argentine, avec des revenants en forme et un jeune par ligne".

En évoquant les blessés (Malzieu, Médard, Palisson, Yachvili, Harinordoquy), il ne parle pas des Marty, Poitrenaud, Poux et autres Rougerie, tous trentenaires. "On ne ferme aucune porte", souligne-t-il pourtant. Mais il met la pression sur tout le monde, même son capitaine, Thierry Dusautoir: "Ce qui compte, c'est la performance sur le terrain", scande-t-il, se félicitant de l'avoir laissé au repos en juin alors que le Toulousain voulait faire la tournée en Argentine. "Quand je vois McCaw qui prend 8 mois de vacances pour aller jusqu'à la Coupe du monde... Les joueurs de l'équipe de France qui veulent aller jusqu'en 2015, il va falloir qu'ils travaillent à 120, 130% de leur potentiel physique." Jeunes ou anciens, tout le monde est logé à la même enseigne.

Un cheptel de 80-90 joueurs suivis

Avec désormais Patrice Lagisquet et Yannick Bru à plein temps pour l'épauler, Philippe Saint-André a également joué la "pax romana" avec les clubs. Venant de trois des grands clubs français (Clermont, Biarritz, Toulouse), les trois hommes s'appuient énormément sur les entraîneurs de club, les préparateurs physiques, pour être au courant de la forme de chacun. "On suit 80-90 joueurs, on a chacun de leurs matches", souligne-t-il. C'est pour cela que, malgré 33 joueurs appelés pour novembre, il n'exclut pas qu'une autre joueur intègre le groupe: "Il y a deux matches de championnat et un de Coupe d'Europe. Il peut y avoir des blessés. Et si un joueur fait de très bons matches, on l'appellera."

Mais comme tous les sélectionneurs, la méthode peut être soumise à un changement de cap, en fonction des résultats. La dernière fois que les Wallabies sont venus en France, ils ont infligé la plus lourde défaite de l'histoire au XV de France (59-16). Et ils viennent, comme les Argentins, de passer 4 mois et demi ensemble. L'équipe de France, elle, aura eu 3 jours à 33, et cinq à 23 pour se préparer aux Australiens.

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