XV de France, sans-faute ou sans espoir ?
Une défaite rendrait à cette série de tests un visage bien terne. Après la copie brouillonne dans le marécage de Nantes contre les Fidji, le petit succès (mais positif) contre les Pumas, l'équipe de France doit se sublimer pour vaincre l'Australie. Cela fait six ans qu'elle ne l'a pas dominée, quatre matches qu'elle n'est plus sortie du terrain la tête haute contre une formation qui est la seule à avoir fait tomber les terribles All Blacks depuis cet été. Et si la défaite à Twickenham a montré certaines limites dans le jeu, cette équipe est redoutable, et redoutée.
Traditionnellement, l'Australie est moins brillante que la Nouvelle-Zélande, moins puissante que l'Afrique du Sud, mais possède beaucoup de ces deux qualités et trouve un équilibre entre ses deux rivaux de l'Hémisphère Sud, qui en fait un adversaire capable de battre n'importe qui, impitoyable lorsqu'on commet une erreur. Si la mêlée n'est pas son point fort, elle ne perd pas pour autant des ballons sur son introduction et dispose avec son cinq de devant de joueurs durs au mal et combattants, performants au déblayage. "Ils ne sont pas très puissants, et ne cherchent pas l'épreuve de force dans ce secteur (de la mêlée) mais ils restent compliqués à jouer", estime Didier Retière, l'entraîneur de l'équipe de France chargé des avants. La troisième ligne représente l'un des points forts de cette équipe, avec notamment un Ricky Elsom hors norme au large et précieux au près. La nouveauté de cette année 2010 réside ailleurs. Avec Quade Cooper à l'ouverture, le sélectionneur Robbie Deans a trouvé un joueur talentueux, joueur, intelligent pour faire jouer autour de lui, et surtout imprévisible, qui trouve en plus en écho à l'arrière le jeune Kurtely Beale, 20 ans à peine, qui a éclairé de ses relances et de ses prises d'intervalle le jeu depuis cet été. Avec le troisième ligne David Pocock, il a d'ailleurs été nommé pour le titre de meilleur joueur de l'année 2010 dans une liste de six joueurs. C'est dire que les Wallabies présentent des dangers un peu partout, avec une nouvelle génération bourrée de talent qui pousse du coup Matt Giteau, leur traditionnel maître à jouer depuis plusieurs saisons, sur le banc.
Pour mettre fin à une série de quatre défaites consécutives contre l'Australie, Marc Lièvremont a décidé de mettre tout le poids dans la bataille. Le cinq de devant identique à celui qui a fini le Tournoi des VI Nations pour mener la France au Grand Chelem, la titularisation de Sébastien Chabal en N.8 pour le deuxième match consécutif avec le retour d'Ouedraogo en lieu et place de Bonnaire, sans oublier le maintien de la paire de centres Rougerie-Jauzion qui vient densifier un centre du terrain déjà alourdi par la titularisation de Traille à l'ouverture, tout cela va dans le sens de la puissance. Solide sur ses bases, dense en défense, présent sur tous les rucks, le XV de France sait ce qu'il doit bien faire pour espérer gagner. Mais cela ne suffira pas. Trouver du liant, de la continuité dans le jeu, éviter les pertes de balles qui ont miné le jeu contre les Argentins ou les Fidjiens, tout cela sera très observé. A moins d'un an de la Coupe du monde, la France a besoin de certitudes.
Dans le match des mots précédant la rencontre, le centre australien Berrick Barnes a presque placé la France au rayon des favoris: "Sur le papier, c'est la meilleure équipe de France que j'ai vue depuis deux ou trois ans. C'est un gros défi pour nous. Ils ont aligné leurs stars, de gros clients. (...) Ca va être un match intéressant... si on touche la balle !". Et de glisser qu'avec la puissance des Chabal, Traille, Rougerie et Jauzion notamment, "il va falloir s'échauffer les épaules un peu plus ! On verra comment ça se passera. J'essaierai d'accrocher leur short si j'ai l'occasion ou de les plaquer !" Avant d'affronter l'une de leurs bêtes noires, son homologue Aurélien Rougerie tente au contraire de désacraliser l'adversaire: "C'est une équipe très mobile, complète. Il faut évidemment dire que l'Australie est une très bonne équipe qui perturbe beaucoup les défenses, qui bouge beaucoup avec des joueurs de qualité. On ne va pas non plus se flageller, c'est pas la peine, mais il va falloir être vigilants. Ils ont beaucoup d'individualité entre Cooper, Giteau, Mitchell et compagnie, plus Beale à l'arrière: ils ont de quoi faire rêver. On va essayer des les perturber au maximum. Jouer autour du N.10, peut-être, mais il y a aussi d'autres éléments un peu faibles dans leur défense qu'on va essayer d'exploiter."
A moins d'un an de la Coupe du monde, l'équipe de France doit se prouver à elle-même qu'elle peut ambitionner le titre suprême en Nouvelle-Zélande, et pour cela battre n'importe quelle équipe. L'Australie fait partie des prétendants à chaque édition, Marc Lièvremont et ses hommes doivent donc gagner pour intégrer ce groupe de prétendants.
Composition des équipes
France: Porical - Huget, Rougerie, Jauzion, Palisson - (o) Traille, (m) Parra - Ouedraogo, Chabal, Dusautoir (cap.) - Nallet (ou Thion), Pierre - Mas, Servat, Domingo
Remplaçants: Guirado, Schuster, Thion (ou Millo-Chluski), Bonnaire, Yachvili, Estebanez, Andreu
Australie: Beale - O'Connor, Ashley-Cooper, Barnes, Mitchell - (o) Cooper, (m) Genia - Pocock, McCalman, Elsom (cap.) - Sharpe, Simmons - Alexander, Moore, Slipper
Remplaçants: Polota-Nau, Robinson, Chisholm, Higginbotham, Burgess, Giteau, Turner
Arbitre: Bryce Lawrence (NZL)
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