XV de France: le mal est-il plus profond ?
"Je ne sais pas si nous sommes faits pour travailler ensemble". Selon Midi Olympique, c'est la phrase qu'aurait prononcé Emile Ntamack aux joueurs lors d'une réunion au lendemain de la défaite. "Si vous ne voulez plus de moi, il faut le dire", aurait-il ajouté. Officiellement, l'entraîneur des lignes arrières se "pose des questions. Il faut prendre quelques jours pour réfléchir, tout simplement. Je dis simplement que j'ai besoin de prendre un peu de recul avec tout ça, de voir les joueurs, de discuter." Si Didier Retière, l'adjoint chargé des avants, est resté muet sur le sujet, et que Marc Lièvremont tient sa ligne de conduite - "la seule chose qui pourrait me faire renoncer, c'est de sentir que les joueurs me lâchent" -, cette hésitation de l'ancien Toulousain laisse entrevoir les doutes qui peuvent assaillir le staff tricolore. Après une telle déculottée, c'est normal. Mais ces doutes proviennent-ils d'un constat plus grave, ne traduit-il pas simplement un sentiment d'impuissance face à l'ampleur de la tâche ? Les joueurs ont-ils baissé les bras après la 50e minute contre l'Australie ? Le jeu développé par la France est-il celui dont il rêvait ? Autant de questions qui doivent trotter dans les têtes, mais qui devront trouver des réponses avant le 19 janvier prochain, jouer du Comité de sélection pour le Tournoi des VI Nations. Quand Yannick Jauzion souffle "on se sent perdu dans le flou", parle-t-il simplement de son état après cette terrible désillusion ou évoque-t-il le sentiment plus global des joueur ? Sébastien Chabal ne veut pas trop en dire lorsqu'il lâche: "C'est une véritable défaite collective. Une démission ? Je préfère m'arrêter à une défaite collective."
En attendant, cette faillite collective donne forcément des arguments aux plus sceptiques de la méthode Lièvremont. Après avoir prôné le jeu à tout-va, interdisant le jeu au pied lors des premières sorties de leur équipe de France dans le Tournoi des VI Nations 2008, il faut bien constater que le jeu tricolore n'affiche pas une ligne de conduite très claire. Et si les avants, notamment en mêlées ou dans l'impact physique, sont dans une cohésion ascendante, les lignes arrières demeurent en chantier. Entre blessures, choix volontaires et déceptions individuelles, la France bégaye, ne trouve pas d'équilibre, ne trouve pas de continuité. Selon Midi Olympique, la réunion de dimanche matin, dans l'hôtel parisien dans lequel ils ont tenté de dormir après le match, a été l'occasion pour certains de reprocher le contenu des entraînements et le manque de clarté du système de jeu. A neuf mois de la Coupe du monde, cet échec cuisant pourrait être salutaire. La France n'est jamais aussi bonne que lorsqu'on l'enterre. Mais il n'est pas isolé. En juin, le XV de France, avec une équipe sérieusement remaniée pour la tournée de fin de saison, avait pris deux claques successives en Afrique du Sud (42-17) puis en Argentine (41-13). Celle contre les Wallabies ne fait qu'amplifier l'impression que les Bleus peuvent perdre dans les grandes largeurs contre de nombreuses équipes. Et encore n'a-t-elle pas croisé la Nouvelle-Zélande, auteur d'un sans-faute dans le Tri-Nations et d'un Grand Chelem en terres britanniques. Connus pour être capables de battre n'importe qui, les Français ont-ils perdu cette qualité ? Sont-ils simplement perdus, à l'image d'un sélectionneur qui lançait à l'issue de la rencontre: "Il est au-dessus de mes forces d'expliquer l'inexplicable".
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