Serge Blanco: "les entraîneurs ont toujours la même liberté"
Q: Samedi, le comité de suivi que vous pilotez a travaillé sur la 11e journée de Top 14. En quoi consiste sa tâche ?
R: "On essaye d'envoyer chaque membre sur des matches à proximité de son domicile. Ça permet de voir la réalité du jeu. A la télévision, la caméra resserre et permet certes l'analyse précise de certains secteurs comme la touche ou la mêlée. Mais il y a aussi des ouvertures, des coups à jouer, des courses à redresser et ça, à la télévision on ne le voit pratiquement pas."
Q: Une fois sur place, comment chaque membre du comité procède-t-il ?
R: "Ils doivent faire un rapport: c'est une feuille type où l'on coche certains mouvements que l'on peut voir sur le terrain. Après, ils amènent des appréciations écrites aussi. Pour chaque match, on cible tel ou tel mec à surveiller. Mais on demande aussi que si un garçon auquel on n'a pas pensé se met en évidence, il y ait des annotations supplémentaires. Ça permet de souligner si un jeune est prometteur et si on doit le mettre sur les tablettes."
Q: Comment les informations remontent-elles ensuite ?
R: "Ils m'envoient toutes leurs observations avec un double aux entraîneurs. On fait un debriefing tous les 15 jours à Marcoussis tous ensemble. Sur la période actuelle, il faut rendre très vite les compte-rendu, le staff du XV de France en a besoin rapidement pour former son groupe des 30. Mais dans des périodes où il n'y a pas de matches internationaux, les gars suivent très exactement les joueurs et font un complément en revisionnant les matches."
Q: Ce projet de comité de suivi a-t-il été dur à présenter à l'encadrement du XV de France ?
R: "C'est toujours difficile d'amener ce genre de choses. La susceptibilité, la plupart du temps, est mise à mal alors qu'en fin de compte on s'aperçoit que le comité de suivi n'est pas un comité de sélection. C'est un appui exceptionnel car il est très difficile de superviser autant de joueurs à trois personnes. L'intelligence et l'amitié que je peux avoir avec les entraîneurs font que ça a facilité les choses. Je pense que Philippe, Patrice et Yannick sont contents de ce qu'il se passe. Il n'y a pas de pressions faites par des membres du comité de suivi pour dire que l'un est meilleur que l'autre. La problématique n'est pas là. Il s'agit de dire: en forme, pas en forme, combien de plaquages, combien de sauts en touche..."
Q: Ce comité a-t-il pour vocation de durer ?
R: "Je l'espère. Je pense que c'est une bonne chose, les entraîneurs ont toujours la même liberté, tout en sachant qu'ils peuvent s'appuyer sur des personnes de qualité qui n'ont aucun intérêt à favoriser untel ou untel. Tout le monde disait qu'on aller rappeler les anciens internationaux dans ce comité. Pas du tout. Sans mettre en doute leurs connaissances, ça aurait été vite considéré non plus comme un comité de suivi mais de sélection. Là, c'est cadré."
Q: Cette remontée de l'information aurait aussi pu se faire directement auprès des clubs...
R: "Ça commence à être fait. Maintenant que le mécanisme est mis en place, tous les membres du comité de suivi sont bien reçus. Nous avons toujours averti de notre venue. Ils échangent sur place avec les entraîneurs et les joueurs, les clubs jouent vraiment le jeu avec le comité de suivi."
Q: Pourtant, les clubs gardent la gâchette facile !
R: "Il faut comprendre que l'on a des intérêts en commun. Les entraîneurs de club ont besoin de gérer une année sportive et c'est loin d'être évident. Mais l'équipe de France doit être mise en avant, c'est une priorité pour le rugby français en terme d'image et de jeu à développer."
Q: Satisfait de l'enthousiasme déployé samedi dernier face aux Fidji (40-15)?
R: "L'esprit, c'est ce qui est très important. Samedi, les joueurs ont eu un esprit très ouvert. Il faudra ajouter d'autres ingrédients face à d'autres nations, c'est vrai. Mais je crois qu'avec beaucoup d'abnégation, de sérieux et de partage, on va arriver à quelque chose d'exceptionnel."
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