Le XV de France domine l'Argentine avec panache
La comparaison était attendue. Une semaine après la probante victoire de la France sur des Australiens peu sémillants, le match face aux Argentins avait valeur de test, et aussi de confirmation. Les Bleus étaient-ils si performants ? Les Bleus pouvaient-ils éviter le piège de Sud-Américains, devenus leur bête noire après 8 victoires lors des douze derniers duels ? Les Bleus pouvaient-ils trouver la constance ? A toutes ces questions, l'affirmative est de mise.
Les deux matches n'ont rien eu de comparable. Sous le toit fermé du Grand Stade de Lille Métropole, ça a été rude, ça a été rythmé, ça a été fou-fou assez souvent. A tel point qu'il a fallu attendre la 39e minute pour voir la première mêlée du match. On était très loin de l'organisation millimétrée avec les Wallabies. Entre Latins, l'improvisation a eu une grande place, doublée d'un engagement extraordinaire. Du coup, des temps de jeu interminables, des relances de partout. Bref, un match alerte.
Picamoles, perce-muraille dans tous les bons coups
Dès la 3e minute, Frédéric Michalak bénéficiait d'une pénalité, après avoir lui-même arraché le ballon aux Argentins dans ses 22m. Et l'ouvreur français poursuivait son sans-faute entamé la semaine dernière (3e, 3-0). Mais les Pumas réagissaient de très belle manière, avec une percée de Sanchez qui, d'un crochet intérieur, transperçait Mermoz avant de servir Bosch qui s'en allait aplatir le premier essai encaissé par la France en novembre (5e, 3-7). Très à l'aise au Stade de France et rarement prise à défaut, la défense tricolore était de nouveau transpercée par le Toulonnais Fernandez-Lobbe qui prenait l'axe avant d'être repris, puis la France pénalisée (9e, 3-10). C'était la période très difficile des hommes de Philippe Saint-André, qui étaient de nouveau pénalisés (13e, 13-3) alors que quelques secondes avant, Picamoles avait échappé au carton pour avoir chargé en l'air Sanchez (12e).
Sous pression, le XV de France réagissait. Dans ses 22m, Machenaud initiait une relance avec son pack au soutien. Le décalage se faisait sur l'aile gauche, Picamoles perçait, parvenait à rester sur ses cannes pour attendre le soutien venu avec Papé, qui servait Mermoz en position d'ailier qui débordait pour remettre à l'intérieur et faire vivre ce ballon, juste avant d'être poussé en touche. Un ballon qui traîne ? En finisseur exceptionnel, Clerc s'en emparait pour inscrire son 33e essai en équipe de France (18e, 13-10). La balance penchait un peu plus du côté des Français, sur une récupération de Picamoles au contest, puis un coup de pied à suivre très intelligent de Fritz pour son compère de Toulouse, Clerc, qui n'avait plus qu'à filer jusque dans l'en-but pour aplatir entre les perches son 34e essai (21e, 17-13).
Vincent Clerc (ailier du XV de France au micro de France télévisions): "En début de match, on a pris beaucoup de pénalités et un essai. Après, on a réussi à renverser la tendance en étant beaucoup plus agressifs en défense, on a eu des ballons de récupération et c'est là dessus qu'on marque d'ailleurs. Après, on a imposé notre jeu, on est allé jouer chez eux, et on a eu une bonne conquête. On a su bien alterner jeu au pied et jeu à la main. Ca a été bien mieux à partir de la 15e minute. Après on a continué de manière constante à les mettre sous pression. Ca nous a permis de mettre quelques pénalités. On aurait pu marquer un ou deux essais de plus. Mais moi je suis content, c'est la première fois que je bats les Argentins !".
Clerc, finisseur à 34 essais en Bleu
Et alors que les Pumas refaisaient peu à peu surface, les Bleus infligeaient un coup de poignard. Picamoles, à la conduite d'un maul dans les 30m argentins, était mis au sol. Nyanga se saisissait du ballon, résistait à deux Argentins avant d'accélérer comme un trois-quarts pour avaler les 22m et aplatir le troisième essai de son équipe (33e, 24-13). L'écart s'agrandissait, et surtout les confirmations apparaissaient. Un pack français performant, une 3e ligne combattante et partout au soutien à l'image d'un Picamoles dans tous les bons coups, des trois-quarts entreprenants et une charnière qui fluidifie bien le jeu. Mais à la 38e minute, Frédéric Michalak connaissait son premier échec au pied. Après cinq coups de pieds réussis sur cinq tentés contre les Wallabies, et quatre réussites contre les Pumas, il ratait de peu les perches sur une pénalité. Là aussi, malgré cela, c'était la confirmation de sa constance. A la pause, l'avantage était net (24-13).
Au retour des vestiaires, après quarante premières minutes intenses, le rythme baissait nettement. Mais le combat était toujours aussi âpre. Sanchez, le remplaçant de Hernandez à l'ouverture, poursuivait son 100% au pied en passant une pénalité (44e, 24-16). Mais la nouvelle sérénité de Michalak et le bon travail des avants permettaient au demi d'ouverture de répondre rapidement, en passant son deuxième drop en deux matches (47e, 27-16). Et juste avant l'heure de jeu et la ribambelle de remplacements, le scénario se répétait: pénalité de Sanchez (56e, 27-19) suivie de celle de Michalak (60e, 30-19).
Michalak confirme, la France aussi
Face à l'une des références mondiales en mêlée, la France était moins à l'aise que contre l'Australie, mais comme elles étaient moins nombreuses, cela ne prêtait pas à conséquences. Sur l'une d'elles où Steve Walsh pénalisait les Bleus, Sanchez ratait sa première pénalité (65e), avant de passer un drop (66e, 30-22). Et encore une fois, Michalak redonnait un bon matelas d'avance (68e, 33-22). Et il aggravait même le score sur une nouvelle pénalité (72e, 36-22), puis une autre (78e, 39-22) pour inscrire 24pts au pied après en avoir mis 15 la semaine dernière. Michalak, buteur de classe mondiale ? Cela se confirme. Mais c'est bien toute l'équipe de France qui a confirmé sa belle prestation de la semaine dernière.
Dans le temps additionnel, les Bleus visaient un quatrième essai, jouant pénalités à la main puis en mêlée, mais sur la ligne argentine, l'arbitre arrêtait les frais après 84 minutes d'un énorme combat. Grâce à cette seconde victoire, couplée à la défaite de l'Angleterre, la France est plus que jamais proche de décrocher l'une des quatre premières places au classement IRB, synonyme de tête de série pour le tirage au sort des groupes pour la Coupe du monde 2015 en Angleterre, le 3 décembre. C'était l'objectif annoncé par Philippe Saint-André avant ces tests de novembre, qui doivent être conclus de belle manière par la réception des Samoa la semaine prochaine à Paris. Un sans-faute serait le signe que le staff du XV de France a peut-être trouvé une belle base pour viser 2015.
Réactions
Louis Picamoles (troisième ligne centre du XV de France): "Ils nous ont cueilli à froid d'entrée. On a mis du temps à se mettre dans la rencontre. Après on a eu une belle réaction. Il y a eu une très belle solidarité. La deuxième mi-temps a été moins enthousiasmante que la première. Mais l'essentiel est fait, on enchaîne une deuxième victoire. Ca n'a pas été facile, on a galéré, mais on a encore montré de belles valeurs, une belle solidarité et de l'enthousiasme dans le jeu. Donc, il faut conserver cela et ne pas s'arrêter là pour enchaîner d'autres performances."
Pascal Papé (capitaine du XV de France): "On n'a pas attaqué le match de la meilleure des façons, on est mené 13 à 3 au bout de 13 minutes. Malgré tout, sur le terrain, je n'ai entendu que des encouragements, que des mecs qui ne voulaient rien lâcher. On est revenus dans la partie. Ce que je retiendrai, c'est encore une fois une victoire avec un superbe état d'esprit. L'Australie la semaine dernière, l'Argentine aujourd'hui, c'est énormément de fierté car ce sont deux grosses nations de l'hémisphère Sud. On a encore un troisième match et non des moindres contre une équipe (les îles Samoa) qui a gagné au pays de Galles (vendredi). Lundi, on a un nouvel objectif, on n'a pas trop le temps de s'attarder sur ces bonnes choses".
Juan Martin Fernandez Lobbe (capitaine de l'Argentine): "Au-delà de l'aspect physique, nous n'avons pas eu cette précision que nous avions eue la semaine dernière (face au pays de Galles). Nous avons subi dans les zones de rucks et la discipline nous a fait défaut. On sait que c'est un aspect très important. Nous avons été disciplinés en première mi-temps mais pas en seconde, et ces erreurs ont rapporté des points à l'adversaire."
Santiago Phelan (entraîneur de l'Argentine): "L'Argentine a bien commencé le match mais n'a eu le contrôle ni du ballon, ni du rythme des débats. Nous n'avons pas été bons dans le jeu au pied et avons laissé l'initiative aux Français. La France a profité de nos erreurs pour marquer son premier essai. En deuxième mi-temps, il y a eu beaucoup d'imprécision de la part de mon équipe et les remplaçants n'ont pas réussi à remettre de la puissance."
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