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France - Nouvelle-Zélande : Un bizutage corsé pour la charnière Dupont-Belleau

Il leur faudra une bonne dose d'insouciance: les demis Antoine Dupont et Anthony Belleau, qui cumulent trois sélections et 42 ans à eux deux, auront la redoutable et alléchante mission de conduire le jeu du XV de France samedi face à la Nouvelle-Zélande, double championne du monde en titre.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
La charnière Belleau - Dupont, le futur du XV de France ?

L'ouvreur titulaire Camille Lopez blessé de longs mois, le sélectionneur Guy Novès n'a pas hésité: Belleau (Toulon) honorera samedi sa première sélection. A 21 ans et après seulement 23 matches professionnels, il formera avec Dupont (21 ans le 15 novembre, 3 sél. mais aucune titularisation) une charnière aussi inexpérimentée que prometteuse. "On se dit qu'il vaut mieux (les lancer) aujourd'hui (à deux ans de la Coupe du monde, NDLR) que demain. Il faut un jour les évaluer et les mettre face aux problèmes les plus importants. De ce point de vue-là, ils vont être servis. Leur insouciance, leur culot a justifié notre choix" a commenté Novès. A ces qualités, souvent associées aux 20 ans, Belleau (1,77 m pour 88 kg) et Dupont (1,75 m pour 84 kg), gabarits compacts, ajoutent une capacité à prendre de risques. "Ce sont deux gros travailleurs et deux joueurs qui aiment porter le ballon et animer. C'est sûr que ce ne sont pas des gestionnaires, ils préfèrent plutôt +envoyer+" du jeu, témoigne pour l'AFP Thomas Lièvremont, leur entraîneur en équipe de France des moins de 20 ans en 2015 et 2016.

Dupont, 'une boule de nerfs'

Autre point commun, leur départ, assez jeune, de leur cocon familial pour prendre leur envol, en 2014. A Toulon pour Belleau l'Agenais; à Castres puis à Toulouse cet été pour Dupont le Gersois, dynamiteur autour des regroupements dont la plus grande force "est son physique", dixit Lièvremont. "A 19 ans (âgé où il a éclos avec le CO), on n'est pas forcément prêt à affronter des +malabars+, lui l'était. C'est une boule de muscles, de nerfs, avec un gros tempérament et une très bonne technique de duels" poursuit l'ancien numéro 8 des Bleus. Avec, comme corollaire, une tendance à parfois un peu s'isoler: "Il faut parfois le suivre car c'est un joueur qui prend beaucoup d'initiatives personnelles", juge ainsi Emile Ntamack, entraîneur des arrières du Stade Toulousain. L'intéressé, qui ne pensait pas que sa première sélection, en mars dernier dans le Tournoi des six nations, "arriverait si vite", estime aussi devoir s'affirmer pour diriger son pack. "Je sais que c'est primordial à mon poste d'avoir ce côté-là, donc forcément je le travaille, j'essaie de discuter avec les avants pour voir comment je peux les aider et les guider sur le terrain" commente-t-il.

Belleau, 'plus cérébral'

Si Dupont a éclos rapidement, Belleau a lui eu besoin de davantage de temps: avant de s'imposer cette saison au RCT, il a vécu deux ans et demi plus difficiles à Toulon, rejoint pour se "prendre en main en partant loin de chez (lui)". Et progresser au côté de grands joueurs, dont l'ancienne référence du poste, Jonny Wilkinson. "Aujourd'hui, j'en retire beaucoup de choses, ça me permet d'avoir un peu plus de sérénité à l'approche de ce genre d'événements (comme samedi)" ajoute Belleau, jugé par Lièvremont "plus cérébral" et moins habité "d'une grande confiance en ses qualités" que Dupont. Le jeune ouvreur, qui doit encore progresser dans la gestion du jeu, a fait preuve de cette sérénité le 26 mai dernier, date de son éclosion aux yeux du grand public du rugby: pour sa troisième titularisation seulement, il envoyé d'un drop, après la sirène contre La Rochelle (18-15), Toulon en finale du Championnat. Dupont, lui, a su maîtriser ses nerfs avec le XV de France dans une fin de match étouffante pour renverser le pays de Galles (20-18) en clôture du dernier Tournoi des six nations. "Les nouvelles générations sont surprenantes dans leur faculté à absorber la pression sans se rendre malade" souligne Lièvremont. Ils en auront une bonne dose sur les épaules samedi.

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