Wilkinson: "C'est l'inconnu pour moi"
Est-ce la sortie dont vous aviez rêvé ?
JW: "Oui, c'est exactement ça, c'est un rêve. Je suis là mais je suis aussi un peu ailleurs. Durant ma carrière, j'ai réussi parfois et plusieurs fois j'ai chuté. Je voyais à la télévision les équipes comme le Leinster gagner deux fois d'affilée la Coupe d'Europe, les Wasps et Leicester faire les doublés (Coupe d'Europe - Championnat, ndlr)... C'est quelque chose qui était réservé aux autres. Je ne réalise pas encore mais dans les semaines qui viennent, ça va être important de profiter et de trouver une place dans ma tête pour ce qu'on a réalisé cette saison."
Y a-t-il de la joie ou aussi de la tristesse ?
"Il y a beaucoup de choses qui me poussent à sauter un peu de joie mais quelque chose qui me retient aussi. Je me suis rendu compte très vite après le match que les autres vont revenir jouer, recommencer une nouvelle aventure. Pas moi. C'est un état que je n'ai jamais connu dans ma vie. Même si j'ai été blessé durant quatre ans, je savais toujours qu'il y avait des matches qui m'attendaient, que le rugby n'était pas fini. Cette fois, c'est fini. Je ne sais pas exactement comment je vais ressentir ça (sic). Il faudra que je trouve une façon de le contrôler, de maîtriser et de profiter aussi. (...) C'est l'inconnu pour moi. Je suis entre deux choses: le rugby et l'avenir."
A quoi avez-vous pensé au coup de sifflet final ?
"J'ai regardé les autres joueurs. J'ai vu l'énergie, la joie, l'expérience. Ca m'a fait trop plaisir de voir cette équipe, avec tout ce qu'on a fait ensemble, ressenti ensemble, les bons et les mauvais moments, les leçons qu'on a apprises... Ce trophée est le résultat de beaucoup d'efforts et plus que ça, c'est le résultat de connexions entre tous les joueurs, d'investissements individuels et collectifs. Tout le monde a donné ce qui était nécessaire. Je garderai dans ma tête toute ma vie l'état d'esprit de cette équipe."
Est-il possible de vous revoir jouer ?
"Non. Je priais pour que la sensation (d'arrêter sa carrière) viennent de dedans, que les réponses à mes questions viennent naturellement. Le rugby, c'est pour les mecs qui ont envie d'avancer. J'ai toujours eu ça dans ma carrière, l'envie d'aller plus loin. Mais là, je me suis juste senti capable de tenir la position jusqu'à la fin. Je me suis dit: +C'est le moment. Si je continue, je peux empêcher les autres d'avancer+. Je vais trouver une autre façon de le faire. A Michalak, Giteau (ses remplaçants au poste d'ouvreur, ndlr) et les autres de pousser ce club et d'aller chercher plus loin."
Avez-vous l'impression que Toulon est devenu la référence ?
"Pas du tout. On est une équipe comme les autres qui se bat pendant toute la saison pour se qualifier. On est jamais assuré d'être en finale de Coupe d'Europe, de Top 14. Tout ce qu'on peut faire, c'est gagner le droit d'être présents dans les grands matches de fin de saison. En janvier, on ne savait pas si on allait se qualifier. On est devenu une des grandes équipes en France mais pas du tout la référence. Toulouse peut gagner contre Toulon, Clermont, Castres, le Racing-Métro, Montpellier aussi... On l'a vu cette saison. C'est pour ça que le Top 14 est peut-être le meilleur championnat."
Et ce Bouclier ?
"Il est lourd ! (sourire) Je me souviens au début de la saison quand les capitaines de toutes les équipes étaient réunis avec le Bouclier (pour une séance photo, ndlr). Tous les capitaines étaient autour et moi, j'avais mis la main sur le Bouclier. On m'a dit que je n'avais pas le droit de le toucher. Si tu n'as pas gagné, tu n'as pas le droit de le toucher. J'ai vu à ce moment-là que c'est quelque chose de spécial. Il faut le mériter, le gagner. Maintenant, j'aurais le droit de le toucher pour la prochaine photo. Malheureusement il n'y en aura pas !"
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