Toulouse punit Clermont
Pour ceux qui ont eu le courage de se lever à 7h ce samedi matin afin de voir l'équipe de France, assister au match entre Toulouse et Clermont a de quoi rassurer. Voir deux équipes françaises suivre un certain fil conducteur dans le jeu, cela ne paraissait pas si évident après avoir suivi la performance du XV de France. Bien évidemment, les supporteurs auvergnats ont parfois eu tendance à se mettre dans la peau des Tricolores lors de leur revers contre les All Blacks. ce n'est pas tant la domination toulousaine qui a prévalu, mais plutôt la capacité de cette équipe à marquer aux moments importants. Et il fallait cela pour vaincre la dernière équipe qui ne comptait aucune défaite avant cette 6e journée.
Au Stadium, sous une grosse chaleur commune à toute la France, les champions de France ont débuté le match rapidement, avec un essai de Yann David, associé à Yannick Jauzion pour une paire de centres internationaux (4e). Après avoir passé une pénalité de 57m (15e) qui rendait la pareille à James (9e), Luke McAlister s'extirpait de la ligne défensive des Jaunards pour percer et taper à suivre pour son ailier Matanavou, qui entrait dans l'en-but avec son vis-à-vis sur le dos, la vidéo validant le deuxième essai de la rencontre juste avant la pause (40e). Très précieux à son poste d'ouvreur pour faire jouer ses coéquipiers mais aussi pour percer, l'ancien All Black animait magnifiquement des lignes arrières talentueuses malgré les nombreuses absences pour cause de Coupe du monde ou de blessures. Un essai en début de match, un autre en fin de mi-temps, voilà le timing idéal pour sonner un adversaire.
Le retour d'Elissalde
Mais au retour des vestiaires, les hommes de Vern Cotter réagissaient et mettaient les Toulousains à la faute pour deux pénalités coup sur coup qui rééquilibraient les débats (44e, 46e). A 15-9, le danger était proche mais l'équipe locale plaçait un nouveau coup d'accélérateur, initié par Nyang et conclu en bout de ligne par Poitrenaud qui venait aplatir entre les perches (51e). Malgré une fin de match très percutante, avec un Vosloo toujours aussi dévoreur d'espace en troisième ligne, l'ASM ne parvenait pas à décrocher le point de bonus offensif, qui aurait du même coup privé Toulouse du bonus offensif. Malgré trois belles occasions devant la ligne, Clermont, réduit à 14 après l'exclusion temporaire (74e) du 3e ligne Lapandry entré en jeu en 2e période, ne passait pas et le score ne changeait pas. Pour la dernière minute de la rencontre, Guy Novès faisait entrer son adjoint, redevenu joueur en raison des nombreuses absences, et Jean-Baptiste Elissalde pouvait ainsi bénéficier d'une large ovation du public. Un ballon touché plus tard par un homme qui fêtera ses 34 ans le 23 novembre prochain, et les deux équipes rentraient aux vestiaires, Toulouse en position de leader du Top 14 avec une longueur d'avance sur Castres, et Clermont, désormais 3e à deux longueurs.
Ce "remake" de la demi-finale de la saison passée a peut-être permis aux amoureux du rugby de revoir du jeu dans cette journée plutôt noire pour le rugby tricolore. Remarquez bien que du jeu, il y en avait eu en Nouvelle-Zélande, mais en faveur des Tonga...
Réactions
Benoît Cabello (talonneur de Clermont): "Face à Toulouse, le moindre ballon perdu nous a fait prendre 'la marée'. On s'est dit qu'il fallait aller les chercher en défense, au lieu de ça, on les a laissé venir. Quand on joue comme ça à Toulouse, on se met en difficulté, ils jouent les contres à fond. On a pris trois essais sur un plaquage manqué et une touche perdue notamment. On leur a donné le bâton pour se faire battre, contre Toulouse ça ne pardonne pas. On a forcément des regrets quand on joue un match comme ça. On aurait bien aimé rapporter un petit point d'ici avec un essai à la fin, on n'a pas pu. Après une semaine de repos, on va revenir d'attaque".
Jean-Marc Lhermet (manageur général de Clermont): "Notre satisfaction est la bonne prestation des jeunes joueurs et de nos recrues. Des matches contre des équipes comme le Stade toulousain sont de très haut niveau, alors si on veut gagner ou rapporter un point de bonus, il faut plus d'ingrédients que ceux d'aujourd'hui. Certes, on a mis de l'engagement, de l'envie, c'est déjà énorme, mais il faut beaucoup de rigueur et de précision, et là, on a été moins présent. On s'est créé des occasions, mais on n'a pas pu les mettre au bout. Toulouse n'en a pas eu énormément mais a été plus efficace. On n'a pas cette précision et cette efficacité dont ils ont fait preuve".
Nicolas Bézy (demi de mêlée du Stade Toulousain): "C'est une victoire importante car c'était un match au sommet. Ce fut une rencontre un peu bizarre avec beaucoup de changement de rythme. Les deux équipes étaient tendues. On a réussi à prendre le large en seconde mi-temps après avoir bien résisté quand ils mettent leurs deux pénalités. On est seul en tête et c'est super pour le groupe. On s'était dit que l'on ferait du mieux possible pour laisser le club entre de bonnes mains quand nos internationaux reviendront et nous sommes bien partis pour remplir cet objectif".
Jean-Baptiste Elissalde (entraîneur-joueur du Stade Toulousain): "Le fait de jouer quarante secondes était un clin d'oeil sympa même si je n'étais pas vraiment pour (sourires). C'est clairement le plus mauvais coaching de la longue carrière de Guy Novès (sourires). Je suis surtout satisfait de la victoire car il y a eu pas mal d'imperfections notamment en attaque où nous avons perdu beaucoup de ballons. Le fait d'être leader est plutôt anecdotique mais il révèle surtout l'état d'esprit de ce groupe. Les gars sont allés se chercher cette place et je suis vraiment heureux pour eux. Nous avons bien géré cette première période de six matches en faisant ce qu'il fallait à chaque fois même si je regrette encore cette défaite initiale à Bayonne. Le groupe vit bien et continue d'avancer et c'est de bon augure pour la suite de la saison".
Vern Cotter (entraîneur de Clermont): "Cette défaite face aux Tonga est peut-être surprenante mais quand vous ne relevez pas le défi physique c'est difficile de s'imposer au rugby. Rien n'est fini puisque la France est en quart de finale. Je sais cette équipe tout à fait capable de battre les Anglais. Je suis même convaincu que les Bleus vont faire un grand match contre l'Angleterre. Je pense que l'on va voir un autre visage de l'équipe de France car ils voudront vraiment se racheter".
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