Les championnats de Top 14 et de Pro D2 ne reprendront pas
"La saison 2019-2020 de sports professionnels ne pourra pas reprendre." Lors de son allocution ce mardi concernant le plan de déconfinement à partir du 11 mai, le chef du gouvernement Édouard Philippe a été clair : les parties sont terminées. Cela a le mérite de clarifier la situation quant aux phases finales prévues en août et au début de la prochaine saison. La Ligue nationale de rugby avait déjà validé la solution d'une reprise en septembre en raison d'une période de tests et de réathlétisation estimée entre huit et douze semaines.
"Ce n'est pas une surprise. Je pensais que le football reprendrait, à huis clos bien sûr. Mais c'est tellement compliqué à tester (dépister les joueurs, NDLR), etc... c'est très contraignant. Et puis dans le sport collectif, il y a de la proximité, encore plus au rugby", a réagi le président de la Fédération française de rugby Bernard Laporte, jugeant "primordiale" la santé des joueurs.
Quelles conséquences pour les clubs ?
La décision est tout de même un séisme pour le Top 14 qui souhaitait organiser les phases finales au mois d'août. "Le bureau évoquera avec les présidents de clubs de Top 14 et Pro D2, dont la réunion est prévue demain (mercredi, NDLR) après-midi, l'impact des principes présentés par le Premier ministre sur le scénario 2 qui prévoyait l'organisation de phases finales fin août pour clôturer la saison 2019-2020 avant le démarrage de la saison 2020-2021", a expliqué la LNR dans un communiqué, sans préciser si un champion allait être désigné.
Dès lors plusieurs questions sont en suspens. Quel sera le classement final ? Y aura-t-il un champion de France ? Comment seront répartis les tickets pour la prochaine Coupe d'Europe ? Beaucoup d'inconnues qui pourraient peser sur la santé financière des clubs même s'il a déjà été acté qu'il n'y aurait aucune relégation cette saison. Interrogé par l'AFP, Thomas Lombard, le directeur général du Stade français, actuel lanterne rouge, souligne que la mesure prise n'est pas idéale en terme d'économie. "Si on décide de s'engager dans la nouvelle saison, il faut qu'on puisse le faire avec un certain nombre de garanties, notamment sur la tenue des matches et l'économie. Les clubs vont être en survie pendant les quatre prochains mois: on n'a pas eu de rentrées financières depuis le mois de mars. Il y a certes des mesures d'aides du gouvernement mais on a quand même des charges qui commencent à tomber, à commencer par les salaires des joueurs, du personnel administratif..."
Un courrier a été adressé au Président de la République
Selon une information du Figaro, la Ligue et la FFR auraient envoyé un courrier directement à Emmanuel Macron pour l'alerter sur l'avenir du rugby. Inquiet pour l'ensemble des 30 clubs professionnels de Top 14 et de Pro D2, l'ancien ministre des Sports soutient les clubs professionnels. "Nous avons envoyé un courrier au président de la République signé par la FFR, la LNR et les trente clubs professionnels pour lui expliquer qu’il va y avoir une incertitude terrible sur l’avenir de certains clubs. L’Etat doit écouter le rugby professionnel. Contrairement au foot, le rugby français ne vit pas grâce aux droits télé. Les clubs ne peuvent pas se passer de la billetterie et des hospitalités qui rapportent beaucoup plus. Il faudra qu’on soit écouté et entendu si on veut sauver le monde professionnel."
Dans un audit, la Direction nationale d'aide et de contrôle de gestion (DNACG), l'équivalent de la DNCG pour le football, a révélé récemment que 9 clubs de Top 14 et 7 de Pro D2 allaient se retrouver dans des situations financières délicates.
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