Le Racing 92 s'arrache à Grenoble, Pau crée l'exploit à Montpellier
Les buteurs all blacks ont vécu une belle fin de journée en ce samedi. A quelques centaines de kilomètres d'écart, Dan Carter et Colin Slade ont revêtu leurs habits de sauveurs pour mener leur équipe à la victoire. Le tout à l'extérieur, pour ne rien gâcher.
Au stade des Alpes de Grenoble, le Racing 92 a d'abord réalisé un feu d'artifice. Un essai de Claassen dès la 11e minute, un de Thomas à la 19e et encore un de Imhoff à la 25e minute. A ce moment-là, tout semblait aller bien pour les Franciliens, qui menaient (21-9). Mais ils avaient déjà perdu leur ailier international, Teddy Thomas, victime d'une blessure aux ischio-jambiers lors de son essai. Or, cette blessure est celle qui l'avait laissé de côté durant toute la fin de la saison passée et au début de celle-ci. Cette mauvaise nouvelle était suivie par d'autres, au tableau d'affichage, avec une belle réaction des Isérois avec un essai de Jammes (35e) puis un, validé après la vidéo, par Percival (39e).
Du coup, à la pause, c'est bien Grenoble qui était devant (26-21). Et l'ancien Racingman Jonathan Wizniewski poursuivait son bonhomme de chemin au pied (43e, 45e, 54e), profitant d'une infériorité numérique du Racing après le carton jaune reçu par Tamiefuna (42e). A la 54e minute, les hommes de Fabrice Landreau menaient (35-24). Mais en toute fin de match, et après avoir perdu un autre international, Maxime Machenaud (54e), touché à la cheville, les hommes des Laurent (Labit et Travers) faisaient charger la cavalerie, avec un essai de Chauveau (69e), non transformé par Carter qui ne ratait pas celui de Rokococko (73e), qu'il avait construit lui-même en jouant rapidement au pied une pénalité pour son compatriote. Le double champion du monde donnait l'avantage aux siens (36-35), avant d'assurer le succès sur une dernière pénalité (80e, 39-35). Le Racing demeure donc leader et reste invaincu depuis novembre dernier.
Slade fait tout à Pau
A Montpellier, cela n'a pas été une pluie d'essais comme à Grenoble. Plutôt une pluie de cartons jaunes (3 en tout, 2 pour Pau, 1 pour Montpellier). Mais le coup est tout aussi retentissant, voire plus encore. Pour la deuxième fois de la saison en Top 14, les Héraultais sont en effet sortis vaincus de leur terrain. Et c'est Pau, qui se bat pour assurer son maintien, qui est venu imiter le Stade Toulousain, première équipe à s'être imposée ici (33-25 le 31 octobre). Durant la première demi-heure, la section est restée au contact grâce au pied de Colin Slade, qui répondait à chaque fois à celui de Benoit Paillaugue. Mais à la 40e minute, les hommes de Simon Mannix étaient de nouveau réduits à 14 après l'exclusion temporaire de Bernad, qui suivait celle à la 21e de King. Et juste après, sur une mêlée dans les 22m, Montpellier ouvrait le jeu rapidement et Marvin O'Connor, restés à Marcoussis durant 15 jours sans fêter sa première sélection, s'en allait inscrire le premier essai du match (40+1, 13-6).
Au retour des vestiaires, c'est Bismark Du Plessis qui était à son tour sanctionné par un carton jaune (46e). Après un échec de Paillaugue (47e), un de Slade (52e), le Néo-Zélandais retrouvait les perches pour ramener les siens à la 55e (13-9). Mais Catrakilis redonnait de l'air aux hommes de Jake White (66e, 16-9). Quatre minutes après, sur une touché paloise, les séquences s'enchaînaient et permettaient à Colin Slade de franchir la ligne et égaliser avec la transformation (70e, 16-16). Et c'est grâce à une mêlée offensive que Pau décrochait une pénalité, que Slade passait à la 78e minute (19-16). Venu dans le Béarn pour faire passer un cap aux Palois, Slade le fait pour porter désormais l'équipe à 24 points, soit dix de plus qu'Oyonnax, premier relégable qui jouera dimanche contre le RCT.
Réactions
Raphaël Ibanez (manageur de Bordeaux-Bègles): "C'était une soirée difficile mais la victoire est là. Elle va nous faire du bien pour la suite, mais aussi pour la façon dont on s'est comporté sur le terrain, notre attitude. On a tenté des choses, peut-être même dans un match haché, on a essayé d'élever le niveau d'intensité, le tempo, le rythme, il y a quelques imprécisions. Vu les conditions et le contexte, c'est une soirée positive. Notre discipline a été excellente contre le champion d'Europe, c'est moins le cas ce soir, on a été souvent pénalisé dans les zones de rucks. Il faut aussi saluer la performance d'Agen qui mérite son bonus défensif. Sur l'état d'esprit, je n'ai rien à reprocher mes joueurs, les mecs ont respecté le maillot. Après, il y a le jeu et le jeu demande des réglages, de la précision et les conditions franchement n'étaient pas vraiment très favorables."
Mathieu Blin (entraîneur d'Agen): "Il faut garder aussi les pieds sur terre, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas ressenti une frustration comme celle là, une frustration positive ou qui construit les choses. On s'était dit que c'était possible et à la 79e, on était à un petit mètre. Il y a beaucoup de choses intéressantes. Quand Bordeaux a accéléré fortement à la 60e, on avait l'habitude de flancher, d'exploser, et de ramasser, alors que là, on a tenu le choc en étant très serein. Il y a eu de belles mêlées, de beaux ballons portés, de belles défenses. On a vu aussi du beau rugby. Cette semaine, on a osé nous dire qu'on était des cancres. Cela a plusieurs significations, mais ça touche les hommes. Bons derniers, on peut le dire mais des cancres, c'est souvent des mauvaises personnes et nous on n'est pas des mauvaises personnes dans la vie".
Jake White (entraîneur de Montpellier): "On ne marque pas quand ils sont à quatorze, on ne marque pas sur nos temps forts, c'est dommage... J'ai l'impression qu'on était englué dans une espèce de faux rythme, ça n'était pas le match que j'attendais en tout cas. Le groupe apprend encore et c'est une très bonne leçon que l'on a pris ce soir (samedi). Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un manque de respect."
Colin Slade (demi d'ouverture de Pau): "Je voulais gagner le match, pas seulement prendre un point de bonus défensif, c'est pour ça que j'ai choisi de taper en touche. Mais c'est toute l'équipe qui mérite ce succès aujourd'hui (samedi)."
Fabrice Landreau (directeur sportif de Grenoble): "J'ai beaucoup de déception pour le groupe car, ce soir, il a montré beaucoup de coeur. Malheureusement, le résultat est cruel, mais pas injuste. On n'a pas su tenir cette rencontre, qui nous échappe à dix minutes de la fin sur des erreurs grossières. Il manque encore un peu de maturité à cette équipe pour pouvoir battre les meilleurs. C'est le contrôle qui nous manque. La passe au pied de Dan Carter pour Rokocoko vient ensuite tuer notre élan. Le Racing est une très belle équipe, très difficile à bouger."
Laurent Labit (entraîneur du Racing): "Grenoble tenait le ballon et nous a mis à la faute en prenant des initiatives. Ils ont joué en avançant, en mettant de la vitesse dans leur jeu. Ensuite, on a remis les choses dans l'ordre. Cette année, on a un groupe de joueurs avec de grands noms, mais surtout avec un état d'esprit irréprochable. Cette équipe ne lâche jamais rien. On a été chercher la victoire. On espérait que notre banc fasse la différence et on a fini plus fort qu'eux physiquement. Après, Dan Carter est sorti de sa boîte avec un coup de génie. Le seul point noir de la soirée, c'est la blessure de Teddy Thomas. Il a rechuté sur son ischio. Il a senti un coup de poignard dans sa cuisse. Avec tous les efforts qu'il avait fait... il revenait bien. Malheureusement, il va être obligé de s'arrêter quelques semaines. Ca va être difficile pour lui de réintégrer le groupe France. Concernant Maxime Machenaud, il va très bien, il a simplement pris un coup en se faisant marcher sur la cheville juste avant la mi-temps. Il était prévu qu'il ne fasse pas plus de cinquante minutes."
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