Laporte s'ouvre à Toulon
Les retrouvailles de Laporte avec Bastareaud
L'histoire emprunte parfois des chemins tortueux. Après avoir voulu retenir Matthieu Bastareaud au Stade Français lors de son retour éphémère au club parisien dans le projet fumeux de la Facem, Bernard Laporte devrait retrouver le trois-quarts centre à Toulon, club dans lequel il a fini par être transféré après le départ de Laporte. L'international devra donc effacer ses rancoeurs récentes et surtout se remettre du départ de Saint-André, qui l'avait convaincu de venir sur la Rade.
Hormis cette histoire personnelle, Mourad Boudjellal a encore choisi de faire confiance à un homme charismatique, qui attire les projecteurs. Il a sondé tour à tour Nick mallett, Tana Umaga, John Kirwan, Eric Champ ou Jérôme Gallion. Et il a décidé. Après Umaga, après Saint-André, le choix de Bernard Laporte ne devrait pas maintenir le RCT en eaux calmes. Car c'est un homme entier, adepte des coups de gueule et des phrases assassines, qui ne ménage jamais ses troupes. Et avec un Mourad Boudjellal également provocateur et rompu à l'exercice médiatique, le duo pourrait rapidement devenir explosif. Il l'a d'ailleurs été voici quelques mois lorsque le technicien tentait de sauver le Stade Français avec la Facem, et de bloquer les désirs de Bastareaud de rejoindre la Rade. Mais ce côté "sang-chaud" tombe plutôt bien, Mayol n'a jamais été l'antre des "pisse-froid" et des effacés, et le public Rouge et Noir aime la rudesse et la combativité, sur le terrain comme dans le verbe. "J'ai rarement vu quelqu'un qui parle autant de rugby, c'est un passionné", a déclaré Boudjellal, précisant que Laporte, qui arrive au club sans adjoint, "ne vient pas à Toulon pour faire une révolution, mais une évolution". Et selon Boudjellal, son futur technicien a déclaré: "Je ne suis pas un pompier, je suis un maçon".
Un pari osé
Mais attirer Bernard Laporte peut également se révéler un pari osé. Car depuis son départ de la tête du XV de France après deux Coupes du monde (2003, 2007), et un passage au poste de secrétaire d'Etat aux Sports, l'image de l'homme s'est un peu brouillée. L'an dernier, il faisait partie du projet de l'Aviron Bayonnais, sous la houlette d'Alain Afflelou, avant d'être amené à quitter le club et son poste d'administrateur après plusieurs mois de tension avec notamment le président en place, François Salagoïty. Un peu plus tard, on le retrouve au coeur de projet de reprise du Stade Français par un fond d'investissement canadien, appelé Facem. En proie à de grosses difficultés financières, le club parisien croit en sa sortie de crise, mais les fonds ne viendront jamais, des plaintes seront déposées, et Laporte en sera de sa poche pour 187 000 euros. Après Bayonne, après le Stade Français, l'ancien capitaine de Bordeaux-Bègles revient donc aux affaires à Toulon, mais cette fois directement sur le terrain. Ce qu'il disait ne plus vouloir faire encore récemment. Bien entendu, son rôle ne devrait pas être pleinement sur le terrain, son rôle étant plus celui d'un manageur, délégant le terrain à ses adjoints Pierre Mignoni et Olivier Azam. Mais son amour du jeu le laissera-t-il vraiment loin de la touche ?
Sur le plan sportif, l'équipe n'est pas au mieux: après une victoire inaugurale contre le BO à Mayol, puis une claque contre Clermont (17-0) dans leur antre varoise, les Toulonnais ont ramené un nul de Bayonne (12-12). Privé de nombreux internationaux pour cause de Coupe du monde, le RCT doit absolument retrouver le chemin de la victoire vendredi prochain, lors de son déplacement à Bordeaux-Bègles, le club qui a vu débuter l'aventure de Bernard Laporte dans le rugby. Mais ce sera encore Philippe Saint-André à sa tête. Ce sera son dernier match à la tête du RCT.
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