Fabien Barcella, le récit de l'intérieur des maux du rugby moderne
A 33 ans, un deuxième tendon d'Achille qui rompt dans sa carrière, et c'est la fin. Fabien Barcella a fait partie de ces "joueurs météorites", devenus la référence mondiale un temps au poste de pilier, avant de disparaître, en raison de blessures à répétitions. "J'ai toujours été en surrégime ! Depuis mes débuts en proD2 à Auch, où on m'a demandé de prendre six kilos....", raconte-t-il dans cette longue interview à coeur ouvert. "Je me suis forgé un physique, et j'en ai payé cher le prix". De Toulouse à Biarritz, où il a explosé au plus haut niveau, à Toulon et Grenoble pour mettre un point finale à son chemin, le natif d'Agen a connu beaucoup de choses dans ce rugby moderne.
Vidéo: Extrait de l'enquête de Thierry Vildary pour Stade 2: "Rugby, l'enfer du décor"
"Au début, je n'avais que des pépins musculaires. Puis, les tendons ont commencé à lâcher. Force est de constater qu'on sollicite tellement les organismes qu'on les fait souffrir. Mes articulations et mon dos me le rappellent tous les matins. Ma génération a été la première à qui des diététiciens ont fait prendre des protéïnes, pour qui le "shaker" à la salle de muscu est une normalité. Aujourd'hui, dans un vestiaire de rugby, il y a des pots partout. C'est l'envers du décor, et personne ne s'en émeut." Lui préfère faire analyser tout ce qu'il prend, ce qui lui coûte 250 euros par analyse. "C'aurait été trop idiot de se faire prendre par mégarde ou pour un mauvais conseil, comme cela a pu arriver à certains." Les affaires concernant les Racingmens Brice Dulin et Yannick Nyanga ont fait la Une de l'actualité dernièrement. Un contrôle antidopage avait fait apparaître la prise de l'higénamine, substance interdite contenue dans un complément alimentaire. Depuis, le 3e ligne a été blanchi par la commission de lutte contre le dopage de la FFR.
Lire le long format: "Rugbymen, le physique de l'emploi
"Toute la société est hypermédicalisée, et je ne suis pas sûr qu'on en prenne conscience", constate-t-il. "Dans le rugby, nous ne sommes pas assez contrôlés. (...) Je n'ai jamais vu dans le rugby de dopage organisé comme ce fut le cas dans le cyclisme, mais il ne faut pas être naïf quant aux initiatives individuelles. Aujourd'hui, le cyclisme est dans l'excès en matière de lutte antid-opage mais le Top 14 n'est pas assez contrôlé, j'en suis persuadé." Et après l'arrestation de James O'Connor et d'Ali Williams, à Paris pour achat et consommation de cocaïne, son témoignage fait écho: "Savez-vous que l'on peut prendre de la cocaïne en toute impunité ? C'est incroyable mais c'est comme ça: en matière de lutte antidopage, l'AFLD stipule que la prise de cocaïne n'est pas considérée comme dopante si le prélèvement a lieu en semaine. Uniquement en compétition, donc le week-end !"
Vidéo: Rugb - Cocaïne, les liaisons dangereuses
Et Fabien Barcella raconte "son" rugby, celui "de la vieille école": "A Valence-d'Agen, on prenait deux Guronsan et une gorgée de Synthol. (...) Jusqu'à mes derniers matchs, j'avais ma petite bouteille." Même "si ça n'avait qu'un effet placebo", avoue-t-il.
Vidéo: La réaction de Serge Simon, vice-président de la FFR
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.