Estebanez prêt à forcer le barrage
"Il y a beaucoup de joie car on revient de très très loin", soufflait, soulagé, Estabanez samedi à l'issue de la victoire contre Castres (29-28), en clôture de la saison régulière du Top 14. "Que le Racing soit qualifié pour ces barrages, ce n'est pas exceptionnel mais il y a quelques temps on n'y aurait pas mis une pièce", relevait-il encore, alors que le Racing venait de s'assurer de la 6e place du championnat, dernière qualificative pour la phase finale. Vendredi soir, vêtu du maillot Ciel et Blanc, l'international (9 sélections) foulera donc la pelouse du Stadium de Toulouse avec en jeu un ticket pour les demi-finales du championnat.
Début de saison raté
Une situation cohérente au vu du standing du club francilien, mais qui a bien failli lui échapper dans le sillage d'un début de saison raté, marqué par une défaite le 10 novembre contre Mont-de-Marsan (17-16) dont Estebanez est "sorti avec énormément de honte". Dixième au classement et dos au mur, l'équipe a su réagir dès le match suivant et un chaud derby face au Stade Français (23-15). Et pour forcer le destin, qui d'autre qu'Estebanez, auteur de l'essai de la victoire à quatre minutes de la fin ? C'est aussi l'ancien Briviste qui amenait le seul essai de la victoire fondatrice à Toulon le 6 janvier (19-15): d'un raffût rageur sur Bastareaud, puis cassant encore trois autres plaquages sur 30 mètres, il servait son partenaire du centre Henry Chavancy à cinq mètres de la ligne.
Dans la foulée, le Racing portait à neuf sa série de victoires et se taillait un siège parmi les barragistes. Un renversement de situation que l'équipe doit en partie à la ténacité à toute épreuve d'Estebanez, devenu incontournable dans le vestiaire comme au centre du terrain, 18 mois après son arrivée en novembre 2011. En témoigne son impressionnante présence cette saison: 24 matches disputés sur 26 en Top 14, dont 20 comme titulaire. Il a fallu une suspension d'un mois pour une manchette face aux Saracens en Coupe d'Europe pour le mettre au repos forcé entre janvier et février, avant de repartir "à fond", son credo.
"Puiser dans les réserves"
"Physiquement, on a fait des efforts mais psychologiquement, c'est ce qui a été le plus dur,observe Estebanez. On est allé puiser dans les réserves parce que jusqu'à la semaine dernière, on n'était pas qualifié. Ca a été dur toute la saison." Cette résilience, le Carcassonnais de 31 ans a su l'exprimer durant toute sa carrière fait de très hauts qui l'ont porté jusqu'au Mondial en Nouvelle-Zélande, mais aussi de très bas. Formé au rugby à XIII à Pamiers (Ariège), il tente une première expérience à XV à Colomiers, qui ne lui fait jamais signer le contrat promis.
Franchir l'obstacle
Il retourne donc au XIII, à Limoux puis Toulouse, en se partageant avec son métier de plombier. Après des détours, il s'engage, enfin, avec Brive, en 2007, où il promet de devenir international en trois ans. Pari tenu donc, avec une convocation pour le Mondial-2011 précédée d'une première sélection face aux Fidji en novembre 2010 à la Beaujoire à Nantes. Un stade qu'il pourrait d'ailleurs retrouver en demi-finales du Top 14, face au RC Toulon de son grand ami Alexis Palisson.
A condition toutefois de franchir l'obstacle du Stade toulousain, face à qui le Racing "n'a rien à perdre". "Il y a beaucoup qui vont dire que je fais une "Guy Novès" (du nom de l'entraîneur de Toulouse, réputé pour la modestie parfois exagérée de ses ambitions déclarées, ndlr) mais c'est la réalité, sourit-il. On a très peu de chances, mais on prendra. On va y aller...à fond."
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