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Clermont-Toulon: une finale de poids lourds

Cette finale du Top 14 qui se déroulera ce dimanche sera inédite, elle apparaît malgré tout comme une opposition logique entre les deux équipes qui ont régulièrement dominé la scène française depuis plusieurs années. Après avoir souvent croisé le fer en Europe Clermont et Toulon, deux clubs aux antipodes l'un de l'autre, se retrouvent pour la première fois en finale du championnat, avec de chaque côté un passé marqué par une histoire bien différente.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Mathieu Bastareaud face à la défense clermontoise (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

L'ASM n'a ainsi jamais eu besoin du RCT pour buter sur la dernière marche en France, à onze reprises, pour ne la gravir qu'une seule fois, en 2010. C'est dire que dans le camp auvergnat, on attend beaucoup de cette opposition. D'autant que, cette saison, ces mêmes Jaunards, battus jusqu'alors deux fois par Toulon en finale européenne, ont stoppé les espoirs varois d'aller chercher une quatrième couronne continentale en l'emportant en demi-finale. Un avantage psychologique pour les Auvergnats ? "C'est toujours bon de capitaliser sur de la confiance mais ce sera un autre match, dans un autre contexte. C'était une période où Toulon se cherchait un peu, était en eaux troubles. Ils ont depuis retrouvé leurs bases" a déclaré le directeur sportif clermontois Franck Azéma.

Des retrouvailles mais de l'inconnu

C'est vrai. Depuis ce début de printemps, le RCT a changé de commandant, l'Anglais Mike Ford étant remplacé par son compatriote Richard Cockerill.  Et sous la houlette de l'ancien cornac de Leicester, les Toulonnais ont enchaîné les victoires (six), recentré leur jeu vers le combat d'avants, leur force sous l'ère glorieuse de Bernard Laporte, pour être en mesure de décrocher dimanche leur cinquième Bouclier de Brennus (après 1931, 1987, 1992 et 2014), au bout d'une saison chaotique, débutée sous la tutelle de Diego Dominguez Et si le club de Mourad Boudjellal a entretenu son image de structure "instable" se nourrissant du "conflit" pour rester "en éveil", dixit Azéma, il disputera donc bien sa cinquième finale de championnat depuis 2012, après avoir renversé sur le fil, au mental et au forceps, Castres en barrages (26-22) et La Rochelle en demi-finales (18-15).

"C'est vrai que cette saison n'a pas été au top. Pas grand monde n'a cru en nous mais on est allé se la chercher, cette finale? Et rien que pour ça c'est un sentiment assez jouissif" a commenté le centre varois Mathieu Bastareaud. "La saison a été compliquée, mais dimanche, ce n'est pas compliqué: on vient pour gagner" a abondé Cockerill. Et si à Toulon "tout est différent" - le slogan du club - une chose ne change pas pour l'entraîneur anglais, la volonté de remporter des trophées.

Si ce match constitue donc des retrouvailles, entre deux équipes qui se connaissent bien, il n'en constitue pas moins un saut dans l'inconnu, puisqu'il arrive au terme d'une longue saison et que tout ce qui a été fait jusque là ne compte plus quand il s'agit de soulever le Bouclier de Brennus. Pour cela, comme le reconnaît le capitaine clermontois Damien Chouly, faire comme son équipe l'a fait "une saison très régulière ne sert à rien tant qu'on n'est pas arrivé au bout". Dès lors, les Clermontois n'ont pas d'autre alternative que de mettre du jeu et du volume pour s'en sortir, en restant sur une certaine sérénité. Car si le RCT a beaucoup tangué cette saison et s'est reconstruit dans l'adversité, l'ASM a elle, fidèle à son ADN opposée, navigué en eaux calmes. En coulisses et sur le terrain, où elle a dynamité quasiment tous ses adversaires pour rallier directement le dernier carré du Top 14 et la finale de la Coupe d'Europe, perdue le 13 mai face aux Saracens.

Elle semble pourtant avoir digéré cette défaite, comme l'a prouvé sa démonstration samedi dernier en demi-finales face au Racing 92 (37-31), où elle a fait honneur à son statut  de meilleure attaque, portée notamment par la fougue de ses jeunes pousses Elle misera dimanche de nouveau sur cette fraîcheur et cette insouciance pour s'en sortir dans le duel que lui opposeront les gros bras toulonnais, bien plus expérimentés. 

Le jeu contre le combat

De la capacité de Clermont à imposer son rythme ou de celle de Toulon à ralentir le jeu de son adversaire devrait dépendre l'issue de cette finale du Top 14, entre ces deux poids lourds du rugby français aux styles bien opposés.Les demi-finales ont à ce titre mis en exergue les spécialités de chacun. Clermont, loué pour son jeu tout-terrain, devra faire sauter le verrou toulonnais, qui s'est recentré sur l'épreuve de force pour opérer son redressement. Ralentir le rythme de l'ASM sera évidemment la clé du match, pour Toulon, qui devra aussi avoir un système défensif bien en place. Mais à trop s'engager, les Toulonnais prendront aussi le risque de perdre en lucidité, et les Clermontois tenteront de les contrer dans leurs temps faibles. Les Auvergnats devront aussi gagner la bataille des rucks que leur imposeront Toulon et ses gratteurs, pour récupérer des ballons propres et tenter de prendre la maîtrise de la partie. Voici une finale entre deux formations de haut niveau, qui reste plus ouverte que jamais.

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