Christophe Urios : "Pour réussir, il faut bien vivre, bien jouer et gagner les matches"
C'est quoi la méthode Urios ?
Christophe Urios: "Je ne sais pas si c'est une méthode. Je dirais plutôt un état d'esprit. Pour réussir, il faut bien vivre, bien jouer et gagner les matches. Bien vivre, c'est avoir des relations honnêtes. Dans le staff, parce qu'il doit être exemplaire, mais aussi avec les joueurs, avec les gens qui viennent au stade. Bien jouer, c'est tout simplement utiliser les points forts de l'équipe. Quand j'étais à Castres, on jouait différemment de Bordeaux ou Oyonnax. C'est ça, la force d'un staff, d'un entraîneur. Avec la ligne de trois-quarts qu'on avait à Bordeaux, si je ne suis pas capable de mettre les ballons dans les meilleures conditions dans les mains de Radradra, Lamerat, Cordero, Dubié, Ducuing... c'est un problème de compétences. Gagner, c'est la conséquence de tout le reste".
Est-ce comme cela que l'on transforme une équipe qui était 10e du Top 14 en leader incontestable ?
C.U. : "Quand je suis arrivé, l'équipe était à peu près identique, même si certains joueurs importants arrivaient. Je leur ai dit que le plus important pour réussir, c'est que les anciens doivent changer. Les anciens ont changé, l'équipe s'est transformée. Quand on a fait le bilan de la saison précédente (avant son arrivée, ndlr), un joueur m'a dit qu'il existait un monde d'écart entre ce qu'on dit et ce qu'on fait. C'est tout simplement inconcevable. Le respect de la parole est essentiel pour moi".
Vous vous attendiez à ce que ça fonctionne aussi bien aussi rapidement ?
C.U. : "Si je suis venu à Bordeaux, ce n'était pas pour être douzième... Mais de là à être premier, avec huit points d'avance sur le second, quinze sur le troisième... Je suis venu pour gagner. C'est le défi qui m'intéressait le plus. Ils avaient des moyens importants, ils ont progressé au fil du temps avec des structures incroyables mais ils n'y arrivaient pas. Là, on était en passe de le faire..."
C'est une revanche ?
C.U. : "J'ai balancé quelques scuds là-dessus mais ce n'est pas une revanche. Les journalistes ont tendance à mettre les gens dans des cases: lui, c'est un meneur d'hommes; lui, un technicien... On est tous des techniciens. Je me sens autant technicien que ceux qu'on appelle +les grands techniciens+. Sinon, je ne durerais pas. Ca fait 20 ans que j'entraîne, je ne me suis jamais fait virer. On dit que pour être un bon entraîneur, il faut s'être fait virer une fois (rires)... Ca me fait sourire quand on me taxe d'entraîneur défensif... J'utilise les forces de mon équipe: quand tu joues avec Castres avec une charnière Kockott - Urdapilleta, j'ai intérêt à leur dire +foutez le bordel+ parce que c'est là qu'ils sont les plus forts. Ce sont des garçons capables de faire tourner un match. Si je ne les utilise pas, c'est un problème de compétences. Quand je vais à Bordeaux, que je vois le profil de mon équipe, ce que les joueurs sont capables de faire, avec Jalibert ou Botica, qui sont très offensifs, si je ne les fais pas attaquer, je suis le roi des cons".
Vous parlez souvent des All Blacks...
C.U. : "Je suis fasciné par ces mecs. Evidemment, ce sont les meilleurs. Il y a toujours des points communs entre les gens qui réussissent. Les All Blacks jouent incroyablement bien, ils ont un respect incroyable de leur culture et d'un fonctionnement très rigoureux. Ils ont eu des périodes où ils étaient en difficulté, ils se sont remis en cause, ils ont fait appel à des experts, notamment sur le côté psychologique, ils ont créé un environnement où ils sont sans cesse en train de progresser, pour être les meilleurs... Ils le disent assez souvent: +être meilleur ne s'arrête jamais+".
Quelle est l'importance des fins de matches ?
C.U. : "C'est fondamental dans le rugby moderne. Quand on parle de valeurs, il faut mettre des références en face. On attache notre état d'esprit, notre solidarité, à ces fins de match. C'est un levier: on veut être les patrons des vingt dernières minutes. Parce que ça veut dire que, physiquement, on est plus forts, que dans notre rugby, on ne fait pas n'importe quoi, que l'état d'esprit du groupe est bon parce ceux qui rentrent amènent des choses. Cette année, il n'y a qu'un seul match où on a perdu les vingt dernières minutes... et on a perdu le match !"
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