Boudjellal: "Clermont, une machine de guerre"
Vous aviez mis une pression terrible sur vos joueurs avant le barrage victorieux contre le Racing-Métro en évoquant en cas d'échec une "fin de cycle"...
"Ne pas se qualifier aurait été un constat d'échec. Même si on est actionnaire principal d'un club, le club appartient aux gens, aux supporteurs. Ensuite on doit donc se juger et se demander: Est-ce que le projet a atteint ses limites, faut-il changer de cap ou de personnes?"
Votre menace de vous mettre en retrait en cas d'élimination était-elle réelle?
"Quand j'ai quitté Mayol à la mi-temps et que je suis rentré chez moi, je n'étais plus président et je me demandais déjà qui j'allais nommer à la présidence. Mais quand j'évoquais la fin éventuelle d'un cycle, Bernard Laporte (directeur sportif du RCT) n'était absolument pas remis en cause."
Comment abordez-vous cette rencontre face à Clermont qui part favori?
"On rencontre, quoi qu'ils en disent, un club qui est dans une autre dimension économique que la nôtre. Si l'on regarde le dernier carré du Top 14, il y a deux clubs qui ont un modèle économique fort: un très fort, Toulouse et puis Clermont, sous la main d'un groupe mondial, Michelin, qui ne peut pas trop afficher ses investissements. Il y a ensuite Castres, 25.000 habitants, qui prospère grâce à un multimilliardaire qui rencontre le même problème de discrétion dans la communication. Et il y a un débutant, Toulon. Ca ne nous dérange pas cette différence, mais ce qui nous dérange, c'est qu'on essaie de nous faire passer pour de gros riches par rapport à ces clubs dont les moyens sont bien plus importants. Je ne veux pas qu'on dise que Toulon réussit grâce à l'argent."
"Zéro chance de l'emporter"
On vous reproche de ne pas être assez patient avec certains joueurs et de ne pas travailler sur la durée?
"C'est difficile de s'inscrire dans la durée quand ce qui se fait de mieux a été phagocyté par d'autres clubs. Il y a quatre ans, on avait les joueurs que les autres clubs ne voulaient pas. Il y a trois ans, on avait ceux sur lesquels les autres clubs hésitaient. Maintenant, on a ceux qu'on veut."
Si vous perdez dimanche, le vivrez-vous comme un échec?
"Si on perd, ce sera contre un gros, le favori, ce ne sera donc pas un échec. Je trouve sincèrement que ce que fait Clermont est cohérent. Le président René Fontès a bonifié l'argent de Michelin. Dimanche, on n'a rien à perdre. C'est peut-être le premier match où j'irai manger avant. Clermont, ils ont une machine de guerre. Aujourd'hui, notre pourcentage de chances de l'emporter, c'est zéro. Une victoire ce serait plus qu'un exploit. D'ailleurs, on n'a réservé aucun hôtel, aucun billet pour Paris (pour la finale du Top 14, ndlr). Quand notre problème sera de trouver ces billets, tout ira bien, je m'en charge."
Avec le recul, regrettez-vous certains de vos propos cette année?
"Je suis impulsif, je suis un Méditerranéen, je ne vais pas me refaire. Ce que je regrette, c'est que juger quelqu'un pour un mot, c'est de l'inquisition. J'ai le droit aujourd'hui de dire ce que je ressens, avec une métaphore peut-être maladroite. Mais on m'a volé un rêve. Il faut avoir mis 7 millions d'euros dans un club pour savoir ce qu'on ressent. Quand on commence à juger ce qui est mal ou bien moralement, c'est une forme de dictature."
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